LAVAL - Si le Rocket de Laval en a arraché sur la glace à sa première saison, ce fut une toute autre histoire aux guichets, alors qu’il a terminé dans le Top-10 des assistances de la Ligue américaine, avec une moyenne de 6691 spectateurs. Cette année, toutefois, les tourniquets n’ont pas été autant sollicités en début de saison, mais les chiffres enregistrés depuis deux mois indiquent que la situation est en train de se replacer.

 

En effet, depuis le 1er décembre, le Rocket a attiré au moins 5000 spectateurs lors de 11 de ses 14 matchs à la Place Bell, soit près de 80% du temps.

 

Une montée en flèche par rapport aux 12 premiers duels disputés à Laval, où le chiffre magique de 5000 a été atteint uniquement quatre fois (33%).

 

« L’an dernier, il y avait l’effet nouveauté. Là, la lune de miel est terminée, image Mark Weightman, le vice-président du développement et des opérations de la Place Bell et du Rocket. Contrairement au Canadien, on doit se battre pour avoir beaucoup de visibilité. La Ligue américaine est méconnue au Québec. Et c’est normal. Ça faisait 15 ans qu’il n’y avait pas eu de club de la Ligue américaine dans notre province. Notre plus grand défi, c’est que le Rocket devienne un automatisme dans la tête des gens comme le Canadien. Qu’ils sachent que le Rocket est une aussi bonne option hockey et divertissement que le Canadien, mais à un prix vraiment plus modique. Les billets commencent à 25$... »

 

Ça change vite...

 

Les choses peuvent changer vite au hockey. Présentement, le Canadien est en bonne posture pour participer aux séries de la Ligue nationale, alors que le Rocket se retrouve à seulement cinq points de la dernière place donnant accès au tournoi printanier.

 

Mais rappelez-vous de toute cette vague de négativisme entourant le Canadien l’été dernier, après que l’équipe ait terminé au 28e rang de la LNH. Le tout, pendant que son club-école complétait sa première saison à Laval avec seulement 24 victoires en 76 matchs!

 

Se pourrait-il que les mauvais résultats du Canadien et du Rocket, l’an dernier, aient incité les partisans à demeurer à la maison en début de saison? « Je ne sais pas trop, ce n’est pas comme si le Rocket en avait arraché pendant trois, quatre ou cinq ans de suite, opine M. Weightman. Je ne pense pas que nos fans étaient en écoeurantite. Ils ont plutôt rapidement tourné la page sur la dernière saison au moment où on a annoncé l’embauche de Joël Bouchard. Les gens ont alors rapidement compris que les choses allaient changer sur la glace. La formation a changé à 75 ou 80%, alors on s’attendait à un lent départ au classement. Mais depuis une vingtaine de matchs, l’équipe joue mieux et les gens viennent de plus en plus nombreux à la Place Bell. »

 

Évidemment, le meilleur outil promotionnel est la victoire. Et à ce chapitre, le Rocket va beaucoup mieux depuis deux mois. En outre, du 28 novembre au 19 janvier, l’équipe a disputé 16 de ses 21 matchs à domicile, complétant cette séquence avec un excellent dossier de 9-2-5. De quoi convaincre les gens de se rendre à l’aréna.

 

De nouveaux restaurants

 

Mais M. Weightman, comme tout bon dirigeant, en veut encore et toujours plus. Voilà pourquoi la Place Bell est en amélioration constante. Au cours des derniers mois, on y a ajouté les restaurants Gatto Matto, Copper Branch, Cacao 70 et Zouki’s, question d’assouvir l’appétit des partisans, qui avaient jusque-là uniquement la Taverne 1909 comme option à même l’édifice.

 

L’offre dans les concessions alimentaires s’est également élargie, avec l’arrivée des queues de castor, d’un bar à poutine et d’options santé.

 

Tous ces changements ont comme but de plaire à un maximum de gens, mais surtout à une clientèle bien ciblée par le marketing du Rocket : les milléniaux. « Ils ne veulent pas la même chose que les gens plus vieux, croit M. Weightman. Oui, ils veulent regarder un match de hockey, mais ils veulent aussi vivre une expérience. Ils veulent voir et se faire voir. Voilà pourquoi on a créé le bar Seventh Heaven, soit un lounge avec de la bonne musique et un bel éclairage. Quand t’es là, tu ne te sens pas dans un aréna. On a aussi amélioré l’accès à la Taverne 1909, si bien que les gens peuvent y aller pendant le match et ensuite revenir facilement à leur siège. Je le répète : on veut créer une ambiance, une expérience qui va au-delà du match. »

 

Regarder ce qui se fait ailleurs

 

Toujours à la recherche de nouvelles façons de faire, Mark Weightman a multiplié les voyages avec le Rocket cette saison, question de voir ce qui se faisait ailleurs dans la Ligue américaine. Il s’est notamment rendu à Cleveland, Charlotte, Winnipeg, Lehigh Valley et Hershey.

 

Toutes ces expériences lui servent, tout comme la saison qu’il a passée comme conseiller marketing sénior avec l’équipe de Linköping, dans la Ligue suédoise (SHL), en 2017-2018. « J’ai toujours trouvé ça important de voyager pour voir ce qui se fait ailleurs, souligne M. Weightman, âgé de 46 ans. Parfois, tu découvres de nouvelles idées pour ensuite les implanter à Laval. D’autres fois, tu obtiens l’avis des dirigeants des autres équipes qui ont peut-être déjà essayé telle ou telle chose et qui te disent si ça a fonctionné ou pas. Il n’y a rien de pire que de penser que tu es le seul à être bon. Regarder ce qui se fait ailleurs te pousse à être meilleur. Et c’est ce qu’on veut : être les meilleurs de la Ligue américaine non seulement sur la glace, mais aussi en terme d’expérience de match. »

 

Le but visé par Mark Weightman et son équipe de ventes et de marketing ne pourrait être plus clair.