Les Sénateurs arrivent de nulle part
LNH jeudi, 19 mars 2015. 10:24 mercredi, 11 déc. 2024. 14:55BOCA RATON - Les Sénateurs d’Ottawa pourraient s’approcher à deux points des Bruins de Boston et de la dernière place donnant accès aux séries éliminatoires dès ce soir alors que la troupe de Claude Julien fait escale à la Place Canadian Tire.
Surfant sur une séquence de quatre victoires consécutives, les Sénateurs et leur gardien sorti de nulle part Andrew Hammond seront en quête d’un 15e gain à leurs 19 derniers matchs. Hammond sera quant à lui en quête d’un 13e départ consécutif sans accorder plus de deux buts. Mardi, en Caroline, où les Sénateurs ont battu les Hurricanes 2-1, Hammond a égalé un record datant de 1938 alors que Frank Brimsek avait amorcé sa carrière avec les Bruins en amorçant 12 matchs de suite sans accorder plus de deux buts.
Disputer 12 matchs de suite sans accorder plus de deux buts est une séquence impressionnante, même pour les gardiens bien établis dans la LNH. De fait, Henrik Lundqvist, des Rangers, en 2011-2012, est le dernier gardien de la LNH à avoir connu autant de succès que Hammond depuis qu’il est débarqué devant la cage des Sénateurs. Ron Tugnutt, en 1998-1999, est le dernier – et le seul – à l’avoir fait dans l’uniforme des Sénateurs.
Le « Hamburglar » plus connu que Hammond
Sans l’ombre d’un doute, Andrew Hammond est la principale raison qui explique cette remontée au classement aussi improbable que surprenante des Sénateurs.
À Boca Raton où ils étaient réunis depuis lundi, les 30 directeurs généraux de la LNH souriaient lorsqu’ils étaient interrogés sur les récents succès des Sénateurs. « Ce Hamburglar est vraiment exceptionnel », convenaient-ils en chœur. Cela dit, quelques rares DG étaient en mesure d’accoler le nom d’Andrew Hammond à un surnom qui a fait le tour de la LNH à la vitesse grand V depuis qu’il a battu le Canadien le 10 février dernier lors de son premier départ en carrière dans la LNH. Un surnom donné à Hammond alors qu’il évoluait dans les rangs universitaires américains. Un surnom qui offre à la chaine McDonald's une telle publicité que le gardien pourra y manger à satiété et gratuitement jusqu’à la fin de ses jours.
« C’est vrai que tout le monde connaît le « Hamburglar » et que pas grand monde connaît Andrew. Et c’est normal. Quand nous l’avons mis sous contrat en 2013, il était un gardien anonyme évoluant à l’université Bowling Green. Il était bon. Il avait une belle technique, un bon positionnement, une bonne attitude. Mais il affichait une forme insuffisante et était bien loin de la LNH. Nous sommes bien sûr heureux de profiter de ses performances, mais ce serait mentir que de prétendre qu’on s’y attendait », a reconnu le directeur général des Sens Bryan Murray alors qu’il quittait le Boca Raton Beach Club mercredi.
Rassurante et satisfaisante
Bien qu’il convienne que les performances de Hammond et la remontée tardive de son équipe le surprennent, Murray les savoure avec une satisfaction évidente.
« Nos récents succès et la remontée au classement me prouvent que j’avais raison de croire depuis le début de l’année en nos chances d’accéder aux séries. Nous formons une équipe jeune. Nous avons amorcé une transition cette année qui a poussé plusieurs de nos partisans et observateurs de la LNH à balayer du revers de la main nos chances de rivaliser avec les bons clubs de la Ligue. Nous prouvons enfin le contraire. »
Bien qu’ils se rapprochent des Bruins, aux dépens de qui ils ont un match en mains, et des séries, les Sénateurs sont loin d’y être. Après quatre duels entre les deux clubs cette saison, les Sénateurs ont perdu à deux reprises – dont un revers crève-cœur de 3-1 la semaine dernière alors que l’entraîneur-chef Dave Cameron a pris la décision surprenante de favoriser Craig Anderson plutôt que Hammond – en temps réglementaire, alors que leurs deux gains ont été arrachés en prolongation et en fusillade, permettant ainsi aux Bruins d’obtenir des points.
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« Cette défaite de la semaine dernière a fait mal. C’est évident. Mais on peut l’effacer demain (ce soir) et avec encore 12 matchs à faire ensuite, nous aurons l’occasion de les rattraper et de les dépasser », a lancé Murray.
Les Sénateurs pourraient aussi piquer du nez. Car aussi belle soit-elle, la séquence que connaît Andrew Hammond et les Sénateurs pourrait difficilement s’éterniser.
Brian Murray n’est pas d’accord.
« Lorsque j’étais à Anaheim, Jean-Sébastien Giguère a connu une telle séquence. Personne ne marquait contre lui. C’était phénoménal. Tout le monde disait que cela arrêterait un moment donné. Pourtant, il nous a conduits en finale de la Coupe Stanley », se souvient Brian Murray.
