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Profils d'espoirs LNH : Ryan Leonard, un ailier craint par l'adversaire

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RDS poursuit sa série de profils d'espoirs en prévision du prochain repêchage de la Ligue nationale. Aujourd'hui, l'attaquant américain Ryan Leonard.

Ryan Leonard est ce genre de hockeyeur qu'à peu près tout le monde peut apprécier... sauf peut-être les partisans de l'équipe adverse.

Peu de ses apparitions sur la glace passent inaperçues; le style de jeu combatif et engagé de Leonard retient rapidement votre attention. Et cette année, évoluant avec Will Smith et Gabriel Perreault au sein de ce qui est possiblement l'un des meilleurs trios à l'extérieur de la LNH, Leonard a fait la preuve qu'il est bien plus qu'un joueur d'énergie. 

Le prototype de l'attaquant de puissance qui dérange et marque des buts n'est plus aussi prisé qu'il l'était dans le hockey professionnel, mais les conditions sont réunies pour que Leonard l'incarne à merveille d'ici quelques saisons. Il y a un élément acrimonieux à la façon dont il se comporte sur la glace, et ça ne risque pas de le quitter une fois arrivé chez les professionnels. 

ContentId(3.1427135):Les habiletés de marqueur de Ryan Leonard, possible choix du top-10 au repêchage 2023 de la LNH.
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Vous serez donc avisé : ce ne sera pas sorti de nulle part si vous lisez ces prochaines semaines que le fougueux ailier droit a intégré les conversations pour une sélection aussi hâtive que la cinquième au total, celle des Canadiens de Montréal. 

Intimidant même sous les 6 pieds

L'un des aspects les plus remarquables du jeu de Leonard est sans doute sa volonté incessante d'initier les contacts physiques avec ses adversaires. Sa capacité à changer le cours d'une présence avec un solide coup d'épaule – près des bandes ou en milieu de glace – est plutôt épatante pour un athlète mesurant 5 pieds 11 pouces et se situant tout juste sous les 200 lbs. 

Malgré le fait qu'en théorie, il ne possède pas la charpente pour intimider des joueurs plus costauds, Leonard parvient à installer le doute même chez ses rivaux plus vieux. Fréquemment dans les matchs du programme américain des moins de 18 ans, on a pu voir le no 9 de Team USA malmener avec son style robuste des adversaires de la NCAA en principe mieux développés physiquement que lui [comme cette séquence survenue contre North Dakota].

Cette robustesse est perceptible d'une part en échec-avant et lors de ses replis défensifs, et d'autre part dans ses batailles pour le positionnement devant le filet adverse, où Leonard parvient à se servir de son avantage de force musculaire pour faire dévier des lancers ou bondir sur des retours, un peu comme le fait de façon répétée le capitaine des Sénateurs d'Ottawa Brady Tkachuk.

Sachant qu'il aime bien en faire sa niche, il n'est donc pas renversant d'apprendre que Leonard, selon les données de Sportlogiq, vient au tout premier rang de l'USHL sur 373 patineurs pour le volume de tirs provenant de l'enclave, à 3,3 en moyenne par rencontre. 

Cette facilité que démontre Leonard à imposer sa présence dans la circulation lourde s'avère aussi cruciale lorsque vient le temps de se frayer un chemin à travers le haut de l'enclave. Cela s'observe à la fois lorsqu'il est en position de décocher un lancer et lorsqu'il cherche à s'offrir comme option de passe à un coéquipier se trouvant en fond de territoire. Bref, l'implication physique omniprésente de Leonard témoigne d'un fort désir d'aider son équipe de multiples façons.

Généralement utilisé à l'aile droite avec le programme américain, on pourrait aisément supposer qu'avec une telle polyvalence, Leonard aurait tous les ingrédients requis pour évoluer au centre si le besoin s'en fait ressentir avec sa prochaine organisation.

Du jeu rugueux... et un élément de finesse

Ce serait exagéré d'affirmer que le niveau de créativité de Leonard rivalise celui de l'autre droitier au sein de son trio, son joueur de centre Smith. En fait, ce n'est certainement pas une des phases qui feront de lui un probable choix du top-10 à la fin juin, à Nashville. On dira plutôt de lui qu'il est très habile en transition, se déplaçant avec aisance en zone neutre. À ce chapitre, il a d'ailleurs orchestré en moyenne 5,8 entrées de zone offensive par match en 2022-2023, le 23e meilleur résultat parmi 234 attaquants de l'USHL.

