Portés par des vagues d’émotions, Eric Lindros, Sergei Makarov, Pat Quinn, par le biais de sa fille Kalli, et Rogatien Vachon ont finalement franchi les portes du Temple de la renommée.

Tour à tour, les intronisés ont remercié tous ceux et celles qui ont contribué à les aider à parcourir le long, sinueux et difficile trajet qu’ils ont suivi pour atteindre le panthéon du hockey.

Tour à tour, les intronisés ont tenté tant bien que mal de refouler les larmes qui leur montaient aux yeux. Des larmes qu’ils ont aussi tirées des yeux des parents, amis et simples spectateurs – vous pouvez ajouter les noms de quelques journalistes à cette liste – tant les discours qu’ils avaient préparés étaient empreints d’une émotion palpable.

Après avoir remercié ses parents Carl et Bonnie qui ont su le guider dans la prise de plusieurs décisions difficiles et parfois impopulaires, après avoir expliqué qu’au terme d’une brillante carrière un brin assombrie par des controverses, des déceptions et des blessures il vivait maintenant les jours les plus heureux de sa vie avec son épouse Kinna Lamarche et leurs trois enfants – Carl Pierre, Ryan et Sophie Rose – Eric Lindros a invité son frère Brett à le rejoindre sur la scène. Le «Big E» lui a alors passé le bras autour du et s’est adressé à son frère cadet: «À défaut d’avoir eu la chance de jouer ensemble au cours de nos carrières, je tiens à clore ce chapitre de ma vie avec toi à mes côtés.»

Rogatien Vachon avait donné le ton à la soirée lorsque, à la toute fin de son allocution, il a laissé son discours de côté pour s’adresser à son épouse Nicole qui a été témoin de ses années de gloire dans la LNH. Qui a partagé avec lui les 31 années passées à attendre l’appel du Temple de la renommée. Un appel dont elle n’a jamais été témoin puisqu’il est venu quatre mois après son décès en février dernier.

«La vie est injuste. Tu devrais être ici avec moi. Je sais que c’est impossible. Quelle femme merveilleuse. Nous avons passé 45 ans ensemble. C’est très difficile. Je voudrais tellement que tu sois à mes côtés», a conclu le gardien âgé de 71 ans avant de quitter la scène et d’aller trouver du réconfort auprès de ses enfants et de ses petits-enfants qu’il a serrés entre ses bras.

Marcel Dionne a remis la plaque d’intronisation à Rogatien Vachon. Ancien coéquipier du gardien honoré, mais avant tout grand ami de «Rogie», Dionne a fait une allusion à l’épouse de son ami lors de son arrivée au Temple de la renommée. «J’ai rêvé à Nicole la nuit dernière. Elle m’a parlé et m’a assuré qu’elle serait présente ici ce soir. Je sais qu’elle sera avec nous», de lancer Dionne croisé sur le tapis rouge.

Malgré la peine de voir son ancien coéquipier venir le rejoindre au Temple de la renommée sans son épouse à son bras, Dionne souhaitait que le fait d’être enfin reconnu à sa juste valeur l’aide à composer avec cette situation difficile. «Rogie a été la première véritable vedette des Kings à Los Angeles. Pendant bien des années, il était notre première étoile. Notre meilleur joueur. Rogie a été mon premier co-chambreur. On était toujours ensemble : au hockey, au golf, sur les courts de tennis. Sur la patinoire, il ne critiquait jamais ses coéquipiers. Des fois il nous criait de le laisser voir les rondelles parce qu’avec son petit gabarit ce n’était pas toujours évident. Mais il était tellement bon qu’il compensait facilement le fait qu’il était petit.»

Heureux pour Lindros et les Flyers

Ancien directeur général des Flyers de Philadelphie, Bobby Clarke a eu sa part de conflits avec Eric Lindros. Des conflits qui ont finalement poussé Lindros à déserter l’équipe en 2000 avant d’obtenir une transaction qui l’a fait passer aux Rangers de New York. Des conflits qui ont laissé des traces pendant des années.

Croisé sur le tapis rouge à l’entrée du Temple de la renommée, Clarke a assuré que ces traces étaient aujourd’hui disparues.

