1-4-1… La saison est encore bien jeune mes amis, mais la fiche du Canadien après six matchs a de quoi inquiéter sérieusement la direction. Bien sûr, avec Markov en uniforme, l'équipe serait forcément plus représentative. Mais les adversaires de jeudi n'étaient-ils pas eux-mêmes à court de leurs deux meilleurs attaquants et de leur meilleur défenseur?

Ce match a parfaitement bien illustré ce que Jacques Martin disait après la rencontre. Ses joueurs, depuis le début de la saison, ont trop souvent oublié de jouer en équipe, pendant 60 minutes. Ce fut particulièrement flagrant contre les Penguins qui eux, à l'inverse, ont manifesté une étanchéité qui était belle à voir.

Plus que pour d'autres sports, cette fameuse notion d'équipe est d'importance capitale dans le hockey. Au baseball, la somme des talents individuels peut faire la différence. Au football, chaque jeu est préparé en fonction d'un rôle spécifique pour chacun des joueurs sur le terrain. Au hockey, cependant, le jeu collectif de chaque unité de cinq joueurs, peut déplacer des montagnes. Ce n'est pas nécessairement une question de talent, avant tout, mais bien une question d'unité, de passion, de sacrifice, d'abnégation et d'entraide. Quel trio des Penguins a mené l'équipe vers la victoire sur le Canadien? Asham-Vitale-Cooke. On est bien loin des Malkin et Crosby mes amis!

Mardi dernier, Paul Gaustad, Patrick Kaleta et Cody McCormick ont ranimé une formation des Sabres de Buffalo qui sombrait de plus en plus dans un profond coma. Ce même Gaustad, en gagnant la mise en jeu, a été à l'origine d'un but magnifique de la part de Thomas Vanek, une séquence où pas moins de quatre joueurs ont touché à la rondelle en moins de trois secondes! Ça, c'est du jeu d'équipe!

Cela dit, tous les anciens joueurs que j'ai le bonheur de côtoyer à RDS ne cessent de répéter la même chose : au hockey, la confiance collective est très fragile. Or, quand cette même confiance collective s'effrite, on assiste généralement à un scénario trop bien connu : jeu individuel, erreurs de jugement, manque de concentration, pénalités à répétition, etc.

L'édition actuelle du Canadien en est, globalement, à sa troisième année. L'addition d'Erik Cole, un joueur de caractère, n'aurait dû, en principe, qu'accentuer davantage les liens serrés entre les joueurs. Or, jusqu'ici, on voit tout le contraire. Les matchs préparatoires nous avaient donné quelques indices; le début de saison ne fait que confirmer.

Six rencontres, c'est bien peu pour porter un jugement définitif sur une équipe de la Ligue nationale de hockey. Les vétérans du Canadien et le personnel d'entraîneurs ont trop d'expérience pour baisser les bras aussi tôt. Après tout, à peu de choses près, c'est cette même équipe qui est venue à un cheveu d'éliminer les éventuels champions de la coupe Stanley en avril dernier. Un peu de patience s'impose donc, je pense. Les points perdus en octobre ne peuvent être récupérés plus tard, je vous le concède. Mais la victoire est contagieuse. Il suffit d'une seule, parfois, pour que la tendance soit renversée pour de bon.

L'ange gardien n'y pouvait rien

J'ai toujours cru qu'un ange gardien veille sur le sport automobile. Cela fait plus de trente ans que j'y suis impliqué à fond et je ne compte plus les fois où j'ai été estomaqué de voir des pilotes quitter leur bolide en ruine en saluant la foule.

Dimanche dernier, lors de l'épreuve de la série Indycar, l'ange gardien y était, mais il n'y pouvait rien. Ses pouvoirs ont des limites. Il ne peut, par exemple, rien faire contre la bêtise humaine. Comme celle d'organiser une course insensée, où plus de 30 monoplaces fourmillent à 222 milles à l'heure sur une piste d'un mille et demie!

Les pilotes, à l'unisson, avaient une grande appréhension avant l'épreuve de Las Vegas. Au drapeau vert, comme ils le font à répétition, course après course, avec passion, professionnalisme et respect du public, ils ont écrasé l'accélérateur à fond, en oubliant pour un court instant le danger qui les attendait.

Du fond de la grille, Dan Wheldon avait le défi le plus fou de tous : remonter le peloton vers l'avant-scène. Il fut le dernier maillon d'une chaîne funeste. L'ange gardien a sauvé tous les autres. Pas le dernier. C'était trop.

Simplement. Bêtement.