Claude Giroux : « L'isoler pour mieux l'apprécier »
Le 13 juillet 2022, on apprenait que Claude Giroux venait de signer un contrat de trois avec les Sénateurs d'Ottawa. Ce scénario, on l'a vu souvent dans l'histoire de la LNH, soit celui d'un athlète professionnel qui décide de se rapprocher de la maison afin de disputer les dernières saisons de sa carrière près des siens.
Plusieurs l'ont fait par le passé. Pas nécessairement toujours pour les bonnes raisons. Certains l'ont fait pour beaucoup de dollars, mais dans un rôle de profondeur... ce n'est pas le cas ici. Giroux a signé avec les Sénateurs pour se rapprocher de sa famille, oui, mais aussi parce qu'il croyait au projet qu'Ottawa est en train de bâtir. Son arrivée a eu un impact immédiat au sein de la formation.
Il représente déjà une valeur inestimable dans cet environnement de jeunes joueurs talentueux en plein processus d'apprentissage. La formation ottavienne aspire à devenir une équipe de premier niveau pour les années futures, et cette pièce de casse-tête (en raison des expériences du passé et de la capacité à performer avec constance et régularité dans le meilleur circuit de hockey au monde) était exactement celle qui manquait aux Sénateurs.
Lié contractuellement jusqu'en 2024-2025, Giroux se veut être le genre d'ingrédient dont a besoin toute organisation qui désire progresser et cheminer de la bonne manière dans le développement des jeunes, je n'ai aucun doute là-dessus. L'ailier droit de 34 ans est ce que l'on appelle un vétéran d'attitude qui est doté d'une excellente éthique de travail.
Au-delà de sa production offensive actuelle (34 points en 37 matchs), et du fait qu'il représente un des rares joueurs de l'édition 2022-2023 à ne pas se retrouver dans la colonne des moins au niveau du différentiel (plus-2), il est important de noter qu'il présente un taux de réussite de 60,1 % dans le cercle des mises en jeu.
La phrase « l'isoler pour mieux l'apprécier » n'est pas exagérée quand on constate le grand désir de compétitionner chez Giroux et sa capacité à accorder une grande importance aux détails qui font toute la différence entre la victoire et la défaite. Il sert de modèle aux plus jeunes et possède une aura indispensable dans le petit monde des Sénateurs.
Dans un duel à la base jugée inégal entre David et Goliath mardi soir dernier (27 décembre) face aux Bruins de Boston et malgré les difficultés rencontrées dans le cercle des mises (27%) contre un, sinon le meilleur de la profession à ce chapitre (Patrice Bergeron), Giroux, par son calme et sa gestion du match a su inspirer ses coéquipiers.
Sa gestion de rondelle responsable dans certaines situations critiques a influencé plusieurs de ses coéquipiers dans l'art « d'apporter sa game dans la game des Sens », comme le dirait si bien Martin St-Louis. Giroux n'a peut-être pas noirci la feuille de pointage, mais il a joué un rôle clé dans cette victoire, tout comme le vétéran gardien de but Cam Talbot qui a été la raison principale pour laquelle les Sénateurs se sont sauvés avec une victoire de 3-2 en tirs de barrage, avec une performance de 49 arrêts sur 51 tirs et trois arrêts en fusillade.
Deux jours plus tard, face aux Capitals de Washington, Giroux a contribué offensivement par son effort et non pas juste par son talent, spécifiquement sur le but en fin de deuxième période de Tim Stützle qui venait réduire l'écart au pointage à 3-2 avant de retraiter au vestiaire. Puis, en prolongation, le natif de Hearst, en Ontario, a servi une passe savante à Alex DeBrincat, qui a fait mouche pour offrir la victoire aux Sens par la marque de 4-3 dans une situation de 2 contre 0 contre le gardien Darcy Kuemper.
Giroux est actuellement le meilleur franc-tireur des Sénateurs avec 15 buts marqués, et le quatrième meilleur pointeur avec 34 points. Or, bien objectivement, la contribution de celui-ci, et ce depuis le jour 1 de son association avec les Sénateurs, se mesure beaucoup plus au niveau des aspects intangibles. On parle ici autant au niveau de la surface glacée que du parrainage de plusieurs jeunes surdoués dans cet accompagnement pour passer cette étape de « beau joueur » à « bon joueur », et qui sait peut-être même en amener quelques-uns à devenir potentiellement des joueurs d'exception pour la franchise ottavienne.
Le fait de se servir de la pression comme il le fait avec du feu dans les yeux, au lieu de l'éviter, et de carburer à celle-ci dans l'action ne peut qu'avoir un effet des plus bénéfiques pour des jeunes comme Stützle, Brady Tkachuk, Shane Pinto, Josh Norris et Drake Batherson, entre autres, dans ce passage obligatoire vers de jours meilleurs.
Bref, le vétéran de 1055 matchs dans la LNH se veut une présence rassurante et une influence des plus positives par ses actions qui parlent tout simplement d'elles-mêmes.
