Quel affreux gâchis
Hockey dimanche, 6 janv. 2013. 14:14 mercredi, 11 déc. 2024. 18:42
Des sentiments partagés à la suite du règlement de ce ridicule conflit de travail dans le hockey, il y en a parmi tous les gens impliqués.
Les joueurs, qui sont les grands perdants de ce lock-out, sont par contre heureux et soulagés de pouvoir retourner sur la glace.
Pour leur plus grand bonheur, les amateurs auront droit à un semblant de saison. Néanmoins, ils sont encore furieux et amers de ce qui s'est passé parce qu'on ne leur a pas accordé beaucoup de considération au cours des quatre derniers mois.
Les médias, qui ont gratté les fonds de tiroirs depuis des semaines à la recherche d'informations à transmettre sur ce conflit, sont convaincus que si les négociations avaient été amorcées sérieusement et avec de la bonne volonté dans les deux camps, ils n'auraient jamais eu à couvrir la plus grande bataille d'egos dans l'histoire du sport professionnel.
De son côté, malgré ce qu'il tente de nous faire croire au sujet de ses gains tardifs, croyez-vous vraiment que Donald Fehr soit satisfait d'avoir conclu une négociation qui pourrait coûter, au bas mot, près de deux milliards de dollars aux joueurs au cours des 10 prochaines saisons?
Gary Bettman, qui avait reçu l'accolade et les félicitations des propriétaires après avoir obtenu un plafond salarial à la dernière occasion, ne s'attend probablement pas au même comité de réception à la suite des pertes inutilement énormes subies par ses patrons et après avoir causé un tort considérable à la crédibilité de l'industrie du hockey qui n'était déjà pas très forte à la grandeur de l'Amérique.
Bref, ils ont tous leur façon à eux d'analyser les choses, mais avec un peu de recul, ils réaliseront peut-être à quel point cet affreux gâchis aurait pu être évité.
Parlons-en de ce gâchis. Au Canada, le hockey devrait s'en remettre, même si la réaction du public est beaucoup moins clémente qu'il y a huit ans. En 2004, les amateurs avaient été contents de revoir les joueurs après un an d'absence. Ils s'étaient rués vers les billetteries. L'économie rattachée au secteur du hockey avait repris sans trop de problèmes.
Cette fois, les gens ont le pardon moins facile. Suite à l'annonce de la fin du conflit, on n'a pas klaxonné de joie dans les rues. Dans les médias sociaux, on a continué d'exprimer sa désapprobation, parfois même son mépris. Ce lock-out va certainement laisser des traces à court terme.
Comme on ne pourra jamais conspuer les propriétaires, bien retranchés à l'abri des regards dans leurs loges luxueuses, ce sont les joueurs qui vont en payer le prix dès le moment où leur équipe connaîtra une soirée difficile. Quand on sentira un relâchement et un manque d'effort de leur part, ce sera patience zéro. Les huées vont leur tomber dessus comme une désagréable tempête de neige.
Déjà riches, les joueurs se sont accrochés à leur magot durant ce conflit comme si leur propre vie en dépendait. À leur décharge, se sachant déjà les inévitables perdants de cette bataille, ils ont surtout tenté de limiter l'étendue de leurs pertes. Ce qu'ils ont réussi dans les derniers moments de la négociation. En résumé, ils ont gagné les petites batailles, mais ils ont perdu la guerre.
Les effets négatifs du lock-out
C'est la tête de Bettman qui devrait être mise sur le billot. C'est lui qui a déclenché le lock-out sans même avoir négocié. C'est lui qui a présenté un carnet de demandes si ridiculement élevé que les joueurs n'ont eux d'autre choix que celui de dire non. C'est la réponse qu'il recherchait pour justifier sa décision de fermer les portes.
Quel sera l'effet du lock-out sur les villes de hockey déjà en difficulté? Des villes où Bettman a lui-même choisi d'implanter des concessions, faut-il le dire?
Dans la majorité d'entre elles, les gens n'ont jamais su que le hockey était en arrêt de travail. Comment voulez-vous que les amateurs américains aient été affectés par ce conflit quand dans certains milieux, les courses de tracteurs sont plus populaires que le hockey?
Les médias, qui faisaient le pied de grue aux portes de Fehr et Bettman depuis près de quatre mois, étaient canadiens pour la plupart. Le pays de la Ligue nationale, c'est le Canada. Le reste, c'est de la dentelle. Une dentelle si fragile que les organisations riches seront démesurément mises à contribution pour assurer la survie du tiers-monde de la ligue. Des dizaines de millions de dollars venus de Montréal, de Toronto, de Philadelphie, de New York et de quelques autres partenaires bien nantis permettront à Bettman d'affirmer sans rire que tout se passe fort bien dans la ligue.
