Réflexions sur le hockey senior (suite IV)
Hockey vendredi, 19 mai 2006. 12:02 jeudi, 12 déc. 2024. 21:33
Par Réal-Jean Couture, journaliste et ancien président de hockey senior - Pour faire suite à mes trois précédents écrits, je me suis accordé une pause, dans le but de permettre aux différentes ligues de terminer leurs séries. Maintenant que les patins sont accrochés, avec votre permission, je poursuis ma réflexion quant à la suite des choses au hockey senior.
Drastique ? Pas tant que cela. J'estime toutefois que ce 'virage' est obligé et qu'il mettra la table à une 'normalité' des choses plus évidente non seulement dans le 'grand circuit', mais aura de l'effet de sagesse obligée chez les autres circuits senior qui sont tombés dans le piège de la grosse paye, tant dans le AAA, que le AA et même certaines équipes du A. Ne jouons pas aux vierges offensées, c'est comme ça que ça marche.
Le problème est que ça ne date pas d'hier. J'ai mis la main, ces jours derniers, sur une découpure de journal de mai 2002 qui titrait : " Couture veut sortir le hockey senior des griffes de l'argent ! " Je dénonçais alors que dans le AA, certains joueurs exigeaient plus de 350 $ par rencontre pour évoluer, pas toujours de la bonne manière et que les équipes ne pouvaient plus rencontrer de telle$ exigences$. J'avoue que j'ai bien manqué mon coup dans ce domaine. Mais il n'est pas trop tard pour se ramener à la raison, au réalisme. Et ça commence par en haut ! Ça doit commencer par en haut !
Quand même pas normal de lire que des joueurs se sont présenter en 'babounant' pour jouer la première ronde des séries parce qu'ils ont connu en cours de saison une coupure de 10 % de leurs salaires vu les baisses tragiques des assistances et, dans les séries, ils n'ont pu récupérer les coupures car les assistances sont 50 % plus basses que l'an dernier. Pas normal de lire qu'un entraîneur a eu plus à négocier avec les frustration$ monétaire$ de ses joueurs dans la chambre qu'avec ses stratégies en vue du match à venir le soir même.
Pas normal non plus que ce circuit présente des calendriers qui ne respectent pas les capacités de payer, les budgets loisirs des amateurs qui, dans certaines régions, doivent se débattre avec plusieurs ligues aussi intéressantes les unes que les autres, de sorte que les amateurs ne peuvent tout suivre, n'ayant ni les moyens financiers, ni le temps, les week end n'étant que du vendredi au dimanche - en temps normal.
D'autre part, il faut que cette ligue donne l'exemple via ses équipes en cessant de faire chanter les amateurs, de menacer les amateurs : " si on n'a pas tant de monde en fin de semaine, on arrête ", " si on n'a pas tant de billets de saison, on ne joue plus ", " la foule nous montrera en fin de semaine l'importance qu'elle apporte à l'équipe ", etc. C'est là un affront maintes fois répété aux amateurs qui doit être enlevé du vocabulaire, de la stratégie de marketing. Pas d'allure ! Un restaurant qui n'a pas un bon menu et un bon marketing n'a pas de client. C'est pareil pour un club de hockey. C'est pas une œuvre de bienfaisance !
Enfin, il est temps que les équipes reprennent le contrôle de leurs affaires internes, y compris de leurs joueurs. Voilà un groupe d'individus à forts salaires qui affichent un rendement instable. Ils se défoncent de temps en temps et jouent à l'occasion comme de vrais champions. Pourtant, ils encaissent leurs chèques de paie régulièrement, et non pas une fois par trois semaine. Il est temps que les affaires soient claires quant aux conditions de travail, de salaires, d'avantages (équipements, déplacements, etc), et que cela vaille une fois pour toutes. Il faudra aux propriétaires d'arrêter de plier au chantage de certains joueurs et aussi, que les joueurs soient conscients que cette ligue ne peut plus payer ce qu'elle payait. Les pertes, ça suffit ! Les faillites aussi ! Mais ça passe par l'implication de tout le monde, joueurs y compris. Et si ça ne va pas, qu'ils aillent dans la East Coast, ou tout autre circuit professionnel mineur.
Le respect, ça passe dans un circuit par le droit du propriétaire de regarder son gérant de banque dans les yeux et de savoir qu'il a du plaisir à faire du hockey et qu'il ne mangera pas ses bas cet hiver parce que des 'bébés gâtés' lui ont soutiré ce qu'il n'avait pas les moyens de se payer. Ça passe aussi par la fierté d'un joueur à jouer du hockey pour son plaisir, pour un salaire décent, mais dans des conditions claires reflétant le réalisme de l'industrie.
Il y a eu la fermeture d'au moins 15 équipes senior dans les 10 derniers mois au Québec et les pertes sont estimées à entre 2 et 4 millions $ dans la seule LNAH et au moins 750 000 $ dans l'Est du Québec pour ne citer que ces deux secteurs. Il est temps de stopper l'hémorragie.
