Le départ des (trop) bons gars
Rocket de Laval vendredi, 18 mai 2018. 11:22 vendredi, 13 déc. 2024. 08:54En relevant Sylvain Lefebvre (entraîneur-chef), Larry Carrière (directeur général), Donald Dufresne (entraîneur-adjoint) et Nick Carrière (entraîneur-adjoint) de leurs fonctions chez le Rocket de Laval, et en donnant les rênes de l’équipe à Joël Bouchard, Marc Bergevin opère un changement de garde qui devrait être salutaire au club-école du Canadien.
Bouchard l’a dit lui-même lors du point de presse tenu hier, à la Place Bell de Laval: Lefebvre, Dufresne et les deux Carrière sont des hommes de hockey qualifiés et il sympathise avec eux.
En plus d’être qualifiés, ils sont de très bons gars, peut-être trop bons même.
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Pour avoir suivi le Rocket toute la saison comme analyste au 91.9 Sports, je peux vous dire qu’il ne doit pas y avoir de meilleur jack dans le hockey que Sylvain Lefebvre. Un coach gentil et avenant comme ça, ça s’peut pas!
Je pourrais dire la même chose de Donald Dufresne et de Nick Carrière. En outre, Dufresne a gardé contact avec bon nombre de joueurs qu’il a dirigés chez l’Océanic de Rimouski, dont... Sidney Crosby, qui se plaît à lui rendre visite pratiquement chaque été.
Pour ce qui est de Larry Carrière, il est arrivé plusieurs fois qu’on se croise au gym, sur la route. On a eu de bonnes et franches discussions. Chaque fois, il prenait de mes nouvelles, ainsi que celles de ma famille et du monde des médias en général. Un homme intelligent et informé, ce Mononc’ Larry, comme certains le surnomment en coulisses.
Lefebvre, plus un adjoint?
Cela dit, Lefebvre, le coach, et Carrière, le DG, étaient peut-être trop « gentils » pour mener le Rocket et les espoirs du Canadien à bon port. Parfois, quand t’es entraîneur en chef, il faut que tu brasses la cabane, que tu dises les quatre vérités à un joueur, que tu en cloues un autre au banc, que tu passes certains messages via les médias. Bref, il faut parfois que tu sois méchant. Et ça, ce n’est pas en Sylvain Lefebvre.
Un exemple concret? Cette saison, malgré les 52 défaites du Rocket, Lefebvre a été bête en entrevue avec moi... une seule fois. En fait, ce n’est pas vrai. L’entrevue était terminée lorsqu’il a mis certaines choses au clair avec moi, à la suite d’une dégelée de 8-2 à Belleville, à la fin mars. Quelques minutes plus tard, Lefebvre revenait vers moi pour s’excuser et expliquer davantage son point de vue, de façon calme et respectueuse. C’est ça, Sylvain Lefebvre.
À mes yeux, sans vouloir lui manquer de respect, il a davantage la personnalité d’un adjoint que d’un entraîneur en chef. Voilà pourquoi, avant qu’il soit congédié, je le voyais parfaitement remplacer Jean-Jacques Daigneault comme entraîneur des défenseurs à Montréal. Ce ne sera pas le cas.
Lefebvre a disputé près de 1000 matchs comme défenseur dans la LNH. Il a été adjoint dans la Ligue américaine et avec l’Avalanche du Colorado, avant de diriger le club-école du CH pendant six ans. Les connaissances, il les a. L’approche envers le joueur et la « communication », aussi. Le chien dont doit parfois faire preuve un coach en chef? Pas vraiment. Et ça, ce n’est pas moi qui le dit, mais bien quelques espions dans le vestiaire du Rocket.
Carrière: plus soldat que lieutenant
Larry Carrière est un peu dans le même bateau. Dans l’ombre de Bergevin, bien servi par ses 46 années passées dans le hockey professionnel dans pratiquement tous les rôles, il est capable de faire du bon boulot. Mais sous les réflecteurs, comme DG du Rocket, il n’était peut-être pas à sa place.
À preuve, il a accordé un contrat d’essai professionnel à David Vallorani, en février, alors que celui-ci n’était même pas admissible à en recevoir un puisqu’il avait amorcé la saison en Europe. En fin de saison, il a embauché des joueurs qui n’étaient clairement pas de calibre de la Ligue américaine (là-dessus, les recruteurs du CH ne l’ont pas aidé...). Il a très souvent mis ses lunettes roses pour parler de l’horrible première saison du Rocket. Et il n’était même pas au courant que Nikita Scherbak - le meilleur espoir offensif du CH à Laval - avait toujours une année de contrat en poche!
Tant d’exemples qui démontrent que Carrière est meilleur soldat que lieutenant. De le placer maintenant comme directeur du personnel des joueurs - « où il sera appelé à sillonner les arénas de la LAH et de la ECHL pour garnir la banque d’espoirs du Canadien et permettre au Rocket de miser sur une meilleure relève en cas de rappels à Montréal », explique Bergevin - lui sera bénéfique. Donc, ce sera bénéfique au Tricolore.
Bouchard: une voix plus ferme
Personne ne le remplacera officiellement comme DG du Rocket. C’est donc dire que Marc Bergevin, en contact direct avec Joël Bouchard, supervisera tous les mouvements de personnel du club. Comme il le faisait lors de ses cinq premières années avec le CH.
Bouchard, lui, amènera une nouvelle voix dans le vestiaire. Une voix plus ferme, plus autoritaire, qui donnera un nouveau souffle aux espoirs du Canadien.
En septembre prochain, lorsque s’amorcera le camp d’entraînement du Rocket, les jeunes auront des choses à prouver. Ils voudront impressionner leur nouveau coach, donc, par défaut, ils en donneront davantage.
Plus d’efforts devraient mener à plus de résultats. Ce qui ne semblait plus possible avec la présence des (trop) bons gars que sont Lefebvre, Dufresne et les deux Carrière.