Une fois entré en zone offensive, son mandat n'est plus de conserver la rondelle, du moins pas avec des joueurs aussi habiles que Smith et Perreault dans les parages. Si la rondelle reste en apparence aimantée à la lame de bâton de ses deux comparses, Leonard, de son côté, n'a pas le même genre de pourcentage de réussite lorsqu'il tente des jeux empreints de finesse en territoire ennemi. Son maniement de rondelle n'est pas vilain, mais il lui permet avant tout d'éloigner la rondelle de son couvreur.

ContentId(3.1427137):Deux exemples percutants du jeu physique de l'attaquant américain Ryan Leonard, espoir du repêchage LNH de 2023.
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Selon Sportlogiq, le classement de Leonard dans l'USHL pour le temps de possession en territoire ennemi est plus modeste (69e), à 32 secondes par match. Ce n'est pas qu'il en est incapable; simplement que sa variété de feintes et sa coordination ne sont pas ce qui le distinguent (ou même le rapprochent) de certains des autres attaquants de premier plan de cette cuvée, surtout avec un top-4 aussi talentueux. 

Il n'a pas été rare en 2022-2023 que Leonard – voulant sans doute convaincre les recruteurs qu'il n'est pas en reste au sein de son trio – cherche à ajouter un peu trop d'artifice dans une séquence offensive, et qu'une perte de possession soudaine de sa part mène à un surnombre de l'autre côté de la patinoire. Éventuellement, ce genre de vulnérabilité dans son jeu sera appelé à disparaître, peut-être aussi tôt que l'an prochain, à Boston College, pour sa saison recrue dans la NCAA.

Les passes que Leonard effectue en zone offensive sont le fruit d'une bonne lecture du jeu, davantage que celui d'un sixième sens, dont sont justement dotés Smith et Perreault. Lors d'avantages numériques, il y a fort à parier qu'il ne sera jamais l'option privilégiée par l'instructeur pour faire circuler la rondelle. Compte tenu de sa volonté de se salir le nez, Leonard est bien plus apte à œuvrer devant et derrière le filet en avantage numérique. Toutefois, sans que ce soit son pain et son beurre, l'ailier droit peut surprendre en éparpillant des passes transversales précises ici et là durant un match, surtout à cinq contre quatre.

En somme, ce n'est pas son mandat principal que d'alimenter ses coéquipiers, sa principale arme offensive étant la vélocité de son tir; toutefois, il est amplement capable de capitaliser sur les couloirs de passes qui lui sont ouverts. En 2022-2023, il a démontré un niveau d'imagination qui était plus moins apparent la saison dernière, avec le volet M17 du programme américain. Aux côtés de Smith et Perreault depuis l'automne dernier, les lectures offensives de Leonard ont gagné en imprévisibilité. 

Plutôt que de miser quasi exclusivement sur sa force physique pour converger vers le filet avec la rondelle comme il était porté à le faire à 16 ans, on l'aperçoit réaliser ici et là des passes précises alors qu'il est en pleine accélération. Quelques légères hésitations ajoutées à son répertoire de jeux auront assurément été captées au passage par les recruteurs. Les défenseurs ne peuvent plus tricher à son endroit en se disant qu'il ira toujours à fond de train, en direction nord-sud. Autour du filet, sa dextérité est nettement supérieure à celle du traditionnel attaquant de troisième trio.

Les habiletés individuelles de Leonard sont-elles celles qu'on associe généralement à un attaquant aspirant au top-5 dans une cuvée de grande qualité? C'est certainement matière à débat.

Mais l'efficacité redoutable de son jeu d'ensemble, et la variété de résultats positifs qu'il accumule pour son club, un peu partout sur la glace, n'ont pas leur pareil dans le repêchage de 2023.

Est-ce suffisant pour s'immiscer dans le top-5 le 28 juin prochain? Ce ne serait pas farfelu d'y croire, son profil étant plutôt rare.

PROJECTION ET RANG DE SÉLECTION

Meilleur scénario : Leonard provoque des choses dans tous les aspects du jeu sur le 1er trio; lors de ses meilleures saisons, il enfile 35 buts et fournit le même nombre de mentions d'aide

Pire scénario : ses limitations en termes d'habiletés offensives sont notables au plus haut niveau; il devient le joueur d'énergie par excellence et marque régulièrement 20 buts

Rang prévu : entre le 5e et le 9e choix