LAVAL – Derrière, une fiche exécrable à l’étranger. Le Rocket de Laval n’a récolté que 14 points sur la route depuis le début de la saison, le deuxième pire rendement de toute la Ligue américaine.

 

Devant, un calendrier qui dirige l’équipe en plein dans sa zone de vulnérabilité. Après une courte escale à domicile vendredi pour y affronter les Senators de Belleville, le Rocket disputera ses six parties suivantes loin de la Place Bell.

 

Ça ne laisse pas beaucoup d’options pour le moment présent. S’il ne trouve pas rapidement une façon de décrocher des résultats positifs en territoire hostile, le club-école du Canadien pourrait revenir de ce long voyage en corbillard, ses chances de participer aux séries éliminatoires mortes et enterrées à la fin février.

 

« On en est conscient, on en a parlé, acquiesce l’attaquant Alex Belzile. C’est souvent dans ces séquences-là, en février et en mars, que tu vois le peloton se séparer un peu. Ça va être des matchs cruciaux et il va falloir les approcher comme des matchs de séries éliminatoires, avec l’énergie du désespoir. On est rendu là, même si c’est le mois de février. Va falloir aller à la guerre. Ça va être notre seul moyen de gagner des matchs constamment sur la route. »

 

Le Rocket ne part pas d’aussi loin que le classement ne le suggère. Les optimistes trouveront notamment une source de réconfort dans les résultats que l’équipe a jusqu’ici obtenus à la maison. Depuis le début de la saison, la troupe de Joël Bouchard joue pour ,615 devant ses partisans, un taux d’efficacité qui la place au deuxième rang parmi les équipes de sa division.

 

Si ces équipes sont battables à Laval, il n’y a pas de raison qu’elles ne le soient pas ailleurs.

 

« Sur la route, on ne s’installe peut-être pas aussi rapidement dans nos matchs qu’on le fait à la maison », reconnaît toutefois Bouchard, un énoncé qui trouve écho dans les paroles de Belzile.

 

« Dès le début de la saison, on a  vraiment voulu trouver une identité: avoir des gros débuts de matchs et sortir vraiment forts pour montrer qu’ici, c’est notre maison, expose le meilleur marqueur du Rocket. Quand les autres équipes viennent jouer à Laval, elles doivent savoir que ça ne sera pas une tâche facile. Je pense que ça, on le fait vraiment bien et notre succès est un peu relié à ça. À l’étranger, on a plus de difficulté. »

 

Mais ce complexe se résorbe lentement. Si on exclut les buts qu’il a concédés dans un filet désert, le Rocket n’a donné que huit buts dans ses quatre derniers matchs à l’étranger, des défaites serrées à Lehigh Valley, Hershey et Toronto (deux fois). L’équipe revient de ses voyages bredouilles, mais pas sans espoir.

 

« Tranquillement pas vite, on grandit là-dedans, s’encourage Belzile. Nos départs s’en viennent de mieux en mieux. Avant, on avait peut-être un bon match sur trois sur la route, là c’est peut-être un sur deux. Va falloir être encore plus constant et ne pas trop perdre de temps pour y arriver, mais c’est un processus. »

 

Une excuse transformée en atout?

 

« Je ne pense pas que la différence dans notre jeu soit si grande », répond Bouchard lorsqu’il est question des inconstances géographiques de son club.

 

« Je ne considère pas que nos performances sur la route ont été horribles dernièrement. Est-ce que c’est assez bon? Non. Ça nous prendrait un petit but de plus. Ça vient avec la réalité de progresser et d’apprendre. C’est sûr que dans le prochain voyage, il faut donner un coup pour être encore meilleur. Mais on ne se fait pas dominer sur la route. C’est peut-être juste une petite coche de confiance. »

 

La clémence de l’entraîneur est un signe de sa patience devant l’inexpérience de son groupe.

 

« On a beaucoup de recrues, note-t-il. En fin de semaine, on en avait dix dans l’alignement. C’est 50 % de l’équipe. Pour une équipe comme la nôtre, juste une petite erreur peut faire la différence sur les pointages. La jeunesse et le manque d’expérience, il ne faut pas que tu l’utilises juste comme une excuse. Mais il faut aussi que tu sois réaliste. »

 

Belzile, qui est, à 27 ans, le troisième plus vieux joueur du Rocket derrière David Schlemko et Byron Froese, ne veut pas entendre parler de ce genre de calculs.

 

« Peu importe l’âge, peu importe d’où tu viens, tu es rendu dans la Ligue américaine. Il n’y a pas d’excuse pour ne pas être prêt sur la glace. »

 

« Tout le monde a déjà joué sur la route dans sa vie, on a tous cette expérience en nous, abonde dans le même sens le gardien Charlie Lindgren. Ce n’est peut-être pas l’idéal d’avoir autant de recrues, mais je suis sûr qu’on peut l’utiliser à notre avantage. Pourquoi ne pas profiter de notre vigueur pour surprendre les équipes qui croient pouvoir nous écarter sans trop de difficulté? C’est à nous de prouver qu’on peut le faire. »

 

Le Rocket disputera 17 de ses 29 derniers matchs à l’étranger. Une fiche de 12-5 lui permettrait de conclure la saison avec une fiche de ,500 loin de la maison, un accomplissement dont peuvent présentement se vanter les quatre équipes de leur division qui détiennent un billet pour les séries.

 « Regarde ce que les Flyers de Philadelphie sont en train de faire, affirme Bouchard pour atténuer l’ampleur de la tâche. Ils étaient à 14 points des séries... On en a collé des points, on en a eu des séquences. Il suffit maintenant de les recréer. Si notre game était affreuse, mon discours serait différent. Mais on est proche, on est à côté, on est juste là... »​