LAVAL – Derek Ryan a l’un des parcours les plus atypiques qu’il est possible de trouver parmi les joueurs qui évoluent présentement dans la Ligue nationale.

 

Après trois saisons dans la Ligue junior de l’Ouest, Ryan s’est enrôlé à l’Université de l’Alberta. Il y a passé quatre saisons avant de s’exiler en Europe. Il a joué pendant trois ans en Autriche et un an en Suède avant de signer un contrat à deux volets avec les Hurricanes de la Caroline. Il avait 29 ans quand il a joué son premier match dans la LNH. Il en a depuis joué 241 autres et s’aligne maintenant avec les Flames de Calgary.

 

Quand on lui demande de parler de ses aspirations, Alex Belzile aime donner du poids à ses arguments en racontant l’histoire de Ryan. Lui aussi, avec ses cinq saisons passées dans la ECHL, arrive un peu de nulle part. Lui aussi semble avoir le temps comme pire ennemi. Pour lui, la comparaison tient la route.

 

« [Ryan] n’est pas moins bon aujourd’hui qu’il l’était à 25 ans. Au contraire, je pense qu’il est rendu meilleur. Pour certains, l’âge c‘est une grosse affaire. Moi, ma vision est complètement différente parce que j’ai les deux pieds dedans et je sais que ça ne veut rien dire. Je me considère comme un prospect. Je trouve ça drôle à dire à 28 ans, mais je pense que c’est la vérité aussi. »

 

Meilleur marqueur du Rocket la saison dernière, Belzile a repris exactement où il avait laissé cet automne. Pendant que les gros noms qui étaient attendus en sauveur à Laval regardaient le train passer, le week-end dernier, le natif du Bas-St-Laurent a enfoncé la pédale au plancher. Les trois buts que son équipe a marqués à ses deux premiers matchs sont passés par la lame de son bâton.

 

Il est clair que Belzile est plus que le sympathique underdog au passé inspirant, le bon vétéran qui prendra soin des plus jeunes en attendant qu’ils soient mûrs pour mieux. Contrat de la LNH en poche pour la première fois de sa carrière, il peut légitimement espérer être celui qui sera convoqué par l’équipe première. Sans dire que c’est une question de temps, jamais de sa vie ça n’a été une possibilité plus réaliste que maintenant.  

 

« L’année passée, j’étais arrivé ici en provenance d’une autre organisation, j’avais un contrat de Ligue américaine seulement. Ça avait bien été à [l’année précédente] à San Antonio et mon but, c’était d’être dominant dans la Ligue américaine. Plus que l’année avançait, surtout à partir de la fin novembre, je commençais à prendre mon erre d’aller. Je sentais que, crime, finalement je pouvais me fixer des buts plus élevés que ça. Puis avec le contrat que j’ai eu cet été, ça m’a un peu confirmé que j’étais prêt à passer à d’autres défis. Comme je le répète souvent, je ne pense pas que ma game plafonne. Au contraire, je pense que je suis encore meilleur cette année. »

 

Sorti de l’ombre

 

Méconnu de la masse après sa première saison dans l’organisation du Canadien, Belzile s’est présenté au grand public lors du calendrier de parties préparatoires de l’équipe en septembre dernier. Il a trouvé le fond du filet dans le premier match auquel il a pris part et a obtenu deux autres auditions avant d’être retourné au club-école.

 

Ses performances en ont surpris plusieurs. Pour lui, elles s’inscrivaient dans la continuité de sa lente montée en puissance.

 

« Ça faisait longtemps que j’attendais une opportunité comme celle-là. Dès que j’ai signé mon contrat, j’étais prêt, j’étais mindé. Je savais que j’allais arriver au camp en pleine forme et rempli de confiance. Dans ma tête, je me suis tellement répété que ça allait bien aller, que j’allais avoir du fun, que c’est ça qui est arrivé. Premier match à Bathurst, deuxième shift, on a scoré pis on a eu du fun. Je pense que je me suis prouvé que ma philosophie est bonne. J’ai les résultats qui vont avec mon état d’esprit. Ça a été très encourageant. »

 

Belzile attribue une partie de son succès aux gains qu’il a réalisés lors de son entraînement estival avec le groupe supervisé par Raymond Veillette et Jean-Philippe Riopel au PEPS de l’Université Laval, à Québec. En renouant avec joueurs de la LNH comme Patrice Bergeron, Philip Danault, David Savard et Thomas Chabot, il a pu constater que l’écart qui le séparait de ces vétérans établis n’était pas aussi grand qu’il l’avait jadis estimé.

 

« Tu joues avec eux autres et y a des fois où ça va vraiment bien, tu te dis : ‘Crime, je pense que j’ai ma place là’. Tu te rends compte que tu n’es pas si loin. Ils manquent des passes eux autres aussi des fois, ils ont deux bras et deux jambes comme moi. Mentalement, ça aide beaucoup. »

 

En gymnase, Belzile a aussi pu adopter une routine qu’une blessure à un poignet avait rendue impossible l’été précédent. Un programme d’haltérophilie, notamment, a produit des résultats immédiats sur son explosivité. Parce qu’il n’est jamais trop tard pour améliorer son coup de patin.

 

« Je me considère plus rapide. Plus léger, plus rapide et plus confiant. À 28 ans, je m’en viens. C’est un bel âge pour commencer à tomber dans ses meilleures années. »