Le 30 novembre dernier, le Rocket a fait l’acquisition d’Adam Cracknell, en retour de Peter Holland.

À première vue, la transaction avait de quoi surprendre. Holland figurait parmi les meneurs du Rocket, avec une récolte de 19 points à ses 20 premiers matchs de la saison. Pendant ce temps, Cracknell avait inscrit 3 points en 15 rencontres.
 

En commentant la transaction, Sylvain Lefebvre mettait l’accent sur les qualités de Cracknell sur le plan défensif, notamment en désavantage numérique et sur son niveau d’expérience, qui serait bénéfique pour aider les plus jeunes joueurs de l’organisation.

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Cracknell a pour le moment surpassé les attentes de ses patrons, à tous les points de vue. Celui que l’on surnomme « Cracks » a rapidement gravi les échelons et il est devenu un attaquant sur lequel l’entraîneur peut se fier dans toutes les facettes du jeu. Premier trio, avantage numérique, désavantage numérique, Cracknell est le véritable « Couteau Suisse » de la formation, image inspirée de Bob Hartley, qui utilisait ces mots pour décrire Paul Byron, à l’époque où il le dirigeait chez les Flames de Calgary.


Sur le plan des statistiques, Cracknell est très efficace, avec un total de 19 points à ses 19 premiers matchs, avant les deux matchs du week-end contre les Senators de Belleville. L’attaquant de 32 ans se défonce à chacune de ses présences, fonce au filet, s’implique dans les coins de patinoire et possède un coup de patin qui lui permet d’être efficace dans le jeu de transition, d’abord au centre de Chris Terry et Nikita Scherbak, puis avec Audette et Scherbak en l’absence de Chris Terry.


Mais au-delà de son jeu sur la patinoire, c’est dans le vestiaire et sur le banc des joueurs où l’on peut véritablement mesurer l’apport important d’Adam Cracknell. Sylvain Lefebvre lui a d’ailleurs lancé des fleurs en ce sens, la semaine dernière, alors que l’entraîneur était affaibli par un virus, qui l’a même forcé à demeurer à la maison, pendant une séance d’entraînement matinale de son équipe.
 

« Il y a beaucoup de choses que les gens ne voient pas dans l’arrière-scène. Présentement, les gars le suivent, c’est notre leader. C’est assez visible, ce n’est pas une question de buts et de points, mais c’est surtout sa manière de se comporter. Pendant que nous menions 3-2 contre Hartford, j’avais de la difficulté à parler derrière le banc. Il a pris la pole sur le banc pour rappeler aux gars de ne pas paniquer, que nous avions encore l’avance. C’est le fun de voir que ça vient d’eux aussi. »
 

Un leader perdu, un de retrouvé


Quand le Canadien a procédé au rappel de Byron Froese, le 7 novembre, à peine quatre jours après qu’il fut élu le premier capitaine de l’histoire du Rocket de Laval, l’équipe perdait son leader. Lors des deux semaines qui ont suivi, Nicolas Deslauriers et Daniel Carr ont à leur tour été rappelés par le grand club.


Ces départs ont causé un vide évident, les jeunes avaient besoin d’un joueur vers lequel ils pouvaient se tourner pour leur montrer la voie à suivre. Chris Terry et Matt Taormina ont certainement un bon niveau d’expérience qu’ils peuvent partager, mais Cracknell semble assurer le leadership à un autre niveau. Il est un joueur qui n’a pas peur de prendre la parole et les joueurs le respectent énormément, notamment son compagnon de trio Nikita Scherbak.


« C’est un grand leader, il détient une bonne dose d’expérience. Il parle beaucoup dans le vestiaire et tout le monde l’écoute. C’est bien de l’avoir dans notre équipe. »


Il est impressionnant de voir à quel point Cracknell est parvenu à gagner le respect de ses coéquipiers dans un si court laps de temps. Lors de ses rencontres avec les journalistes, il fait également preuve d’une grande assurance et d’un discours qui inspire la confiance. Une chose est certaine, il prend les choses à cœur. Le 10 janvier, lorsque les Comets de Utica ont battu le Rocket 5 à 2, grâce à 3 buts inscrits en avantage numérique, Cracknell a pris le blâme pour la piètre tenue de son équipe à court d’un homme. Il ne s’est pas caché pour dire à quel point il s’en voulait et il assurait qu’il voulait connaître un bon match pour faire oublier cette contre-performance. Il parlait avec le feu dans les yeux.


Dès le match suivant, contre le Wolf Pack d’Hartford, formation qui l’a échangé au Rocket, Cracknell a répondu avec un but dès la 26e seconde de jeu. Il a enchaîné avec un 2e but avant la fin de la première période. « Cracks » a donné le ton à la rencontre et ses coéquipiers l’ont suivi. Le Rocket l’a finalement emporté au compte de 4 à 2.


Dans son entrevue d’après-match, sur la patinoire de la Place Bell, Cracknell ne voulait pas nécessairement parler de sa performance individuelle, il était surtout heureux du résultat final, heureux de terminer sa soirée de travail avec une victoire.


Je suis parvenu à lui décrocher un sourire à la fin de l’entrevue, en lui faisant remarquer qu’il avait marqué un but dans la première minute de jeu pour un 2e match de suite présenté sur les ondes de RDS !


« Vous devriez présenter tous les matchs ! » m’a-t-il lancé avec le sourire.


La bonne nouvelle pour lui, c’est que deux matchs du Rocket seront présentés sur les ondes de RDS la semaine prochaine, soit le 24 janvier contre le Crunch de Syracuse et le 26 janvier, face au Moose du Manitoba.


Blague à part, Cracknell remplit à merveille son rôle de rassembleur et on peut parier qu’il sera un élément très important jusqu’à la fin de la saison pour cette équipe qui lutte pour une place dans les séries éliminatoires.
 

Un retour la saison prochaine?
 

Cracknell a déménagé beaucoup depuis le début de la saison, comme je l’avais écrit dans un article il y a quelques semaines. L’idée de demeurer dans le marché montréalais lui a effleuré l’esprit. Il a eu l’occasion de découvrir la ville de Québec avec la petite famille, venue le rejoindre pour le temps des fêtes.

En plus d’apprécier son rôle sur le plan professionnel, il prend goût de plus en plus à la vie dans notre belle province. S’il continue de travailler aussi bien, il pourrait non seulement obtenir un contrat pour demeurer avec le Rocket, mais qui sait, peut-être même avec le Canadien.