Une finale que les Ducks avaient perdue en 2003 aux mains des Devils du New Jersey, de Martin Brodeur et Pat Burns, mais une finale qui avait permis à Giguère de mettre la main sur le trophée Conn-Smythe remis au joueur le plus utile des séries.
« Des gardiens invincibles font de bons clubs d’excellentes équipes de hockey. Vous le savez tous. Les performances d’Andrew nous aident énormément et l’équipe joue mieux devant lui qu’elle ne l’a fait depuis le début de l’année. Au début, je crois qu’ils se donnaient à fond pour lui donner une chance. Pour éviter qu’il soit ridiculisé. Depuis, ils ont confiance en lui. Et cette confiance leur donne l’occasion de jouer du bien meilleur hockey devant lui », d’analyser Murray.
MacLean vs Cameron
Bon! Si les Sénateurs devaient se river à la porte des séries? Quelle leçon Brian Murray tirerait-il de cette saison alors que quelques victoires de plus en début d’année auraient pu faire la différence?
« J’ai peut-être été trop patient en début de saison. Nous avons connu beaucoup de succès avec Paul (MacLean) derrière le banc au cours des dernières saisons. Mais cette année notre style de jeu n’était plus le même. Quand j’ai jonglé avec la possibilité d’effectuer un changement, j’ai demandé à Dave quels étaient ses plans. Je voulais voir un club plus actif sur la glace, un club plus efficace en échec-avant pour récupérer des rondelles, plus agressif dans notre territoire. Nous étions trop passifs en début d’année. La pression sur les joueurs faisait défaut à mes yeux. J’ai peut-être pris trop de temps pour réagir », a reconnu Murray.
On veut bien. Mais après avoir dirigé ses 27 premiers matchs, Dave Cameron affichait exactement la même fiche (11-11-5) que son prédécesseur. Des fiches qui donnaient raison aux observateurs qui qualifiaient les Sénateurs de club de ,500 sans plus. Pas assez pour accéder aux séries.
« Après le changement de coach, les résultats ne sont pas venus. On jouait mieux. On jouait un style plus à l’image de ce que je voulais, mais les victoires ne venaient pas assez. On récolte enfin le fruit de notre travail. Est-ce que ce sera assez ? Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est que cette séquence nous permet de voir le vrai niveau de compétition de nos joueurs. Jeunes comme vieux. Mieux encore on est en mesure de voir que nos jeunes, malgré leur manque d’expérience, répondent très bien sous la pression. Si ça ne couronne pas notre remontée de cette année, ça demeurera très encourageant pour l’avenir», a plaidé le directeur général des Sénateurs.
Et Alfredsson?
Venu prendre sa retraite à Ottawa au début du mois de décembre lorsque les Sénateurs végétaient et que Brian Murray jonglait avec son changement d’entraîneur, Daniel Alfredsson est de retour dans le giron de l’équipe dont il a été le grand leader pendant tant d’années. Bryan Murray voudrait-il faire appel aux services d’Alfie dès cette année pour mousser les chances de son équipe d’accéder aux séries?
« Je suis convaincu qu’Alfie a l’intention de rester dans le hockey et d’occuper une position au sein de l’état-major d’un club. J’espère que ce sera avec nous. Mais il est encore bien trop tôt pour lui de prendre ce genre de décision. Je n’ai pas l’intention de lui tendre de perche dès cette année justement pour lui donner le temps de réfléchir à tout ça et de mettre toutes les chances de notre côté afin qu’il puisse demeurer avec nous. On a du nouveau leadership dans le vestiaire. Erik Karlsson est un capitaine beaucoup plus volubile que ne l’était Alfie, qui donnait l’exemple avec ses performances et l’effort déployé sur la glace. Erik est un joueur exceptionnel. Il parle beaucoup aussi. Des fois, je lui fais remarquer qu’il donne l’impression de vouloir être capitaine, coach et DG en même temps. Mais il assume ses propos dans le vestiaire avec ses performances. Et comme nous jouons mieux collectivement, il n’a plus à prendre les chances qu’il prenait en début de saison et qui n’aidaient pas toujours sa cause et celle de l’équipe. En jouant comme il le fait présentement, il a repris sa place parmi les meilleurs défenseurs de la Ligue. Il est redevenu un des grands responsables de nos succès », a conclu Bryan Murray.
Bien qu’ils soient toujours minés par les blessures, les Bruins de Boston ne feront pas de cadeaux aux Sénateurs à Ottawa jeudi soir. Ils surfent sur une séquence positive de 7-1-2 à leurs 10 derniers matchs. Séquence qui a été précédée de deux autres diamétralement opposées alors que Boston a signé neuf victoires (9-2-1) en 12 matchs avant d’encaisser cinq revers (1-5-2) en huit parties.
Ce duel Bruins-Sénateurs sera présenté à RDS2 parallèlement au match Hurricanes-Canadien sur le réseau principal de RDS.
Bons matchs!