RAPPEL - Il n'y avait que 1 345 personnes à Trois-Rivières le 28 janvier, 1 180 à Saint-Hyacinthe la veille contre Laval; 1 182 le 20 janvier à Trois-Rivières contre Saint-Georges, 1 382 le même soir à Sherbrooke, 1 203 le 19 à Sorel-Tracy - équipe de tête de classement, et 923 à Verdun le 16 janvier contre Trois-Rivières, etc. Avec de tels chiffres dans la LNAH, on se surprend que le Québec ait perdu une quinzaine de clubs senior en ± 10 mois ?
CONSTAT ULTIME: Qu'on arrête, à plus d'un niveau, de jouer les 'Ponce Pilate' et qu'on se regarde un peu plus dans le miroir. Il est temps de réaliser, d'abord chez ceux qui initient le hockey, le financent, prennent des risques bancaires, risquent la faillite, de perdre une partie de leurs entreprises, sans oublier leurs familles, ont le droit, le devoir de faire le ménage, de prendre LES décisions, et de donner à ce sport, sa vraie signification, avec la complicité à venir de joueurs qui gagnent leur vie ailleurs qu'au hockey senior, LNAH ou tout autre nom compris. Nous avons tous été 'partie aux problèmes'. Ayons maintenant la lucidité d'être 'partie à la solution'. Cessons de voir la paille dans l'œil du voisin, si on ne constate pas le poutre qu'il y a dans le sien. Et tant et aussi longtemps que l'on ne voudra pas prendre sa part de responsabilités dans cette galère, on est loin de LA solution.
N.B. : cette solution, bien appliquée, amènera le meilleur examen de conscience que nécessite cette 'industrie' qu'est le hockey organisé au Québec. Avec les millions de $ qui s'y dépense et/ou investisse, il y a lieu de s'arrêter et de se regarder dans le blanc des yeux, avant que les 'faillites' fassent plus mal qu'elles le font à ce jour...
***
Voilà pour ce segment de ma réflexion. Je suis persuadé que cela suscitera des commentaires, favorables et non favorables. Je serai toujours heureux de les recevoir au infini@ri.cgocable.ca et je me commettrai dans d'autres segments dans les prochains jours.
Nous avons le temps. Car nonobstant ce qu'on dira des assemblées annuelles, ce n'est pas demain la veille que l'on connaîtra la composition réelle des ligues pour la prochaine saison. Trop de questions sans réponse. La route qu'empruntera la LNAH dictera la suite des choses pour d'autres, y compris la LCH dont 3 équipes ont demandé du temps de réflexion, y compris la LHSP dont on prétend que la fin est arrivée, y compris la LHSEQ dont on ne connaît plus la composition, comme la LHSNEQ qui ne sait plus si elle jouera et avec qui.
Merci de me lire et de partager vos réflexions. Je suis ouvert à vos commentaires et suggestions...
Drastique ? Pas tant que cela. J'estime toutefois que ce 'virage' est obligé et qu'il mettra la table à une 'normalité' des choses plus évidente non seulement dans le 'grand circuit', mais aura de l'effet de sagesse obligée chez les autres circuits senior qui sont tombés dans le piège de la grosse paye, tant dans le AAA, que le AA et même certaines équipes du A. Ne jouons pas aux vierges offensées, c'est comme ça que ça marche.
Le problème est que ça ne date pas d'hier. J'ai mis la main, ces jours derniers, sur une découpure de journal de mai 2002 qui titrait : " Couture veut sortir le hockey senior des griffes de l'argent ! " Je dénonçais alors que dans le AA, certains joueurs exigeaient plus de 350 $ par rencontre pour évoluer, pas toujours de la bonne manière et que les équipes ne pouvaient plus rencontrer de telle$ exigences$. J'avoue que j'ai bien manqué mon coup dans ce domaine. Mais il n'est pas trop tard pour se ramener à la raison, au réalisme. Et ça commence par en haut ! Ça doit commencer par en haut !
Quand même pas normal de lire que des joueurs se sont présenter en 'babounant' pour jouer la première ronde des séries parce qu'ils ont connu en cours de saison une coupure de 10 % de leurs salaires vu les baisses tragiques des assistances et, dans les séries, ils n'ont pu récupérer les coupures car les assistances sont 50 % plus basses que l'an dernier. Pas normal de lire qu'un entraîneur a eu plus à négocier avec les frustration$ monétaire$ de ses joueurs dans la chambre qu'avec ses stratégies en vue du match à venir le soir même.
Pas normal non plus que ce circuit présente des calendriers qui ne respectent pas les capacités de payer, les budgets loisirs des amateurs qui, dans certaines régions, doivent se débattre avec plusieurs ligues aussi intéressantes les unes que les autres, de sorte que les amateurs ne peuvent tout suivre, n'ayant ni les moyens financiers, ni le temps, les week end n'étant que du vendredi au dimanche - en temps normal.
