C'est quoi une ville de hockey?

Cette question est débattue depuis des années, probablement même avant que Babe Dye ne marque plus d'un but par match pour les St.Pats de Toronto -au début des années '20- et qui disait qu'il était un meilleur « Babe » que le gros gars qui contournait les sentiers chez les Yankees de New York.

C'était certainement un sujet chaud lorsque j'ai débuté dans mon métier

Et ça l'est encore.

Passant par un autre bureau l'autre jour, j'ai vu un ancien article de mon cru. Il avait été écrit dans un autre temps, lorsque la LNH comptait 18 équipes, que l'Association mondiale était encore en affaires (presque) et qu'Elvis venait de nous quitter (en permanence).

Cet article traitait de ce qu'était une ville de hockey et le sujet était d'actualité parce que le président de l'Association des joueurs, l' « Honnête Alan » Eagleson, pensait que la ligue serait meilleure si on éliminait plusieurs équipes et beaucoup d'emplois. Plusieurs équipes, dont les Rockies du Colorado, éprouvaient des difficultés aux guichets à ce moment-là.

Ces villes étaient des mauvaises villes de hockey -ou n'étaient simplement pas des villes de hockey.

Chose intéressante, les normes étaient parfois sélectives parce que des villes telles que Detroit, où le vieil Olympia comptait beaucoup de sièges vides pour les matchs des Red Wings, obtenait un laissez-passer parce qu'on considérait qu'elle faisait partie de l' « Original Six » alors qu'elle ne l'était pas du tout (la première fois que la LNH comptait six équipes, Detroit n'y était pas).

Dans la majorité des cas, la LNH attirait plus que l'Association nationale de basketball dans les villes comptant des équipes dans les deux ligues. Mais le hockey avait des difficultés dans quelques villes ne comptant pas de basketball. Même St.Louis où les Blues faisait salle-comble auparavant, avaient de la difficulté. Les mauvaises équipes avaient de la difficulté à attirer des spectateurs qui trouvaient que les prix étaient trop élevés quand c'était dans les deux chiffres.

Comme 11$, indécent! Onze dollars pour un siège décent.

La réponse simple est que, dans le temps comme maintenant, une ville de hockey est n'importe quelle ville qui génère de l'intérêt pour les spectateurs et que la loyauté des partisans baisse peu, ou pas du tout, si l'équipe glisse au classement une saison ou deux.

Mais pour les consommateurs avertis, un produit minable sur la glace et l'étiquette de « ville de hockey » ne sont pas nécessairement liés. Les billets invendus à Vancouver, Boston, Edmonton et Calgary dans les années '90 par exemple ne signifient pas que ces villes ont cessé d'être des villes de hockey à un moment donné. Et les nombreux sièges vides du United Center de Chicago pour les matchs des Blackhawks, contrairement aux écrits des médias traditionnels dont l'intérêt se trouve ailleurs qu'au hockey, n'est pas indicatif de la passion pour le hockey dans la Ville des Vents. Ça illustre plutôt l'aversion des amateurs envers les propriétaires des Blackhawks et leurs insuccès sur la glace. Dans mon optique, Boston et Chicago sont maintenant de meilleures villes de hockey que jamais en raison du sport lui-même -spécialement dans la région de Boston où le hockey universitaire est florissant. Ce sont de merveilleuses villes de hockey qui soutiennent la LNH à différents degrés.

C'est simple.

À Denver, les minables Rockies comptaient quelques grands joueurs et des intrigues dignes d'un opéra mais ils n'attiraient pas et l'équipe a été transférée au New Jersey en 1982. L'Avalanche a remporté la coupe Stanley dès leur première saison dans cette ville, en 1995-96, et l'équipe, officiellement, ne comptait pas de billet invendu en près de 11 ans. Cette série de matchs à guichets-fermés risque de prendre fin parce que les amateurs perçoivent que l'équipe va glisser au classement mais cela ne signifie pas que Denver n'est pas une ville de hockey.

Au cours des années, ma définition de ce qui fait une ville de hockey a évolué au-delà de la LNH.

Naturellement, si l'expression utilisée est “Hockeytown, USA” avec un “H” majuscule, vous reconnaissez l'ingéniosité des Red Wings -une marque de commerce- à ne pas confondre.

Donc, plusieurs années après mon premier article sur le sujet, voici les critères sur ce qui constitue une (bonne) ville de hockey.

-- Au moins une station de radio a une émission parlant de hockey, notamment sur qui devrait jouer à la pointe sur le jeu de puissance.

-- La LNH, qu'elle y soit depuis 80 ans ou huit, ait stimulé la construction de patinoires et la participation à ce sport pour des joueurs à peine assez vieux pour demeurer debout ou les comptables dans des ligues récréatives.

-- Un amateur près de vous qui connaît l'histoire de la vie de chaque joueur, peuvent vous dresser un portrait sur les espoirs de l'organisation dans la Ligue américaine ou dans les rangs juniors ou universitaires.

-- Les casquettes sont lancées sur la glace avant que la rondelle ne soit retirée du filet.

-- Les amateurs connaissent la différence entre la Tchécoslovaquie, la République tchèque et la Slovaquie. Et quand un journaliste ou un descripteur est assez stupide pour appeler un Slovaque un Tchèque, il reçoit un paquet de courriels.

-- Personne ne hue quand le sifflet se fait entendre parce que l'attaquant est à environ 12 pieds de la ligne.

-- Les amateurs aperçoivent qu'il y a trop de joueurs sur la patinoire et le crie avant que les arbitres n'appellent la punition.

-- Personne n'est surpris d'entendre le “O Canada” avant un match contre une équipe canadienne [pour un match disputé dans une ville américaine].

-- Les amateurs suivent les activités de la LNH non seulement parce qu'ils sont dans un “pool” ou ont gagé.

-- Kate Smith est le meilleur souvenir de “God Bless America”

-- Un bar avec le nom d'un joueur actuel ou ancien est populaire.

-- Un amateur qui n'a pas assisté à un match depuis des années, même jamais, qui encercle en rouge le guide-horaire de télévision, suit chaque match et qu'il connaît l'ailier de quatrième ligne parce que ce dernier est toujours disposé à parler entre les périodes avec une serviette autour du cou.

-- Les amateurs se lèvent pas seulement parce que le « dj » tourne le dernier succès dans les arrêts de jeu mais aussi parce que deux hommes-forts jettent les gants, ou parce qu'ils veulent chanter.

Actuellement, en Amérique du Nord, les régions où le hockey professionnel mineur prolifère, où le hockey junior demeure populaire au Canada et dans certaines régions des États-Unis, où le hockey universitaire est florissant, une « ville de hockey » peut être presque n'importe où.