LAVAL – Le raisonnement défie peut-être la logique à première vue, mais dans le contexte actuel, Charlie Lindgren pourrait être le plus grand bénéficiaire de l’éclosion de Cayden Primeau avec le Rocket de Laval.

 

Après un début de saison difficile, Lindgren connaît ses meilleurs moments de la saison devant le filet du Rocket. En fin de semaine, il a aidé son équipe à balayer un programme double à Cleveland en réussissant son premier blanchissage de la saison. Son match parfait de 25 arrêts lui a permis de coller une troisième victoire de suite à sa fiche. Il a maintenant affiché un taux d’efficacité supérieur à ,900 dans trois de ses quatre dernières sorties après être arrivé à court de ce seuil dans ses quatre premiers départs. Des progrès modestes, mais tangibles.

 

Visiblement plus confiant devant sa cage, Lindgren attribue avant tout ses succès à l’absence de petits drapeaux rouges dans son dossier médical. À pareille date l’an dernier, le jeune vétéran jouait en dépit d’une cheville endolorie. Sa hanche a ensuite commencé à le faire souffrir et l’a éventuellement forcé à  s’absenter pendant deux mois. En plus d’affecter ses déplacements, la douleur a agi comme une loupe sur sa frustration. Mentalement, la dernière campagne a été éprouvante pour le gardien de 25 ans.

 

« La position de gardien est tellement exigeante mentalement, il faut être sur la coche et savoir se créer une bulle afin de couper l’accès à toutes les distractions. Je sens que je suis dans ce genre d’espace présentement, considère-t-il. J’ai joué huit matchs jusqu’à maintenant et je me sentais vraiment bien dans chacun d’entre eux. »

 

Lindgren est aujourd’hui en pleine forme, donc, mais il y a plus. Pour la première fois depuis que le club-école du Canadien est déménagé à Laval, il n’est pas question d’un ménage à trois à la position de gardien de but. Lindgren et son adjoint cohabitent dans un système d’alternance où les rôles sont mieux définis. Et le fait que cet adjoint soit en train de monopoliser l’attention qui lui a jadis été réservée n’agace pas le moins du monde ce féroce compétiteur, bien au contraire.

 

« Cayden et moi avons une relation incroyable, attestait Lindgren lundi dans le vestiaire du Rocket. J’ai ce gars-là en très haute estime. Je sais qu’il attire beaucoup les regards présentement, mais c’est pleinement justifié. Il vient d’avoir 20 ans et donne l’impression que c’est facile de jouer dans cette ligue. »

 

« Je suis dans le coin de Primeau et je sais qu’il est dans le mien. On se pousse et on se motive mutuellement. Quand il joue bien, il m’inspire. Je sais que je dois faire aussi bien à ma sortie suivante et je sais qu’il voit ça de la même façon. Ça donne une relation de travail très productive. »

 

« Ils font un bon duo, a réitéré l’entraîneur-chef Joël Bouchard. Ils sont compétitifs ensemble, ils se poussent les deux et ça c’est le fun à voir pour un entraîneur. J’en parlais justement à la fin de la pratique aujourd’hui : je pense que nos gars se poussent à marquer plus de buts dans les entraînements et les gardiens se poussent à en accorder moins. Ça donne un esprit de compétition très relevé. Les gars ne font pas juste lancer pour lancer et nos gardiens sont constamment mis au défi. »

 

Même si Primeau n’a que sept matchs d’expérience chez les professionnels, Lindgren estime que son jeune adjoint a beaucoup à lui apprendre.

 

« Tous les gardiens ont des petits trucs qu’on peut déceler et utiliser. Mais quand je regarde Cayden, c’est son grand calme qui me saute aux yeux. C’est drôle, je l’observais avec Stefano [Lanni], notre préparateur physique, l’autre jour à Hartford. Il était debout dans son demi-cercle, il bougeait à peine, tellement relax. Et je le répète, il vient d’avoir 20 ans. Il est incroyable. Encore aujourd’hui, je disais à Marco [Marciano, l’entraîneur des gardiens] à quel point j’appréciais sa compagnie. J’apprends beaucoup de lui et il apprend beaucoup de moi. »

 

Bouchard vantait récemment, dans ces pages, l’attitude irréprochable qu’affichait Lindgren dans la situation dans laquelle il avait été placé. « C’est le gars parfait pour monter un gardien parce que c’est un compétiteur, mais avec de bonnes valeurs », louangeait l’entraîneur.

 

« C’est très important pour moi d’être un bon vétéran et d’entretenir une bonne relation avec mon partenaire, statue Lindgren. Je veux qu’il se sente à l’aise de venir me voir et de me demander n’importe quoi s’il en ressent le besoin.  J’ai joué beaucoup de matchs dans cette ligue et je sais qu’on vise tous les deux. Ça ne peut être qu’une bonne chose d’avoir un peu de saine compétition en chemin. » ​