D'autre part, il faut que cette ligue donne l'exemple via ses équipes en cessant de faire chanter les amateurs, de menacer les amateurs : " si on n'a pas tant de monde en fin de semaine, on arrête ", " si on n'a pas tant de billets de saison, on ne joue plus ", " la foule nous montrera en fin de semaine l'importance qu'elle apporte à l'équipe ", etc. C'est là un affront maintes fois répété aux amateurs qui doit être enlevé du vocabulaire, de la stratégie de marketing. Pas d'allure ! Un restaurant qui n'a pas un bon menu et un bon marketing n'a pas de client. C'est pareil pour un club de hockey. C'est pas une œuvre de bienfaisance !
Enfin, il est temps que les équipes reprennent le contrôle de leurs affaires internes, y compris de leurs joueurs. Voilà un groupe d'individus à forts salaires qui affichent un rendement instable. Ils se défoncent de temps en temps et jouent à l'occasion comme de vrais champions. Pourtant, ils encaissent leurs chèques de paie régulièrement, et non pas une fois par trois semaine. Il est temps que les affaires soient claires quant aux conditions de travail, de salaires, d'avantages (équipements, déplacements, etc), et que cela vaille une fois pour toutes. Il faudra aux propriétaires d'arrêter de plier au chantage de certains joueurs et aussi, que les joueurs soient conscients que cette ligue ne peut plus payer ce qu'elle payait. Les pertes, ça suffit ! Les faillites aussi ! Mais ça passe par l'implication de tout le monde, joueurs y compris. Et si ça ne va pas, qu'ils aillent dans la East Coast, ou tout autre circuit professionnel mineur.
Le respect, ça passe dans un circuit par le droit du propriétaire de regarder son gérant de banque dans les yeux et de savoir qu'il a du plaisir à faire du hockey et qu'il ne mangera pas ses bas cet hiver parce que des 'bébés gâtés' lui ont soutiré ce qu'il n'avait pas les moyens de se payer. Ça passe aussi par la fierté d'un joueur à jouer du hockey pour son plaisir, pour un salaire décent, mais dans des conditions claires reflétant le réalisme de l'industrie.
Il y a eu la fermeture d'au moins 15 équipes senior dans les 10 derniers mois au Québec et les pertes sont estimées à entre 2 et 4 millions $ dans la seule LNAH et au moins 750 000 $ dans l'Est du Québec pour ne citer que ces deux secteurs. Il est temps de stopper l'hémorragie.
RAPPEL - Il n'y avait que 1 345 personnes à Trois-Rivières le 28 janvier, 1 180 à Saint-Hyacinthe la veille contre Laval; 1 182 le 20 janvier à Trois-Rivières contre Saint-Georges, 1 382 le même soir à Sherbrooke, 1 203 le 19 à Sorel-Tracy - équipe de tête de classement, et 923 à Verdun le 16 janvier contre Trois-Rivières, etc. Avec de tels chiffres dans la LNAH, on se surprend que le Québec ait perdu une quinzaine de clubs senior en ± 10 mois ?
CONSTAT ULTIME: Qu'on arrête, à plus d'un niveau, de jouer les 'Ponce Pilate' et qu'on se regarde un peu plus dans le miroir. Il est temps de réaliser, d'abord chez ceux qui initient le hockey, le financent, prennent des risques bancaires, risquent la faillite, de perdre une partie de leurs entreprises, sans oublier leurs familles, ont le droit, le devoir de faire le ménage, de prendre LES décisions, et de donner à ce sport, sa vraie signification, avec la complicité à venir de joueurs qui gagnent leur vie ailleurs qu'au hockey senior, LNAH ou tout autre nom compris. Nous avons tous été 'partie aux problèmes'. Ayons maintenant la lucidité d'être 'partie à la solution'. Cessons de voir la paille dans l'œil du voisin, si on ne constate pas le poutre qu'il y a dans le sien. Et tant et aussi longtemps que l'on ne voudra pas prendre sa part de responsabilités dans cette galère, on est loin de LA solution.
N.B. : cette solution, bien appliquée, amènera le meilleur examen de conscience que nécessite cette 'industrie' qu'est le hockey organisé au Québec. Avec les millions de $ qui s'y dépense et/ou investisse, il y a lieu de s'arrêter et de se regarder dans le blanc des yeux, avant que les 'faillites' fassent plus mal qu'elles le font à ce jour...
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Voilà pour ce segment de ma réflexion. Je suis persuadé que cela suscitera des commentaires, favorables et non favorables. Je serai toujours heureux de les recevoir au infini@ri.cgocable.ca et je me commettrai dans d'autres segments dans les prochains jours.
Nous avons le temps. Car nonobstant ce qu'on dira des assemblées annuelles, ce n'est pas demain la veille que l'on connaîtra la composition réelle des ligues pour la prochaine saison. Trop de questions sans réponse. La route qu'empruntera la LNAH dictera la suite des choses pour d'autres, y compris la LCH dont 3 équipes ont demandé du temps de réflexion, y compris la LHSP dont on prétend que la fin est arrivée, y compris la LHSEQ dont on ne connaît plus la composition, comme la LHSNEQ qui ne sait plus si elle jouera et avec qui.
Merci de me lire et de partager vos réflexions. Je suis ouvert à vos commentaires et suggestions...