L'équipe traverse une mauvaise séquence mais il ne faut pas broyer que du noir. Il faut maintenant se retrousser les manches car la force d'un homme quand il a un genou au plancher, c'est de se relever. C'est la même chose comme équipe.

Guy Carbonneau doit démontrer son sens du leadership et de guerrier pour sortir l'équipe de cette fâcheuse situation. Ce ne sera pas facile mais un entraîneur est payé pour trouver des solutions, lui que l'on sentait émotif et découragé après la partie contre les Oilers d'Edmonton, mercredi.

Il faut bien sûr trouver le moyen de motiver à nouveau les joueurs mais au-delà de jouer entre les deux oreilles de ses ouailles, Carbonneau doit changer les choses en défensive.

La structure défensive est tellement importante. Que ce soit avec des enfants ou avec des adultes, il faut bien jouer dans sa zone parcequ'en attaque, les joueurs vont être capables d'user de leurs talents pour trouver des façons de marquer des buts. Actuellement, le Canadien n'a pas de structure défensive.

Cette situation commence à partir du jeu en zone neutre alors qu'on laisse l'équipe adverse entrer dans la zone défensive trop facilement. Les défenseurs reculent mais pas les avants, avec comme conséquence que l'autre équipe attaque continuellement. C'est là-dessus que Carbonneau doit travailler. Ça ne doit pas être compliqué pour Carbonneau, Doug Jarvis et Kirk Muller, trois spécialistes dans le genre durant leur carrière.

Le Canadien ressemble à une équipe qu'on peut voir au début octobre mais nous ne sommes pourtant en février. Il faut se souvenir de la déclaration de Bob Gainey l'an dernier qui estimait que son club passait trop de temps dans sa zone. Quand tu demeures trop longtemps dans ta zone, tu vas assurément être victime de beaucoup de revirements, tu vas donner des chances de marquer et tu perdras confiance.

La confiance de Price

Devant le filet du Canadien, il n'y a pas eu de gardien dominant depuis l'ère Patrick Roy. Carey Price a perdu confiance. Il suffit de voir sa réaction après chaque mauvais but qu'il accorde. Une grande force de caractère lui permettrait de rester concentré. Moi, j'ai toujours préconisé de pouvoir compter sur un vétéran gardien pour seconder un jeune numéro un. Derrière Price, il y a Jaroslav Halak, mais c'est un autre jeune comme Price. Quand une équipe doute, un bon gardien parvient à rassurer ses coéquipiers en réalisant les arrêts clés, ce que ne fait pas Price.

Est-ce que Price a le caractère pour être un joueur de concession dans un contexte comme celui de Montréal? Jusqu'a maintenant, il a démontré une belle progression mais il prouve qu'il n'a pas encore la maturité et l'expérience. Ça, c'est quelque chose qui ne s'achète pas. Son entraîneur ne peut pas lui en donner non plus mais il peut le rassurer avec Roland Melanson en lui disant que l'équipe a toujours confiance en lui. Ça devrait l'aider mais ce n'est pas à court terme, ce qui place Carbonneau dans une impasse. L'équipe perd et on ne peut pas se permettre de vivre dans la défaite à Montréal. Je pense que la solution passe par une transaction. Gainey doit aider Carbonneau à changer l'ambiance dans le vestiaire.

Carbonneau a utilisé deux défenseurs comme attaquants contre les Oilers. Je comprends la position de l'entraîneur mais je comprends aussi celle des joueurs d'avoir été chatouillés. Il y a une façon de régler tout ça et c'est de se parler. Alex Kovalev pourrait par exemple suggérer des choses à son entraîneur. Ça le motiverait car il se sentirait utile.

L'entraîneur n'est pas aidé par les performances d'Andrei Kostitsyn. Carbonneau ne peut pas compter sur Alex Tanguay et Guillaume Latendresse sont sur la liste des joueurs blessés. Je n'ai rien à repprocher à Matt D'Agostini ou Max Pacioretty, deux jeunes qui apprennent sur le tas dans une situation difficile, ce qui ne les empêche pas de démontrer de la vitesse et du caractère.

La performance des joueurs tels Kostitsyn et Kovalev est inquiétante. Pour sa part, le capitaine Saku Koivu a démontré contre Edmonton qu'il était un travaillant. Michel Bergeron l'a souligné avec justesse, Kovalev n'est plus jeune. Il aura 36 ans le 24 février prochain et on ne peut pas compter sur lui pour être la locomotive de l'équipe. Il pourrait bien compléter d'autres joueurs ailleurs mais il ne peut pas être bon complément à Kostitsyn, Chris Higgins ou Tomas Plekanec. C'est à eux à aller devant le filet.

Si j'étais Bob Gainey, j'essaierais de changer l'ambiance dans le vestiaire. Il faut trouver un joueur dominant et pas seulement à court terme. Il faut un joueur qui peut compléter le caractère de certains joueurs.

Il faut maintenant chercher du positif pour la partie de vendredi au Colorado. Le Canadien est rapide et il peut créer des choses. Pour resserrer le jeu en défensive, il faut compter sur l'implication des attaquants qui doivent venir prêter main forte à leurs arrières.

*propos recueillis par Robert Latendresse