BELLEVILLE, Ontario - Il y a 11 ans, les Sénateurs d’Ottawa surprenaient le monde du hockey en repêchant au 15e rang un petit défenseur du nom d’Erik Karlsson. On connaît la suite. Cette fois, ils espèrent avoir déniché une autre perle suédoise en Erik Brannstrom, le jeune joueur clé obtenu dans la transaction qui a envoyé Mark Stone à Vegas, il y a trois semaines.

 

À 19 ans, Brannstrom — qui ne fait que 5 pi 10 po et 173 lb — ne veut évidemment pas se donner comme mandat de remplacer Karlsson. Pas plus qu’il ne veut faire oublier Stone.

 

Il veut simplement continuer à s’améliorer dans la Ligue américaine, avec les Sénateurs de Belleville, puis atteindre la LNH le plus rapidement possible et être l’un des jeunes joueurs qui refait des Sénateurs la puissance qu’ils ont déjà été.

 

« Bien sûr que je ressens de la pression, Mark Stone est tout un joueur, disait-il samedi avant une soirée de trois passes contre le Rocket de Laval. Mes premiers matchs à Belleville ne se sont pas passés comme je le voulais, mais hier [vendredi], j’ai bien joué. J’étais content d’avoir rapidement une chance à Ottawa et je crois avoir connu un bon premier match dans la LNH [jeudi]. Ça me donne confiance pour le reste de la saison. »

 

À Vegas, Brannstrom a été victime des rapides succès des Golden Knights, qui ont atteint la finale de la Coupe Stanley à leur première saison d’existence. Ça les a fait progresser à vitesse grand V et leur a donné faim.

 

L’été dernier, ils ont sorti le chéquier pour attirer Paul Stastny, puis en l’espace de quelques mois, ils ont sacrifié deux de leurs meilleurs espoirs, Nick Suzuki et Brannstrom, pour acquérir Max Pacioretty et Mark Stone. Cody Glass est le seul « survivant » de la première ronde du tout premier repêchage de l’histoire des Knights.

 

Les Sénateurs ne se plaindront pas de ce changement de cap à Vegas et espèrent avoir remporté le jackpot avec Brannstrom, dont le style de jeu renferme des similitudes avec celui d’Erik Karlsson. C’est du moins l’avis de l’entraîneur-chef à Belleville, Troy Mann.

 

« Le mot qui le résume le mieux, c’est dynamique. Il a une excellente vision du jeu et il est capable de transporter la rondelle, résume Mann. Et même s’il n’est pas très gros, il ne se fait pas frapper. Pourquoi? Parce qu’il sait toujours où sont placés ses adversaires et il lit bien le jeu. Il devra évidemment améliorer son jeu défensif, mais il est bâti sur mesure pour la LNH d’aujourd’hui. Il va aider Ottawa très bientôt, mais il ne faut pas oublier qu’il n’a que 19 ans. Il a encore beaucoup de choses à apprendre. »

 

Déjà deux saisons pro

 

Brannstrom, qui dit aussi s’inspirer de John Klingberg (Dallas), est débarqué à Belleville après avoir récolté 28 points (7-21) en 41 matchs avec les Wolves de Chicago, le club-école des Golden Knights.

 

Une production franchement impressionnante à ses premiers pas en Amérique du Nord, après deux saisons passées à HV71, un club de la Ligue de Suède qui est basé à Jönköping, soit à moins de 50 minutes de sa ville natale d’Eksjö.

 

Ces deux saisons passées dans la SHL, à 17 et 18 ans, l’ont bien préparé pour le défi de la Ligue américaine. « Je me suis bien adapté à la petite patinoire, je crois que ça cadre mieux avec mon style, juge le 15e choix au total en 2017. En Suède, souvent, tu attends derrière ton filet que le jeu se dessine devant toi. Le jeu est plus lent, alors qu’ici, c’est plus rapide. Une seconde, tu as la rondelle et boom, un revirement se produit et il faut que tu défendes. »

 

Des séries à Belleville?

 

Après avoir disputé son premier match dans la LNH jeudi, à Ottawa, contre les Blues de St Louis, Brannstrom sait plus que jamais ce qu’il devra faire pour s’établir dans la LNH. « Je dois améliorer mon jeu défensif et mon positionnement, croit-il. Je dois aussi continuer à améliorer ma vitesse d’exécution, car je ne suis pas très gros. Pour éviter de me faire frapper, je dois patiner vite, mais aussi effectuer mes passes et mes tirs rapidement. »

 

Trois semaines après la transaction, Brannstrom s’adapte à Belleville, où il est entouré de ses compatriotes Marcus Hogberg, Filip Gustavsson et Andreas Englund, de même que de son ancien coéquipier à HV71, Stefan Elliott.

 

Tout ce beau monde espère aider les Sénateurs à se qualifier pour les séries de la LAH. Avec 11 matchs à jouer, Belleville possède quatre points d’avance sur Cleveland et Utica, au dernier rang donnant accès aux séries dans la division Nord.

 

Participer au tournoi printanier donnerait une expérience inestimable aux espoirs des Sénateurs, qui détiennent 11 choix dans les deux premiers tours lors des trois prochains repêchages. De quoi repartir sur des bases solides.

 

Mais encore faudra-t-il que le directeur général Pierre Dorion et son personnel de recrutement choisissent les bons joueurs...

 

  • Erik Brannstrom est l’un des sept défenseurs suédois à avoir été repêchés au premier tour depuis deux ans. Les autres sont Rasmus Dahlin (Buffalo), Adam Boqvist (Chicago), Filip Johansson (Minnesota), Nils Lundkvist (Rangers), Rasmus Sandin (Toronto) et Timothy Liljegren (Toronto).
  • Outre Brannstrom, les Sénateurs entendent bâtir leur défense autour de Thomas Chabot, Christian Wolanin et Jacob Bernard-Docker.