Une statistique qui dérange Chris Terry
Rocket de Laval lundi, 8 janv. 2018. 16:57 samedi, 14 déc. 2024. 14:27LAVAL – Alors que le Rocket de Laval se prépare à attaquer la deuxième moitié de sa saison, Chris Terry domine le classement des marqueurs de la Ligue américaine avec 40 points en 35 matchs. En maintenant la cadence jusqu’au mois d’avril, l’ailier de 28 ans se donnerait une bonne chance de remporter le premier championnat des compteurs de sa carrière.
Terry a l’habitude de flirter avec l’élite de sa confrérie. L’année dernière, il a terminé sa première saison dans l’organisation du Canadien au deuxième rang de la table des pointeurs de la LAH. En 2013-2014, il avait clôturé le calendrier au sixième échelon du même palmarès.
« À ma dernière année junior, j’avais terminé deuxième derrière John Tavares », ajoute l’ancienne vedette des Whalers de Plymouth en riant.
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S’il admet que la possibilité de briser cet historique d’éternel deuxième a commencé à lui trotter dans la tête, Terry est loin de se pavaner avec ses rutilantes statistiques. D’abord parce que son équipe perd plus souvent qu’elle ne gagne, une réalité qui obscurcirait à ses yeux n’importe quel honneur individuel. Mais aussi parce qu’il y a un chiffre qui accapare son attention bien plus que ses 18 buts ou ses 22 passes. Un chiffre qui le dérange.
Même s’il a participé à 35 % des buts du Rocket, Terry affiche un différentiel de moins-12.
« Afficher un différentiel négatif dans les deux chiffres pendant que je suis le meilleur marqueur de la ligue, ce n’est pas idéal. En fait, ce n’est pas le genre de joueur que je souhaite être, a-t-il mis au clair lundi. Je ne veux pas être considéré uniquement comme un gars d’avantage numérique. Je ne veux pas qu’on doute de ma fiabilité en défense, je ne veux pas être sur la glace quand on se fait encaisser des buts. Je veux être celui qu’on envoie sur la glace pour protéger une avance, pour empêcher l’adversaire de marquer en fin de match. »
La confession a de quoi surprendre dans la mesure où le « +/- » est souvent bafoué par les joueurs de hockey, qui n’aiment généralement pas qu’on leur présente leur différentiel comme un miroir qui les confronte à leurs points faibles.
« C’est une statistique qu’on peut prendre avec un grain de sel, reconnaît Terry. C’est vrai que j’ai été sur la glace pour beaucoup de buts qu’on s’est fait marquer dans un filet désert. C’est le genre de situation qui peut faire fluctuer le différentiel. Mais en même temps, je suis capable d’évaluer mon jeu avec lucidité. À Utica, en fin de semaine, j’ai terminé le match à moins-3. C’est ma responsabilité d’être meilleur défensivement et de m’assurer de changer la donne. »
Si les carences défensives de Terry sont indéniables, elles ne sont pas assez prononcées pour effrayer son entraîneur. Depuis environ trois semaines, Sylvain Lefebvre a réservé une vague du désavantage numérique à son franc-tireur, une mission qu’il avait aussi pris l’habitude de lui confier l’an dernier à St. John’s.
« Je suis très à l’aise dans cette situation, affirme Terry, qui sera l’un des deux représentants du Rocket au prochain match des étoiles de la LAH. J’essaie d’utiliser la psychologie inversée en ce sens que je sais ce qu’un avantage numérique essaie d’accomplir. Je me sers donc de mon instinct offensif pour lire le jeu et je crois que les résultats sont positifs. Quand [Adam] Cracknell et moi sommes sur la glace, on est tenaces et on ne donne vraiment pas grand-chose. »
Front chaud, front froid
Après avoir traversé une brève période creuse au mois de novembre, Terry est en feu depuis un mois. Il a récemment maintenu une séquence de neuf matchs avec au moins un point au cours de laquelle il a amassé six buts et dix aides.
À quelques kilomètres au sud, cette vague de chaleur a coïncidé avec la congélation simultanée de tous les attaquants du Canadien. Pendant que Terry brûlait la Ligue américaine, le club de la LNH qui détient ses droits passait six matchs sans marquer plus d’un but.
Terry n’a jamais rempli les filets adverses pendant ses précédents séjours dans la Ligue nationale et il n’aurait probablement pas pu métamorphoser à lui seul l’attaque anémique du CH. Mais l’ajout d’un joueur au bâton bouillant, ne serait-ce que pour tenter de réveiller le jeu de puissance, n’aurait pu nuire.
« Je te mentirais si je te disais que je ne suis pas ce qui se passe avec les Habs, dit Terry, qui a récolté quatre points en 14 matchs la saison dernière avec le Canadien. Mais je suis réaliste. C’est facile de dire "Hey, tu marques des buts comme un fou ici, pourquoi ne te rappellent-ils pas?", mais ce n’est pas aussi simple. De toute façon, j’ai un travail à faire ici et je continuerai à le faire, comme je le fais depuis le début de ma carrière, jusqu’à ce qu’on me dise le contraire. Je vais continuer à faire mes trucs et les laisser prendre leurs décisions. »