MONTRÉAL – « La Ligue américaine, c’est aussi ça, c’est découvrir de nouveaux joueurs. » Voilà ce que Joël Bouchard disait en parlant de l’émergence inattendue de l’intrigant gardien Connor LaCouvee.

 

Avec un contrat d’essai en poche, LaCouvee est devenu la nouvelle sensation du Rocket de Laval. On parle ici d’un athlète qui a entamé le calendrier 2018-2019 à l’échelon inférieur, la ECHL, avec les Mariners du Maine dans la position de... troisième gardien! Trois mois plus tard, il s’est bâti une fiche de 4-0-0 avec une moyenne de 1,76 et une efficacité de ,931 avec le club lavallois.

 

Mercredi soir, Bouchard s’est donc tourné de nouveau vers lui et il ne s’est pas trompé. Mais, celui qui a vu le plus juste, c’est définitivement Daniel Brière, le vice-président des opérations des Mariners.

 

Connor LaCouvee« Au début de la saison, je me souviens de m'être assis avec lui pour lui dire que les choses changent vite dans le hockey et de ne pas se décourager. Que d’ici la fin de l’année, il pouvait facilement se retrouver dans la Ligue américaine. »

 

Vous connaissez Brière, ce n’est pour se vanter qu’il relate cette histoire, mais bien pour mettre l’accent sur la réussite du gardien de 24 ans.

 

« Je ne pensais pas que ça se déroulerait de cette façon et qu’il serait devenu, aussi vite, un rouage important dans la Ligue américaine. Mais je peux t’assurer qu’on est tous très fiers et heureux de ce qui lui arrive », a enchaîné Brière en entrevue avec le RDS.ca.

 

Cependant, le premier séjour de LaCouvee dans la Ligue américaine – avec les Comets d’Utica – n’avait pas été un grand succès. Cette fois, il affirme s’être présenté avec le bon état d’esprit, celui de croire en ses chances de faire sa place au lieu de se voir uniquement comme une solution d’urgence.

 

Ce n’est qu’une autre preuve qu’une grande partie de la réussite, dans le sport professionnel, se passe entre les deux oreilles. LaCouvee aurait dû en discuter avec Brière puisque celui-ci était convaincu qu’il détenait les atouts pour accéder à la Ligue américaine.

 

« Je ne suis pas surpris parce que je me fie à ce qu’on a vu à partir de la première journée de notre camp d’entraînement. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, il arrivait des rangs universitaires, mais quand je l’ai vu sur la patinoire et que j’ai constaté son éthique de travail et son attitude hors de la glace, je savais tout de suite qu’il était pour se rendre dans la LAH éventuellement », a raconté Brière.

 

Cette fois, LaCouvee se sent à sa place et en pleine possession de ses moyens.

 

« Je crois qu’on pourrait dire ça, cette année a été vraiment bonne pour moi jusqu’à présent. J’ai investi de gros efforts cet été et j’ai effectué quelques ajustements. Je m’amuse tout simplement à jouer du hockey professionnel », a confié LaCouvee qui semble sourire 24 heures sur 24.

 

On peut le comprendre d’apprécier autant le moment. Ça s’explique puisqu’il ne provient pas d’une famille typique du monde du hockey. Diplômé en affaires, cet ancien de Boston University a été élevé par un père dentiste et une mère qui occupe un rôle d’envergure dans une grande entreprise en Colombie-Britannique. De plus, ses deux frères ne sont jamais venus près d’atteindre un tel niveau au hockey.

 

À bien y penser, LaCouvee croit que ce contexte a été favorable à son développement.

 

« Mes frères n’ont pas connu de grande carrière au hockey et ils ne sont pas d’énormes compétiteurs. C’est bien d’avoir leur support et le côté plus léger avec eux. Je trouve que ce fut encore plus bénéfique pour moi que de grandir avec deux frères très intenses qui auraient établi des standards avant moi », a souligné celui qui parle à ses frères et à son père avant chaque match.

 

Des références à Mike Condon et Sergei Bobrovsky

 

Le défi de poursuivre son ascension sera encore plus grand, mais il peut s’inspirer d’exemples tels Charlie Lindgren et Mike Condon qui n’ont pas été repêchés, eux non plus.  

 

« C’est juste la Ligue américaine et il ne faut pas s’emballer trop vite, mais c’est vraiment le fun de voir ça. Ce l’est encore plus quand c’est un jeune qui l’apprécie autant, ça fait chaud au cœur », a reconnu Brière.

 

Par un hasard intéressant, LaCouvee s’est entraîné avec Lindgren cet été et il a également patiné au même endroit – au Massachussetts – que Condon par le passé. Des similitudes, au niveau du parcours et non du style, existent entre Condon et lui. Cette référence lui fait bien plaisir.

 

« C’est vraiment cool à entendre. Pour le moment, j’essaie tout simplement de vivre le moment à 100 %. Je serais vraiment content de suivre son cheminement jusqu’à la LNH. »

 

Au point de vue technique, LaCouvee semble toutefois plus en contrôle que Condon qui était plus un athlète très déterminé. Avec une dose de prudence, Brière ose une comparaison flatteuse. 

 

« Il est en contrôle de ses moyens et il est très rapide. Je ne veux pas le comparer directement, mais ses déplacements et la rapidité de ses pieds me font penser à Sergei Bobrovsky, que j’ai eu la chance de côtoyer à Philadelphie, même s’il est un peu moins grand. »

 

Ces allusions sont fascinantes quand on songe qu'il a failli renoncer au hockey il y a cinq ans. Il a retrouvé le plaisir de ce sport à Boston University et il s’accroche maintenant à son rêve de la LNH. Son éclosion pourrait déjà inciter des équipes à s’informer auprès de son agent.

  

« Pour être honnête, je ne sais pas si c’est le cas, mais j’aimerais le croire », a-t-il lancé.

 

« Il n’y a aucun doute dans mon esprit que plusieurs équipes seront intéressées à ses services après la saison. Je m’attends à bien des appels à son sujet et le Canadien est avantagé présentement en apprenant à le connaître », a ajouté Brière à ce sujet.  

 

Le déroulement pour le reste de la saison s’annonce intrigant à partir du moment que Lindgren sera rétabli à 100 %. Force est d’admettre que Bouchard ne veut pas écarter LaCouvee de l’équation trop rapidement.

 

« Je ne peux pas dire qu’il n’y a pas de place dans notre organisation parce qu’il joue présentement. On a toujours besoin de bons joueurs et de bons gardiens », a réagi Bouchard à propos de ce passionné de finances, de cuisine, de lecture et de hockey.