Indiscipliné et en panne à l'attaque, Équipe Canada Junior avait besoin d'un sauveur face à la Finlande, jeudi. Malcolm Subban ne s'est toutefois pas levé.

À moins d'une semaine du début du Championnat du monde de hockey junior, qui se mettra en branle le 26 décembre à Ufa en Russie, le plus gros point d'interrogation plane donc au-dessus du filet de l'équipe nationale canadienne.

Le frère de P.K. Subban a beau afficher des statistiques reluisantes avec les Bulls de Belleville dans la Ligue de l'Ontario depuis le début de la saison (moyenne de buts alloués : 2,17; taux d'efficacité de .93), il n'a pas encore prouvé depuis le début du camp de sélection que le poste de gardien no 1 du Canada lui revient.

Dans la défaite de 3-2 lors du match préparatoire de jeudi contre les Finlandais, Subban a été faible sur au moins un but. On comprend un peu mieux pourquoi l'entraîneur-chef du Canada Steve Spott a ouvertement indiqué que Subban et Jordan Binnington sont en lutte pour le poste de partant.

Si on s'attarde à la période faste au cours de laquelle Équipe Canada Junior a remporté cinq médailles d'or de suite, ce ne sont pas des duos de gardiens qui ont mené le pays à la terre promise. C'est sur les épaules d'un seul portier que reposait la confiance des dirigeants d'Hockey Canada.

Actuellement, Spott est sans doute préoccupé par cette incertitude entre les deux poteaux. Subban tarde à s'imposer. Ne soyez donc pas surpris s'il offre le filet à Binnington. La bonne nouvelle c'est que le Mondial ne commence pas demain.

Fuir le cachot

Spott, avec l'aide de ses adjoints André Tourigny et Mario Duhamel, devra s'attarder encore à l'indiscipline de son équipe.

Au terme de la défaite contre les Golden Bears de l'Université de l'Alberta lors du camp de sélection tenu à Calgary, Spott avait déploré la tendance des siens à réchauffer le banc de punitions. Si le problème a été adressé, il n'a visiblement pas été réglé.

Contre la Finlande, ses ouailles ont non seulement franchi la porte du cachot à répétition, ils ont offert à l'adversaire deux avantages numériques de deux hommes qui ont résulté en buts. Le capitaine Ryan Nugent-Hopkins et le défenseur Dougie Hamilton, qui était là l'an dernier, ont notamment été pénalisés. Dans un tournoi aussi court, ça peut devenir très coûteux.

Heureusement, le Canada peut compter sur un duo d'attaquants québécois qui éprouvent un malin plaisir à menotter l'adversaire. Phillip Danault et Charles Hudon seront donc deux noms à retenir au cours du tournoi. Surtout si le Canada continue à pécher.

On peut les envoyer sur la patinoire dans toutes les situations. Ils sont prêts à se plier au rôle qu'on leur donne. Si le Canada en venait à remporter l'or, ils auront sans doute joué un rôle de premier plan, tout comme le gardien d'ailleurs.

Générer de l'attaque

En plus d'éviter plus que possible le banc de pénalité, les Canadiens se devront aussi de générer plus d'attaque. Contre les Finlandais, le Canada n'a pas capitalisé sur le jeu de puissance, et ce, malgré le fait que cinq joueurs réguliers de la Finlande n'étaient même pas en uniforme.

Ça doit donc cliquer au plus vite entre les attaquants. D'où l'importance de placer les bons joueurs aux bons endroits avant le début du tournoi. Face à la Finlande, on a pu constater que Nugent-Hopkins et Ryan Scheifele forment un bon duo.

Encore sous le coup d'une suspension, le Québécois Jonathan Huberdeau n'a pas affronté la Finlande. Le retour de l'espoir des Panthers de la Floride au sein du premier trio devrait solutionner une partie de l'énigme en attaque. Joueur droitier évoluant sur le flanc droit, Huberdeau complétera à merveille cette unité, surtout avec son lancer à la fois précis et puissant.

En ce qui a trait au jeune Jonathan Drouin, qui se retrouvait sur le deuxième trio face à la Finlande, il pourrait très bien être relégué sur le quatrième trio avec son coéquipier des Mooseheads de Halifax, Nathan MacKinnon, et Phillip Danault. C'est que Ty Rattie, qui remplaçait Huberdeau sur le premier trio contre la Finlande, risque d'être muté sur le deuxième trio à la place de Drouin.

Dans ma dernière chronique, j'avais prédit que Drouin ne serait pas retenu par Équipe Canada Junior. Il faut croire que j'avais sous-estimé les talents de vendeur de Tourigny et de Duhamel, qui connaissent bien Drouin pour l'affronter à l'occasion dans la LHJMQ. Il ne sont sûrement pas étrangers à cette sélection.

C'est maintenant à Drouin, tout comme à MacKinnon, de prouver qu'Équipe Canada Junior a fait le bon choix en leur offrant un poste. Ils ne sont peut-être âgés que de 17 ans, ils demeurent très talentueux et on mise beaucoup sur leur touche offensive.

À un moment ou à un autre, ce sera donc à leur tour de générer de l'attaque. Or, quand tu endosses l'uniforme d'Équipe Canada Junior, tu te dois impérativement d'être efficace autant en attaque qu'en défense. Une seule bourde peut te coûter une place sur un trio et te reléguer dans les patins du 13e attaquant. Parlez-en à Guillaume Latendresse.

Drouin et MacKinnon ont certainement le potentiel de percer la LNH, mais y deviendront-ils des joueurs d'impact? Nous aurons une partie de la réponse sous peu…

Propos recueillis par Mikaël Filion