Jake Sanderson, candidat au trophée Calder? Pourquoi pas!
Se contenter d'être bon, c'est refuser d'être excellent. Cela ne semble définitivement pas être la devise du jeune défenseur Jake Sanderson. Le jeune homme de 20 ans refuse tout simplement de se limiter dans ce qu'il apporte comme contribution à sa première saison dans la LNH. S'il continue comme il le fait présentement, il risque fortement de faire partie des discussions dans la sélection des finalistes au trophée Calder, remis à la recrue de l'année dans la LNH.
Sans rien enlever à plusieurs autres jeunes professionnels qui font flèche de tout bois à l'heure actuelle par leur contribution offensive, comme les Matthew Beniers (Seattle), Matias Maccelli (Arizona), Cole Perfetti (Winnipeg), Mason McTavish (Anaheim), et j'en passe, Sanderson retient l'attention.
Tout comme Kaiden Guhle (Montréal) et Owen Power (Buffalo), le jeu de Sanderson attire l'attention pour des raisons évidentes depuis le début de la présente saison, lui qui évolue dans le top 4 de la formation ottavienne dans le champ-arrière et qui commande déjà de grosses minutes de qualité. Drake Batherson et Jake Sanderson
D.J. Smith ne se gêne pas pour lui donner des qualités-minutes de façon impressionnante face aux meilleurs éléments adverses. Le 5e choix au total de l'encan 2020 de la LNH aura repoussé ses propres limites face aux Bruins de Boston la semaine dernière avec un temps d'utilisation de 27:13, dont 3:25 en infériorité numérique. C'est assez impressionnant à son âge. Plus impressionnant encore, Sanderson est l'un des cinq seuls Sénateurs à ne pas avoir un différentiel négatif parmi les joueurs à avoir disputé au moins 25 matchs. D'ailleurs, il est le seul défenseur sur cette liste. Tyler Motte et Mathieu Joseph sont à plus-3, Claude Giroux est à plus-2, et Sanderson et Derick Brassard sont à 0.
Le jeune joyau en défense est une bête de scène qui ne semble jamais rassasiée. Par la qualité de son jeu, il est capable d'appuyer l'attaque sur une 2e vague, de regagner sa position aussi rapidement et de contrer l'adversaire par un bon découpage de glace. Il possède également une belle qualité d'utilisation de son bâton en zone défensive pour briser les lignes de passes.
Oui, comme plusieurs jeunes de son âge, il a connu une certaine baisse de régime en cours de route depuis le début de saison. C'est cependant tout à fait normal pour le jeune, qui est davantage habitué à un calendrier beaucoup moins exigeant lors des dernières années, lui qui a évolué dans les rangs américains à concurrence d'une trentaine de parties par saison.
La tendance pour la sélection du trophée Calder lors des dernières années semble ouvrir la porte aux défenseurs offensifs, alors que l'an dernier c'était Moritz Seider, des Red Wings de Detroit, qui était couronné. En 2020, c'était l'exceptionnel Cale Makar, de l'Avalanche du Colorado. Sanderson produit moins que ces deux anciens récipiendaires, avec 13 points en 37 matchs.
Est-ce qu'un jour nous pourrions assister à la création d'un tel honneur chez une recrue un peu moins offensive, mais qui apporte autant d'éléments importants, sinon plus, à la game? Cela reste à voir, mais l'idée mériterait d'être considérée. On a qu'à prendre l'exemple du trophée Selke remis annuellement au meilleur attaquant défensif de la ligue.
Un mois de décembre très productif !
Fiche de (8-4-2) et 18 points sur une possibilité de 28, du jamais vu depuis belle lurette dans le paysage des Sénateurs d'Ottawa, et cela, malgré l'absence de joueurs importants au niveau de la charte de profondeur. Le jeu collectif a été beaucoup plus présent en raison de l'application et de l'exécution, tout en prônant davantage la patience, surtout sur les patinoires adverses.
Les joueurs de premier niveau produisent comme ils se doivent et le taux de réussite des unités spéciales a été des plus impressionnants lors du mois de décembre.
Au total, les Sens ont inscrit 18 buts en 56 tentatives en avantage numérique pour un taux de réussite de 32,1%, tout en maintenant un rendement de 88,4% en infériorité numérique, cédant seulement cinq buts à l'adversaire sur 43 occasions. Tout cela a été rendu possible par l'engagement, les sacrifices de plusieurs à se placer dans les lignes de tir (aucun rapport avec le talent) et par le travail effectué par le vétéran Cam Talbot qui a obtenu neuf des dix derniers départs devant la forteresse des Sénateurs, et qui représente une des principales raisons des succès actuels. Alex DeBrincat
Espérons maintenant que les résultats autant au niveau des points accumulés que de la façon de jouer deviennent de plus en plus contagieux dans cette 2e moitié de saison, question de nourrir l'intérêt du marché et des fidèles supporteurs.
Entretemps, j'en profite pour vous souhaiter une bonne et heureuse année 2023! Beaucoup de santé et de bonheur!