«Je n’ai aucune rancœur à l’endroit d’Éric. Oui nous avons eu des différends. Je n’ai jamais apprécié que lui et ses parents mettent en doute la compétence de nos médecins. Nous avons offert à Eric les meilleurs soins qui étaient possibles de lui offrir. Avec le temps, j’ai compris et accepté que ses parents veillaient sur leur fils en exigeant qu’il profite d’une deuxième opinion en marge des diagnostics de nos médecins. D’ailleurs, ils ont été les premiers, je crois, à prendre une telle démarche qui est aujourd’hui courante autour de la LNH. Ses parents ont fait ce que tout parent fait pour ses enfants : ils ont protégé Eric. Mais j’aurais aimé qu’ils ne s’attaquent pas à nos médecins. Nous avons toujours été de bonne foi dans ce dossier», a plaidé Bobby Clarke qui a ensuite encensé son ancien joueur.

«Eric est le meilleur joueur de l’histoire des Flyers. Il est l’un des meilleurs de l’histoire de la LNH. Tous les membres de la grande famille des Flyers sont très fiers de lui. Moi le premier. Eric était spécial. Je ne crois pas qu’on ait revu un gars comme lui. Un gars qui jouait aussi bien que lui depuis qu’il a pris sa retraite. Il mérite pleinement sa place au Temple de la renommée», a indiqué Clarke.

Fier de voir le nom de Lindros s’ajouter à la liste d’anciens Flyers intronisés au Temple, Bobby Clarke l’était tout autant par l’intronisation de Pat Quinn à titre de bâtisseur. Clarke, qui a convaincu Pat Quinn d’amorcer sa carrière derrière le banc en acceptant le rôle d’adjoint à l’illustre Fred Shero, a d’ailleurs remis à Kalli Quinn la plaque commémorant l’intronisation de son père.

«Pat était plus gros que le hockey qu’il aimait tant. C’était un homme spécial. Un passionné. Il aimait les joueurs et les joueurs aimaient jouer pour lui parce que Pat aime que ses équipes marquent des buts. À une époque où les équipes se sont mises à développer des systèmes défensifs, Pat a été le premier à décoller les ailiers de leur bande pour qu’ils soient aussi impliqués que leur centre dans le développement des attaques», a conclu Bobby Clarke.

Au nom de sa mère et de sa sœur, Kalli Quinn a rendu un bel hommage à son père multipliant anecdotes et commentaires associés à la carrière et à la vie de son père. «Ma famille tient à remercier Keith Allen et Bobby Clarke qui ont donné le coup d’envoi à l’extraordinaire après-carrière qu’a connue mon père. Il serait tellement fier et en même temps tellement reconnaissant de l’honneur que vous lui réservez ce soir. Je sais qu’il nous regarde. Je l’imagine avec un cigare dans une main, un verre dans l’autre et une étincelle dans les yeux.

Sergei Makarov a livré un discours sobre. À l’image du joueur qu’il a été. «Sergei était un joueur simple. Il parlait peu. Il laissait ses actions parler pour lui. Il était rapide. Intelligent avec la rondelle. Il était un marqueur redoutable», a commenté son joueur de centre Igor Larionov qui l’attendait sur la scène avec sa plaque commémorative.

Cuvée 2017

Maintenant qu’Eric Lindros, Sergei Makarov, Pat Quinn et Rogatien Vachon sont bien installés au Temple de la renommée, il est temps de se tourner vers la cuvée 2017.

Contrairement à cette année alors qu’aucun candidat n’a reçu assez de votes dès sa première année d’éligibilité – c’est ce qui a permis de corriger les erreurs du passé en ouvrant les portes à Lindros, Vachon et Makarov – deux anciens semblent assurés de faire leur entrée l’an prochain.

Il serait aussi surprenant que scandaleux que Teemu Selanne soit boudé à sa première année d’éligibilité. Trois ans après sa retraite, Daniel Alfredsson semble aussi un choix logique pour faire le saut dès la première occasion.

Parce qu’un maximum de quatre anciens joueurs peut accéder au Temple chaque année, les entrées pratiquement assurées de Selanne et Alfredsson limiteront à deux les places supplémentaires.

Derrière Selanne et Alfredsson, les noms de Mark Recchi, Paul Kariya, Jeremy Roenick, Dave Andreychuk, Alexander Mogilny et Curtis Joseph reviendront dans les discussions. Il sera intéressant si un ou deux de ces joueurs qui patientent depuis quelques années déjà recevront les 14 votes nécessaires – le comité de sélection est composé de 18 membres – pour obtenir l’accès au Temple de la renommée.