La Ligue de l'ouest avait son entraîneur-propriétaire en Brent Sutter, la Ligue de l'Ontario l'a aussi avec Dale Hunter dans le même rôle, le Québec a maintenant aussi son « entraîneur-patron » avec Patrick Roy.

Comme les deux autres, Roy rêve de Coupe Memorial, Sutter l'a gagnée avec ses Rebels de Red Deer en 2001, Hunter l'a fait avec ses Knights de London le printemps dernier, alors Roy s'est sûrement dit qu'il pourrait en faire de même dans un avenir rapproché.

Pourtant, il n'y a pas si longtemps, l'ancien gardien du Canadien et de l'Avalanche avait déclaré à l'auteur de ses lignes : « Jamais je vais être coach ! Ça ne me tente pas d'aller me faire tirer des tomates derrière un banc à Baie-Comeau… », m'avait-il déclaré, le plus sérieusement du monde, dans une conversation à bâtons rompus, au début de la saison 2003-2004. Hier on a eu une preuve de plus qu'il n'y a que les fous qui ne changent pas d'idée.

Roy a avalé de travers l'élimination de son équipe le printemps dernier face aux Saguenéens de Chicoutimi. Après avoir pris les devants 2-1 dans la série quart de final, les diables rouges avaient perdus 3 matchs de suite dont deux à domicile. Sans compter que dans la série précédente, les Remparts avaient peiné pendant 7 matchs pour venir à bout des Tigres de Victoriaville. Le vase a débordé le 16 avril dernier quand les Sags l'ont emporté 8-0 devant plus de 15 000 spectateurs au Colisée Pepsi, pour éliminer les Remparts. C'est probablement ce soir là qu'Éric Lavigne a perdu la confiance de son « boss » et qu'il a commencé à vivre sur du temps emprunté.

Patrick Roy a une forte personnalité et un caractère bouillant. Les joueurs des Remparts ont intérêt à marcher droit car le « 33 » n'a jamais fait dans la demi-mesure.

Même s'il manque d'expérience comme entraîneur, il saura s'ajuster. L'an passé il a conduit l'équipe bantam AA de son fils Frédéric jusqu'à la finale du championnat provincial. Roy, qui a gagné à peu près partout où il est passé, s'est sûrement dit que si Mario Tremblay avait pu hériter du Canadien de Montréal en 1995, sans JAMAIS avoir dirigé un entraînement pee wee dans sa vie, il pouvait sûrement, avec un an dans les rangs bantams, se permettre de « coacher » SON club junior.

L'analogie est quand même frappante, quand on pense qu'il y a 10 ans, le Canadien avait aussi congédié son entraîneur, Jacques Demers, après seulement 5 matchs en début de saison. On connaît la suite. Quelques mois plus tard, Roy, humilié par Tremblay un soir de décembre, quittait le Canadien pour l'Avalanche du Colorado. Le reste fait maintenant partie de l'histoire du hockey au Québec.