LAVAL – Ce n’est plus le temps de rire pour Michael McCarron, qui a été cédé pour une énième fois dans la Ligue américaine de hockey. Avec raison, le gros attaquant est fort déçu de retourner avec le Rocket de Laval, où l’entraîneur Sylvain Lefebvre espère le voir corriger ses lacunes.
 
Renvoyé à quelques stations de métro du Centre Bell à la suite du match du Canadien contre les Golden Knights de Las Vegas, McCarron n’avait pas eu le temps de décolérer, mercredi matin, au terme de l’entraînement du club-école.

Le visage long et empreint de frustration, McCarron a accepté de répondre aux questions sur son renvoi. Cela dit, son humeur n’avait rien de sa joie de vivre habituelle.
 
Lorsqu’on lui demande comment il aborde ce défi qui se dresse devant lui, son regard tranchant de vérité veut tout dire. Il n’est pas prêt de digérer cet obstacle.
 
« Je dois continuer d’exécuter les choses que je fais bien. Je dois m’assurer que mon intensité est élevée tous les jours dans les entraînements et les matchs. C’est la seule chose que je peux vraiment faire », a-t-il déclaré avec la voix amère.
 
Le problème, c’est que McCarron semble plutôt satisfait de son rendement dans ses huit parties avec le Tricolore cette saison.
 
« Oui, j’étais content pour les trois premiers quarts de cette séquence. Par la suite, mon temps de jeu a décliné. Je ne sais pas trop pourquoi. C’est difficile, je dois traverser cette période plus éprouvante. Je manque de mots pour expliquer la situation », a commenté le colosse.
 
Les entraîneurs n’ont pas cru bon s’asseoir avec lui pour discuter longuement de la situation.
 
« Non, je n’ai pas vraiment entendu leur avis. C’est un peu frustrant », a admis McCarron à propos de ceux qui ont peut-être voulu piquer son orgueil pour observer sa réaction.  
 
Au bilan de ses huit premiers matchs de la saison à Montréal, McCarron n’a pas amassé de point et il n’a décoché aucun tir au filet à ses quatre dernières rencontres. Son utilisation a chuté sous la barre des sept minutes pour quatre des huit parties.
 
« Quand je joue et que j’ai les opportunités de le faire, je joue bien. Je dois continuer de travailler fort ici et maintenir un rythme élevé dans mon jeu. Je dis souvent que je veux monter dans la LNH et que je veux y rester, mais tu ne sais plus trop ce qui se passe quand ça arrive une autre fois. Je dois continuer de progresser et ça ne peut que faire de moi un meilleur joueur que de me retrouver dans la LAH », a confié McCarron.
 
Le temps de procéder à une introspection
 
Le ton employé par Lefebvre à la suite de l’entraînement du Rocket a laissé croire que les dirigeants du Canadien désirent fouetter leur choix de première ronde en 2013.
 
En quelque sorte, Lefebvre était heureux que McCarron soit fâché du sort qui lui a été réservé.
 
« Je te mentirais si je te disais qu’il est content d’être de retour à Laval. Je ne m’attendais pas à ce qu’il arrive avec le sourire au visage. On sait qu’il peut être difficile à affronter, on va donc lui demander de nous montrer certaines choses sur la patinoire. On va l’aider à rebâtir sa confiance et son jeu pour remonter dans la LNH.
 
« Dans le fond, c’est un test pour son caractère. On va voir de quel bois il se chauffe », a admis l’entraîneur.
 

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Les correctifs semblent pourtant simples à implanter dans son jeu. McCarron doit, avant tout, trouver une manière d’être plus « visible » sur la patinoire, et ce, de manière constante.  
 
« On sait ce qu’il peut procurer à une équipe et on veut le voir à chacune de ses présences sur la patinoire. Je parle bien sûr de son jeu physique. Mais je ne lui demande pas de courir partout sur la glace et de frapper tout le monde. L’idée, c’est d’avoir la rondelle et de la garder. Il doit être bon en protection de rondelle, autour du filet, sur les mises au jeu et dans les coins de patinoire. C’est là qu’il va faire sa marque », a indiqué Lefebvre.
 