Ces formations, qui seront renflouées grâce aux revenus des autres, devraient donc être à l'abri d'un déménagement au cours des saisons à venir. Malheureusement pour Québec, tant qu'on trouvera des façons d'aider les organisations dans la dèche, la ville devra attendre son tour.
Pour que Québec obtienne une concession, il faudra probablement que ce soit par le biais d'une expansion. Or, comment peut-on justifier la nécessité d'une expansion quand certaines équipes ne font déjà pas le poids au niveau du talent? Toutefois, il serait étonnant que Bettman, s'il conserve son poste, s'arrête sur cette considération. Dans une autre décision prise au détriment du hockey, il sera sans doute tenté d'ajouter deux autres formations afin de permettre aux propriétaires de se partager une cagnotte leur permettant d'éponger en partie les revenus perdus depuis le 15 septembre.
Déjouer le système
Avec un plafond salarial qu'on va sabrer de quelques millions et avec une entente permettant de limiter la longueur des contrats à sept ans (ce qui est encore trop long si vous voulez mon avis), les propriétaires se sont donné des moyens pour limiter les dépenses totalement folles qui les ont conduits à ce lock-out.
Cependant, croyez-vous vraiment que cela leur permettra de mieux se discipliner? Ben voyons donc. En 2004, on a dit que les joueurs avaient été lavés par les propriétaires. On ne voyait pas comment ils allaient pouvoir se relever de ce contrat tout à l'avantage de la partie patronale. On prétendait que les patrons tenaient dorénavant les joueurs solidement par les bijoux de famille et qu'ils avaient dorénavant tous les outils pour faire progresser l'industrie d'une façon responsable. Or, dès la convention signée, des propriétaires ont commencé à la contourner. Il n'y a rien qu'ils n'ont pas imaginé pour séduire les joueurs et les inciter à changer de camps.
Ça va se produire encore. Ne me demandez pas comment ils vont s'y prendre, mais ça va arriver. Ces gens-là ne manquent pas d'imagination quand vient le moment de se donner des crocs-en-jambe. Depuis huit ans, malgré tout ce qu'on avait dit, les joueurs ont continué d'empocher beaucoup d'argent. Ils sont certainement déçus des pertes qu'ils viennent de subir, mais ils vont encore une fois se remplir les poches en «jouant» au hockey durant les 10 prochaines années.
Un jeu dont 90% des participants sont millionnaires. Personnellement, je ne détesterais pas être perdant au sein d'une entreprise qui continuerait de m'enrichir.
Les joueurs, qui sont les grands perdants de ce lock-out, sont par contre heureux et soulagés de pouvoir retourner sur la glace.
Pour leur plus grand bonheur, les amateurs auront droit à un semblant de saison. Néanmoins, ils sont encore furieux et amers de ce qui s'est passé parce qu'on ne leur a pas accordé beaucoup de considération au cours des quatre derniers mois.
Les médias, qui ont gratté les fonds de tiroirs depuis des semaines à la recherche d'informations à transmettre sur ce conflit, sont convaincus que si les négociations avaient été amorcées sérieusement et avec de la bonne volonté dans les deux camps, ils n'auraient jamais eu à couvrir la plus grande bataille d'egos dans l'histoire du sport professionnel.
De son côté, malgré ce qu'il tente de nous faire croire au sujet de ses gains tardifs, croyez-vous vraiment que Donald Fehr soit satisfait d'avoir conclu une négociation qui pourrait coûter, au bas mot, près de deux milliards de dollars aux joueurs au cours des 10 prochaines saisons?
Gary Bettman, qui avait reçu l'accolade et les félicitations des propriétaires après avoir obtenu un plafond salarial à la dernière occasion, ne s'attend probablement pas au même comité de réception à la suite des pertes inutilement énormes subies par ses patrons et après avoir causé un tort considérable à la crédibilité de l'industrie du hockey qui n'était déjà pas très forte à la grandeur de l'Amérique.
Bref, ils ont tous leur façon à eux d'analyser les choses, mais avec un peu de recul, ils réaliseront peut-être à quel point cet affreux gâchis aurait pu être évité.
Parlons-en de ce gâchis. Au Canada, le hockey devrait s'en remettre, même si la réaction du public est beaucoup moins clémente qu'il y a huit ans. En 2004, les amateurs avaient été contents de revoir les joueurs après un an d'absence. Ils s'étaient rués vers les billetteries. L'économie rattachée au secteur du hockey avait repris sans trop de problèmes.
Cette fois, les gens ont le pardon moins facile. Suite à l'annonce de la fin du conflit, on n'a pas klaxonné de joie dans les rues. Dans les médias sociaux, on a continué d'exprimer sa désapprobation, parfois même son mépris. Ce lock-out va certainement laisser des traces à court terme.
