MONTRÉAL – Il y a six ans, Jean-François Houle a pris un pas de recul. Arrivé à Bakersfield pour y diriger le club de la ECHL affiliée aux Oilers d’Edmonton, il a accepté d’être relégué à un rôle d’adjoint lorsque son équipe a été promue dans la Ligue américaine.

« Ça a été un move important pour moi, se souvient Houle, qui avait précédemment été à la tête des MAINEiacs de Lewiston et de l’Armada de Blainville-Boisbriand dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec. J’avais décidé de retourner comme assistant pour être dans une ligue un peu plus haute. Ça m’a permis d’apprendre énormément de plusieurs instructeurs différents qui sont passés par Edmonton. »

« Des fois, il faut que tu prennes des chances et que tu sois ouvert à toujours apprendre. Je pense que ça m’a permis d’être un meilleur entraîneur aujourd’hui. »

Un parcours étoffé pour Jean-François Houle

Cette philosophie a non seulement permis à Houle de remonter les échelons de sa profession, mais de le faire en rentrant à la maison. Mardi, le Rocket de Laval a annoncé l’embauche du Québécois de 46 ans au poste d’entraîneur-chef. Il vient combler le vide laissé par le départ de Joël Bouchard, qui avait récemment quitté ses fonctions pour se joindre à l’organisation des Ducks d’Anaheim.

Ironiquement, Bouchard était le directeur général de l’Armada lorsque Houle s’y était amené en 2011. Il avait ensuite pris sa place derrière le banc lors du départ de Houle pour les États-Unis trois ans plus tard. Les deux hommes sont toujours en contact et leurs philosophies respectives ne doivent pas s’être éloignées tant que ça avec les années.

Mais Houle détourne aujourd’hui poliment les comparaisons avec son ancien collaborateur. Il souhaite inculquer ses valeurs et donner sa propre couleur à l’équipe dont il vient d’hériter.

Houle a une équipe clé en main à Laval

« L’engagement, la discipline et l’intégrité. Pour moi, ce sont des valeurs très importantes et je tiens à les transmettre à tous les joueurs qui vont passer par Laval, a-t-il annoncé mardi en conférence de presse. Je pense que c’est très important pour un instructeur de bien communiquer avec son groupe. Avoir une connexion avec la personne, pas juste le joueur de hockey, c’est pour moi une chose très importante. Je veux former un partenariat avec les joueurs. Je pense que quand un entraîneur décide de faire ça, il peut avoir beaucoup de succès. »

« Je suis un entraîneur très positif, le genre de gars qui va toujours ressortir quatre éléments positifs pour un négatif, a-t-il ajouté. Je fais beaucoup de vidéo et d’enseignement pour m’assurer que les joueurs voient leurs erreurs. Je prône la communication. C’est comme ça que je planifie créer un environnement gagnant. »

« Côté hockey, je pense que le Rocket de Laval va avoir une équipe rapide, acharnée et supportive [sic]. Ce sont les trois mots que j’aime utiliser. Je pense que le hockey de nos jours est un sport que tu dois jouer à pleine vitesse.

Houle prend les rênes d’une équipe que son prédécesseur a récupérée en piteux état et a, en seulement deux ans, transformée en l’une des puissances de la Ligue américaine. Dans une saison 2021 écourtée par le contexte pandémique, le Rocket a affiché le deuxième meilleur rendement du circuit avec une fiche de 23-9-4.

Les talents de formateur de Bouchard ont aussi été mis en lumière durant ses trois années à la barre du Rocket. L’éclosion de Jake Evans, un choix de septième ronde qui vient de disputer sa première saison complète dans la Ligue nationale, en est l’exemple le plus probant. Des jeunes espoirs comme Jesperi Kotkaniemi et Ryan Poehling ont bien répondu à l’adversité sous sa supervision et il a démontré une belle capacité à rallier les vétérans à sa cause.

« Ils ont connu du succès. Je n’ai pas l’intention d’arriver et de tout chambouler. Je vais transmettre mes valeurs, mes principes de jeu et juste être moi-même. Pour moi, la chose la plus importante sera de créer une connexion avec les joueurs », a réitéré Houle.

Le troisième pilote de la jeune histoire du Rocket dit avoir l’intention de s’appuyer sur l’expérience d’Alex Burrows, qui a passé deux saisons et demie dans un rôle d’adjoint à Bouchard avant de se greffer au personnel d’entraîneurs du Canadien. Houle prévoit aussi discuter avec Dominique Ducharme afin d’assurer une certaine continuité entre les principes enseignés au sein du club-école et ceux qui dicteront la ligne de conduite à Montréal.

« Je pense qu’on partage les mêmes valeurs. Mais quand un joueur est appelé à monter, c’est plus facile si on joue dans les mêmes systèmes », raisonne-t-il.   

Houle a rempli différents rôles au cours de six années comme adjoints dans la Ligue américaine. Durant ses trois saisons aux côtés de Gerry Fleming, il était responsable des défenseurs et de l’attaque à cinq. À l’arrivée de Jay Woodcroft, il a été mandaté de travailler avec les attaquants et de trouver des moyens par lesquels l’équipe pourrait générer plus d’attaque.

Il lui revient maintenant de former son propre groupe d’adjoints. Ceux-ci, dit-il, n’ont pas encore été identifiés. Il entend présenter sa liste de candidats à Scott Mellanby, le directeur général adjoint du Canadien, dans les prochains jours.

« Scott a sûrement une liste aussi. On va se rejoindre cette semaine et sûrement prendre une décision dans les prochaines semaines. »