WINNIPEG  - C’est un David Schlemko déçu, voire frustré que le RDS.ca a rencontré jeudi matin au Bell MTS Place de Winnipeg, après l’entraînement du Rocket de Laval. À 31 ans, Schlemko ne s’attendait pas à être placé au ballottage par le Canadien, lundi, et encore moins à être ignoré par les 30 autres équipes de la Ligue nationale.

« Marc [Bergevin] est venu me voir lundi, après la pratique, pour m’annoncer la nouvelle. J’étais évidemment déçu, je ne l’avais pas vu venir. Mais ça fait partie de la vie d’un joueur professionnel », s’est contenté de commenter Schlemko, visiblement encore secoué par la tournure des évènements.

Depuis son renvoi à Laval, le vétéran qui a disputé 415 rencontres dans la LNH a pu discuter avec Bergevin, mais pas avec l’entraîneur-chef Claude Julien. La nature de la conversation, il préfère la garder confidentielle.

À son arrivée officielle à Laval, mercredi, l’arrière s’est entretenu avec l’entraîneur-chef de l’équipe, Joël Bouchard, qui a mis cartes sur table avec lui.

« Je vais le traiter comme n’importe quel autre de mes joueurs, précise Bouchard. Il est ici pour une raison et on va l’aider à s’améliorer. Je le comprends, je suis passé par là moi aussi quand je jouais, a précisé le pilote du Rocket. On va tout faire pour qu’il retourne dans la Ligue nationale. »

Bouchard souhaite un scénario identique à celui de Karl Alzner, rappelé à Montréal le 26 décembre, après avoir peaufiné son jeu dans la Ligue américaine pendant 10 matchs.

Drôle de coïncidence, ce rappel d’Alzner est survenu après une blessure à Schlemko. Une autre.

« Je sais qu’il ne faut pas dire ''et si...'', mais dans mon cas, c’est difficile de ne pas regarder le passé. J’ai eu beaucoup de blessures depuis un an et demi. Je tente de regarder vers l’avant, de jouer du bon hockey et on verra ce qui va arriver », a souligné Schlemko, qui n’a joué que 18 matchs avec le Canadien cette saison.

L’an dernier, diverses blessures l’avaient limité à 37 rencontres. Et en carrière dans la LNH, jamais n’a-t-il disputé plus de 67 parties en une saison.

C’est d’ailleurs sa résolution pour 2019 : se tenir loin de l’infirmerie.

« J’ai tellement raté de temps en raison de blessures que je veux juste rester en santé et retrouver une constance, a noté l’Albertain. Je veux avoir du plaisir et il faut que je demeure professionnel, peu importe la situation. »

Contrairement à d’autres joueurs, qui ont tendance à blâmer leur entraîneur-chef pour leurs insuccès, Schlemko est loin de lancer des pierres envers Claude Julien. Au contraire, il estime que Julien lui a donné plusieurs occasions de se faire valoir cette saison.

« J’ai eu un bon camp, puis je me suis blessé [premier match : 10 novembre]. Et ma deuxième blessure [avant Noël] m’a vraiment nui, a-t-il évalué froidement. En tant que pro, tu te dois d’absorber les coups, de te relever et de regarder vers l’avant. »

Contrat racheté?

« Regarder vers l’avant », Schlemko n’est pas dupe: il sait qu’un rachat de contrat est une possibilité dans son cas, cet été.

« Je ne veux pas penser à ça. Je veux penser au moment présent », a-t-il répondu sèchement lorsqu’on lui évoque cette possibilité.

En fait, le Canadien aura fort probablement à choisir entre Karl Alzner et lui. Si c’est Alzner, le CH devra lui verser 1,1 M$ lors des six prochaines années, selon le site capfriendly.com. Quant à Schlemko, ce serait 600 000$ pendant deux ans.

Le Canadien pourrait également décider d’échanger Schlemko et de retenir une partie de son salaire, question de le rendre plus attrayant pour les autres formations. Pareil scénario est maintenant possible depuis qu’il a été ignoré au ballottage.

Pas trop dépaysé

Schlemko n’a pas été trop dépaysé pour son premier voyage, puisque le Rocket s’est rendu à Winnipeg en vol nolisé, grâce à son partenariat avec la compagnie Nolinor. De plus, Laval affrontera le Moose ce soir (20h) et samedi (19h) dans le même domicile que les Jets.

« Ça fait changement de ce que c’était quand j’étais dans les mineures, se rappelle Schlemko. On n’avait pas de vol en première classe! Et on n’avait pas des installations comme celles du Rocket. »

Outre trois séjours de « conditionnement », Schlemko n’a pas joué sur une base régulière dans la Ligue américaine depuis 2009-2010, avec le Rampage de San Antonio. Il avait alors 22 ans et faisait partie des espoirs en défense chez les Coyotes.

Neuf ans plus tard, il espère que la Ligue américaine lui servira à nouveau de tremplin pour la Ligue nationale.

En bref

  • Charlie Lindgren sera le gardien de but partant du Rocket ce soir, au Manitoba. Lindgren n’a pas joué depuis le 1er décembre en raison d’une blessure au bas du corps.
  • Blessés, Michael McCarron, Hunter Shinkaruk et Noah Juulsen n’ont pas effectué le voyage. Joël Bouchard n’a pas voulu préciser la nature de leur blessure ni la durée anticipée de leur absence.
  • Juulsen s’est blessé le 27 décembre, à Belleville. Il n’a joué que trois matchs avec le Rocket depuis son renvoi.