MONTRÉAL - Le Rocket de Laval avait le vent dans les voiles cette saison. L'équipe a terminé au sommet de la section Canadienne en vertu de sa fiche de 23-9-4. Son taux d'efficacité de ,694 est le deuxième plus élevé de la Ligue américaine de hockey. Mais l'entraîneur-chef Joël Bouchard et ses protégés ne pourront jamais savoir s'ils avaient les munitions pour se rendre jusqu'au bout de leurs aspirations.

Au lieu de se préparer à entamer les séries éliminatoires de la LAH en position de commande, le Rocket y est plutôt allé de son bilan annuel, mardi, puisque la ligue a décidé de ne pas tenir ses séries éliminatoires cette saison.

« C'est décevant après le succès qu'on a connu, a admis Yannick Veilleux. Avec l'équipe que nous avions, ça aurait été incroyable si nous avions pu jouer dans une Place Bell remplie. Si on avait pu faire un bout de chemin, je pense que la folie se serait répandue à Laval. Ça aurait été bien amusant. »

Le Rocket, selon Bouchard, arrivait à maturité.

« Nous avions visé juste (il y a trois ans): notre programme a été bien bâti. En fin de saison l'an dernier, personne ne voulait nous affronter et nous avons commencé l'année comme nous avons terminé la dernière.

« En début de saison, (l'entraîneur adjoint) Alex Burrows me faisait remarquer à quel point nous jouions du bon hockey. Il me disait : 'Joël, on va être tellement bons cette saison'. Et je le savais. Je le savais que les gars allaient être bons. Les vétérans comprenaient ce qu'on faisait; les jeunes étaient bons et embarquaient dans le plan. Ce n'était pas une surprise. De gagner n'est pas accidentel. Vous avez besoin d'une vision, d'un plan, d'une stratégie. Merci aux joueurs d'avoir embarqué dans notre plan. »

Bouchard sort de cette saison satisfait de la progression de ses protégés cette saison.

« Depuis le début de l'année, j'ai dit que je voulais voir des performances. Avec toute l'adversité que nous avons dû traverser cette saison, nous avons eu du plaisir et offert de bonnes performances, a-t-il souligné. C'est ce qui est revenu dans les rencontres avec les joueurs: même quand nous perdions, ça faisait mal parce que nous jouions bien.

« Dans une année difficile, dans un contexte pas évident, je trouve que dans notre bulle, nous avons réussi à ne pas perdre notre temps et à maximiser ce qu'on devait faire. [...] Plusieurs gars m'ont dit qu'ils avaient appris parce qu'ils avaient gagné. Il n'y a pas de championnat pour couronner notre saison, mais nous avons eu beaucoup de performances gagnantes et les joueurs ont grandi là-dedans. »

Estime-t-il que certains objectifs n'ont malgré tout pas été atteints?

Champ de tir : le Rocket dresse son bilan

« Comme entraîneur, après chaque match, victoire ou défaite, tu revois tes erreurs. On prend beaucoup de responsabilités. Tu veux toujours regarder vers l'avant; demeurer humble dans les bons coups et ne pas trop te flageller quand ça ne va pas très bien.

« Dans les bons coups, c'est le processus amorcé il y a trois ans avec une vision. J'ai trouvé qu'on avait bien joué il y a trois ans, qu'on a bien joué l'année passée et que cette année, ça a payé. Ça prouve que lorsque tu as une gang de gars qui poussent dans la même direction, qui sont en forme, tu te donnes des chances de gagner.

« De l'autre côté, t'aimerais toujours que certains de tes gars aient une meilleure saison: cette année, on est chanceux, plusieurs gars ont bien 'performé'.

« Cette saison, tout allait dans le bon sens. Je n'ai jamais levé le ton, je n'ai jamais discipliné un joueur. On naviguait sur une mer calme. Je suis content que nous ayons gardé la même vision depuis le début et que ça ait payé cette année. »

Bouchard ne veut pas parler de son avenir

Évidemment, impossible de compléter ce bilan de fin de saison sans parler de l'avenir de Joël Bouchard au sein de l'organisation, lui dont le contrat est venu à échéance après le dernier match du Rocket.

Joël Bouchard fait le bilan de la saison

Bouchard a compilé une fiche de 83-67-15 à la barre du Rocket. Il a su imposer sa vision à son arrivée en poste il y a trois ans et il a fait progresser sa formation chaque saison depuis.

Mais fidèle à son habitude, il a poliment fait dévier la conversation quand les scribes ont voulu aborder son avenir avec lui.

« La priorité, c'est le Canadien en séries éliminatoires, a-t-il raconté. Ma situation personnelle, je ne compte pas en parler. On y va une journée à la fois et nous verrons ce que le futur va amener. »

Presser de développer un peu plus, Bouchard a laissé entendre qu'il écouterait à tous le moins les offres qui pourraient éventuellement lui être présentées.

« Je suis un gars de défis. J'ai été privilégié dans la vie, plusieurs gens ont cru en moi dans plusieurs sphères, c'est pourquoi j'ai travaillé dans les médias notamment. Et c'est pourquoi je sais que vous avez besoin de réponses, c'est votre travail.

« J'ai été président, directeur général, entraîneur et propriétaire d'équipe dans le junior. J'ai fait partie du programme national du Canada. J'ai été chanceux d'avoir autant de gens qui ont cru en moi. Je suis toujours ouvert pour relever un défi. J'aime ce que je fais et je m'investirai toujours à 100 % dans ce que je ferai. »

Questionné à savoir si le meilleur chemin pour accéder à la LNH est d'être entraîneur-chef dans la LAH ou adjoint dans le circuit Bettman, Bouchard a eu cette intéressante réponse.

« Je pense que la situation est différente pour chacun, selon l'expérience qu'il a. C'est comme pour un joueur: il n'y a pas qu'un seul chemin menant à la LNH. Je suis très reconnaissant des trois années passées ici. Je vais laisser le Canadien jouer les séries et nous verrons pour la suite. »