L’entraîneur assure qu’il ne demandera jamais à McCarron de marquer 20 ou 30 buts. Toutefois, il est persuadé que de saines habitudes de travail lui permettront de trouver le fond du filet régulièrement.
 
« Autour du filet, il a de bonnes aptitudes et un flair pour marquer des buts. En jouant ici sur le jeu de puissance et sur un trio avec des joueurs plus offensifs, ça va peut-être lui redonner de la confiance. On va l’aider à s’en sortir. »
 
« Ce qu’on lui demande ici, c’est de ne pas sortir de ses capacités. Il doit s’en aller vers le filet et utiliser son gabarit dans les coins. […] Il pèse quand même entre 230 et 240 livres, il n’est pas facile à tasser devant le filet. Mais s’il arrive en retard devant le filet ou qu’il ne veut pas y aller, on a un problème. C’est de garder de bonnes habitudes et c’est clair avec lui que s’il ne le fait pas, son temps de jeu va diminuer ou il va changer de trio », a dévoilé Lefebvre.
 
L’ancien défenseur de la LNH a profité d’une question sur un autre joueur pour ramener le dossier de McCarron sur la table.  
 
« Parfois, ça prend juste une chance pour se frayer un chemin. Mais quand ça fait deux, trois, quatre ou cinq fois que t’as ta chance et que tu ne la prends pas, tu dois faire une introspection et te demander ce que tu peux améliorer ou comment t’y prendre différemment. C’est un peu ça qui arrive à Michael présentement », a reconnu Lefebvre.

Holland est passé par la même chose
 
Une fois la poussière retombée, McCarron pourra aussi se tourner vers des coéquipiers d’expérience comme Nicolas Deslauriers ou Peter Holland pour soutirer quelques conseils judicieux.
 
« Ce n’est pas une chose amusante. En bon français, c’est une petite claque dans la face que tu reçois. En même temps, il ne faut pas que ça t’affecte trop longtemps. On ne veut pas être ici, mais parfois ce sont de petits tests pour voir comment tu réagis. Il faut être fort mentalement », a exprimé Deslauriers qui a vécu une épreuve semblable lorsqu’il a été soumis au ballottage par les Sabres de Buffalo.  
 
« J’étais pratiquement dans une situation identique à un certain point de ma carrière. À ma troisième année professionnelle, j’étais encore avec les Ducks qui m’ont repêché et j’avais joué quatre matchs avec eux en début de saison avant d’être cédé dans les mineures. J’ai finalement été échangé environ à ce moment de l’année (le 16 novembre 2013) aux Maple Leafs. Cette transaction a changé ma vie et j’ai pu rester dans la LNH pendant un bon bout de temps.

« Je ne dis pas que Michael sera échangé, mais je veux dire que je peux comprendre ce qu’il vit : le fait de ne pas être rendu où il souhaitait à sa troisième année professionnelle. Il est encore jeune, je vais lui en parler », a raconté Holland quand on l’a questionné sur le sujet.

Le retour de Terry, une occasion pour McNiven

Parmi les autres sujets d’intérêt, soulignons que Chris Terry devrait effectuer un retour au jeu samedi à Springfield contre l’une des pires équipes du circuit ou bien dimanche à Hartford. Blessé, Terry n’a pas joué depuis le 28 octobre.
 
Le rappel de Charlie Lindgren a permis à Zachary Fucale de voir plus d’action et il a bien répondu. Cela dit, il devrait partager le boulot ce week-end avec Michael McNiven, qui ferait donc ses débuts officiels dans la Ligue américaine.  
 
Lefebvre a indiqué que le rappel du capitaine Byron Froese était fort mérité et il était ravi des performances de Lindgren.
 
« Je ne suis pas surpris, c’est certain qu’il a eu une petite baisse de régime avec nous, mais c’est juste normal. Ça fait partie du processus de développement. Comme je lui ai expliqué, c’est mieux que ce soit arrivé ici que dans la LNH. On est vraiment fiers de ses performances. Pour nous, les entraîneurs, c’est notre cadeau de les voir jouer ainsi », a conclu Lefebvre.  
 
Daniel Carr et Peter Holland pourraient, à leur tour, forcer la main du CH pour un éventuel rappel.