Comme on ne pourra jamais conspuer les propriétaires, bien retranchés à l'abri des regards dans leurs loges luxueuses, ce sont les joueurs qui vont en payer le prix dès le moment où leur équipe connaîtra une soirée difficile. Quand on sentira un relâchement et un manque d'effort de leur part, ce sera patience zéro. Les huées vont leur tomber dessus comme une désagréable tempête de neige.
Déjà riches, les joueurs se sont accrochés à leur magot durant ce conflit comme si leur propre vie en dépendait. À leur décharge, se sachant déjà les inévitables perdants de cette bataille, ils ont surtout tenté de limiter l'étendue de leurs pertes. Ce qu'ils ont réussi dans les derniers moments de la négociation. En résumé, ils ont gagné les petites batailles, mais ils ont perdu la guerre.
Les effets négatifs du lock-out
C'est la tête de Bettman qui devrait être mise sur le billot. C'est lui qui a déclenché le lock-out sans même avoir négocié. C'est lui qui a présenté un carnet de demandes si ridiculement élevé que les joueurs n'ont eux d'autre choix que celui de dire non. C'est la réponse qu'il recherchait pour justifier sa décision de fermer les portes.
Quel sera l'effet du lock-out sur les villes de hockey déjà en difficulté? Des villes où Bettman a lui-même choisi d'implanter des concessions, faut-il le dire?
Dans la majorité d'entre elles, les gens n'ont jamais su que le hockey était en arrêt de travail. Comment voulez-vous que les amateurs américains aient été affectés par ce conflit quand dans certains milieux, les courses de tracteurs sont plus populaires que le hockey?
Les médias, qui faisaient le pied de grue aux portes de Fehr et Bettman depuis près de quatre mois, étaient canadiens pour la plupart. Le pays de la Ligue nationale, c'est le Canada. Le reste, c'est de la dentelle. Une dentelle si fragile que les organisations riches seront démesurément mises à contribution pour assurer la survie du tiers-monde de la ligue. Des dizaines de millions de dollars venus de Montréal, de Toronto, de Philadelphie, de New York et de quelques autres partenaires bien nantis permettront à Bettman d'affirmer sans rire que tout se passe fort bien dans la ligue.
Ces formations, qui seront renflouées grâce aux revenus des autres, devraient donc être à l'abri d'un déménagement au cours des saisons à venir. Malheureusement pour Québec, tant qu'on trouvera des façons d'aider les organisations dans la dèche, la ville devra attendre son tour.
Pour que Québec obtienne une concession, il faudra probablement que ce soit par le biais d'une expansion. Or, comment peut-on justifier la nécessité d'une expansion quand certaines équipes ne font déjà pas le poids au niveau du talent? Toutefois, il serait étonnant que Bettman, s'il conserve son poste, s'arrête sur cette considération. Dans une autre décision prise au détriment du hockey, il sera sans doute tenté d'ajouter deux autres formations afin de permettre aux propriétaires de se partager une cagnotte leur permettant d'éponger en partie les revenus perdus depuis le 15 septembre.
Déjouer le système
Avec un plafond salarial qu'on va sabrer de quelques millions et avec une entente permettant de limiter la longueur des contrats à sept ans (ce qui est encore trop long si vous voulez mon avis), les propriétaires se sont donné des moyens pour limiter les dépenses totalement folles qui les ont conduits à ce lock-out.
Cependant, croyez-vous vraiment que cela leur permettra de mieux se discipliner? Ben voyons donc. En 2004, on a dit que les joueurs avaient été lavés par les propriétaires. On ne voyait pas comment ils allaient pouvoir se relever de ce contrat tout à l'avantage de la partie patronale. On prétendait que les patrons tenaient dorénavant les joueurs solidement par les bijoux de famille et qu'ils avaient dorénavant tous les outils pour faire progresser l'industrie d'une façon responsable. Or, dès la convention signée, des propriétaires ont commencé à la contourner. Il n'y a rien qu'ils n'ont pas imaginé pour séduire les joueurs et les inciter à changer de camps.
Ça va se produire encore. Ne me demandez pas comment ils vont s'y prendre, mais ça va arriver. Ces gens-là ne manquent pas d'imagination quand vient le moment de se donner des crocs-en-jambe. Depuis huit ans, malgré tout ce qu'on avait dit, les joueurs ont continué d'empocher beaucoup d'argent. Ils sont certainement déçus des pertes qu'ils viennent de subir, mais ils vont encore une fois se remplir les poches en «jouant» au hockey durant les 10 prochaines années.
Un jeu dont 90% des participants sont millionnaires. Personnellement, je ne détesterais pas être perdant au sein d'une entreprise qui continuerait de m'enrichir.