MONTRÉAL – S’il n’en tenait qu’à Yannick Veilleux, Joël Bouchard ne reviendrait pas à la barre du Rocket de Laval la saison prochaine. Veilleux a relancé sa carrière professionnelle, notamment grâce à son influence, et il a hâte de voir ce qu'il accomplira derrière un banc de la LNH. 

Depuis son entrée en scène aux commandes du club-école du Canadien, le développement des joueurs a repris une tangente ascendante. À sa troisième saison dans ce rôle, Bouchard a aussi récolté les fruits de ce qu’il a semé sur le plan collectif. 

« Joël a fait un excellent travail et tu vois que c’est une excellente tête de hockey. Il a su s’adapter en gardant la même identité en passant du junior au niveau professionnel. De la façon dont il fait passer son message, il a cette facilité de pouvoir amener son savoir et le transmettre à ses joueurs. Nous, cette année, c’est en grande partie pourquoi on a eu ce succès, il a été capable de garder tout le monde motivé et sur la même longueur d’onde. Le système était tellement suivi à la lettre qu’on doit lui donner du crédit. Ce n’est pas facile à faire dans la Ligue américaine de hockey », a témoignée Veilleux alors que le roulement des effectifs complique la tâche. 

Bon joueur, Bouchard se tient loin des questions au sujet de son avenir pendant que le Canadien mérite l’attention. Puisque son contrat est terminé, il fallait demander à Veilleux s’il s’attend à le revoir comme entraîneur-chef du Rocket. 

« Je ne le sais pas. Mais, si tu me demandes mon humble avis, j’espère que Joël aura sa chance dans la LNH », se permet-il de souhaiter.  

« Comme tout le monde, je suis sûr, même s’il ne le dit pas, qu’il veut obtenir l’occasion de déployer sa façon de coacher dans la LNH. Il a quand même eu du succès partout où il est passé. Même s’il n’avait pas les meilleurs effectifs dans le junior, il a toujours été capable d’être compétitif et de se rendre en finale plusieurs fois. Cette année, on était partis pour faire un bon bout de chemin », a-t-il poursuivi. 

Bouchard ne le cache pas, il s’est souvent fait dire que son approche s’effondrerait au niveau professionnel. Il l’a raconté avec un ton de voix confirmant qu’il n’attendait que de prouver le contraire. 

« C’est une façon de jouer qui est exigeante. Mais gagner, ce n’est pas facile, peu importe le circuit dans lequel tu évolues. Les joueurs qui n’achètent pas ça, ce n’est pas nécessairement avec eux que tu gagnes. Toutes les équipes qui gagnent ces temps-ci, le tempo est à 100% et c’est ce que prêche Joël », a convenu Veilleux. 

Un essai pour la LNH à sa portée ? 

Si ses propos étaient intéressants au sujet de Bouchard, l’objectif était plutôt de prendre de ses nouvelles, une fois la poussière retombée, sur sa productive saison avec le Rocket. 

En le voyant amasser 14 buts et 5 aides en 26 matchs, ça surprend toujours qu'il ait passé une partie de la saison précédente dans l’ECHL avant de revenir avec le Rocket. Ce deuxième séjour avec la formation lavalloise lui sourit grandement. Il a été en mesure de raffiner ses atouts pour afficher l’identité qui lui sert le mieux : celle d’imposer une pression étouffante sur ses adversaires tout en contribuant offensivement. 

L’efficacité exposée par Veilleux laisse croire qu’une organisation, celle du Canadien ou une autre, pourrait lui accorder un contrat incluant un volet LNH. 

« Je laisse ça entre les mains de mes agents, comme je l’ai déjà dit. Je pense que j’ai fait ma part du travail, ça s’est bien passé. Pour le reste, j’ai appris avec les années de ne pas m’en faire avec ça. Il arrivera ce qui arrivera, contrat de la LNH ou non, je suis satisfait. En espérant juste que ça continue sur cette lancée », a commenté Veilleux. 

Sans pouvoir en dire trop pour l’instant, son agent Dominic De Blois, a confirmé que de l’intérêt a été manifesté de ce côté. 

À la lumière de ceci, Veilleux, un choix de quatrième ronde des Blues de St.Louis en 2011, n’a pas renoncé à son rêve de se frayer un chemin jusqu’à la LNH. À 28 ans, il pourrait imiter son coéquipier Alex Belzile qui a effectué, au même âge, ses premiers pas dans le circuit Bettman. 

« C’est sûr que c’est inspirant même si on n’a pas le même style sur la glace. Mais, peu importe le résultat, je garde la tête haute, que je joue dans la LNH ou non. J’ai vraiment changé de mentalité dans les dernières années, je joue pour avoir du plaisir. Ça reste mon optique », a confié l’athlète de six pieds deux pouces et 205 livres.  

« Je m’impose probablement beaucoup moins de pression qu’avant. Depuis que j’ai des enfants, ç’a été le déclic. Je n’ai pas le temps d’arriver à la maison, d’avoir la baboune ou de penser à ce qui se passe à l’aréna », a précisé le père de deux jeunes garçons (près de 3 ans et sept mois). 

La saison du Rocket s’est conclue le 17 mai avec un titre de division en poche, mais sans vivre de séries éliminatoires et Veilleux a décanté le tout depuis. 

« Je suis très content de ce qu’on a accompli. Même si on jouait sans un championnat à la fin, les gars ont vraiment embarqué. J’ai un peu ressenti que la motivation de l’équipe n’était pas aussi élevée dans les derniers matchs, mais si je compare aux autres équipes, c’est pour ça qu’on a eu beaucoup de succès. Nous, ce n’était jamais juste 10 ou 15 gars un soir, toute l’équipe était motivée », a exprimé celui qui profite de ses moments en famille pour jouer à l’extérieur, faire du vélo et du patin à roues alignées. 

Il va sans dire que ce dévouement aurait atteint un niveau supérieur avec la présence de partisans. 

« Le fait de ne pas avoir de partisans, ça peut paraître stupide, mais ça procure un petit boost d’adrénaline de plus quand tu es fatigué dans un match. Je pense à la Place Bell avec 10 000 personnes, l’adrénaline et les frissons te donnent toujours une poussée de plus. Ça aussi, ç’a été difficile cette année. On le voit en séries présentement, les parties avec des partisans ont une intensité plus élevée », a conclu Veilleux.