Drake Batherson dispute ce jeudi son 18e match de la saison avec les Sénateurs d'Ottawa, son 16e depuis qu'il a été rappelé des Senators de Belleville au début du mois de janvier. Cette saison, Batherson a été dominant dans la Ligue américaine. Il a inscrit 14 buts et 32 passes, pour un total de 46 points en 37 rencontres.

 

La situation était similaire pour Batherson la saison dernière, sa première chez les professionnels, alors qu'il a récolté 62 points en 59 matchs. Il a été limité à 20 matchs dans la LNH, inscrivant un total de 9 points.

 

Tous ces chiffres nous démontrent qu'à 21 ans, Drake Batherson veut maintenant prouver qu'il est rendu à une autre étape de sa jeune carrière, celle de s'établir pour de bon dans le circuit Bettman : « Je dois démontrer que j'ai la capacité d'être constant et d'être à mon meilleur à chaque match. »

 

Pour lui donner les meilleures chances possibles d'avoir du succès, l'entraîneur-chef D.J. Smith n'a pas peur de lui confier un rôle important au sein du top-6 des Sénateurs. 

 

« Il était notre meilleur joueur à Belleville et de loin. Il peut faire des choses avec la rondelle que peu de joueurs sont en mesure de réussir. Pour avoir du succès, il doit jouer au sein d'un top-6. Sinon, il se retrouve dans un 4e trio, avec des joueurs qui n'ont pas les mêmes habiletés que lui. Il n'est pas encore rendu au ''produit final" mais il est un espoir de premier plan pour nous. »

 

Voilà ce qui différencie Batherson de plusieurs autres joueurs qui font le saut des rangs mineurs : il a la capacité de passer d'un top-6 dans la Ligue américaine à un top-6 dans la LNH. 

 

Pourrait-il le faire au sein de toutes les équipes de la LNH? Peut-être pas. Mais avec une équipe en reconstruction on lui confie un rôle important, en s'assurant de le placer aux côtés de joueurs habiles offensivement. Un très grand pourcentage de joueurs qui sont rappelés dans la LNH doivent se forger un rôle qui leur permettra de gagner la confiance de l'entraîneur. Souvent, il s'agit d'un rôle de soutien. Souvent, il s'agit d'un rôle dans lequel le joueur n'est pas entièrement à l'aise, puisque dans sa nature il est un joueur offensif, alors qu'on lui demande un tout autre mandat au niveau de la LNH.

 

C'est là que certains joueurs ont de la difficulté à trouver leur niche. Il est clair que les joueurs de talent doivent également démontrer qu'ils peuvent être fiables défensivement, car il est évident qu'ils ne toucheront pas à la rondelle aussi souvent qu'au niveau inférieur et qu'ils doivent être fiables dans toutes les situations. Par contre, quand on demande à un joueur d'accomplir d'autres choses comme d'être le premier attaquant à foncer en échec-avant, d'être toujours bien positionné ou le premier à se replier défensivement, certains peuvent avoir de la difficulté à effectuer la transition. 

 

Joël Bouchard a souvent dit que mis à part les joueurs exceptionnels comme les McDavid, Crosby ou Ovechkin ou les joueurs de très grand talent, il y a tout un lot qu'il qualifie de « joueurs de hockey ». Ces joueurs doivent trimer dur pour devenir des joueurs indispensables, à leur façon, en développant les qualités dans leur jeu, tout en améliorant leurs faiblesses. Les joueurs qui atteignent les rangs professionnels sont pour la très grande majorité des joueurs qui ont obtenu d'excellentes statistiques dans les rangs junior. La suite, c'est de devenir un professionnel et de démontrer qu'on peut accomplir de nombreuses choses sur la patinoire qui vont au-delà des chiffres. Et une fois qu'on atteint la Ligue américaine, il y a une autre marche importante avant de grimper dans la LNH.

 

Un lien avec Charles Hudon

 

Batherson a été sélectionné 121e au total en 2017, alors que Charles Hudon a été choisi au 122e rang en 2012. Hudon a disputé trois saisons complètes dans la Ligue américaine avant de compléter sa première saison dans la LNH au cours de laquelle il a joué 72 matchs avec le Canadien et obtenu 30 points.

 

Hudon connaît actuellement toute une saison dans l'uniforme du Rocket de Laval, avec une production de 24 buts et 31 points en 40 matchs. Il est devenu un marqueur redoutable et il mène la Ligue américaine avec 14 buts marqués en avantage numérique.

 

Batherson connaît bien Hudon pour l'avoir affronté plusieurs fois : « Il a un excellent tir sur réception, je l'ai vu marquer souvent! Son tir est du calibre de la LNH c'est certain. Il est un bon joueur. »

 

La question est maintenant de savoir si Hudon serait en mesure de transposer ces buts marqués au niveau supérieur, contre les meilleurs gardiens au monde. Batherson souligne que les gardiens sont plus gros et plus rapides dans la LNH, ce qui complique grandement la tâche des attaquants, surtout dans le cas des tirs que les gardiens sont en mesure de bien voir, lorsqu'il n'y a pas de circulation devant le filet.

 

Il y a aussi l'aspect qu'en avantage numérique, le jeu est plus statique, ce qui fait en sorte qu'un tireur est en mesure de se positionner au bon endroit plus facilement et que les passes sont plus faciles à compléter que lors de séquences de jeu à 5 contre 5.

 

Dans la LAH, le temps de réaction est un peu plus grand et permet aux joueurs de lire le jeu plus facilement et de créer des occasions de marquer plus facilement. C'est une autre histoire dans la LNH.

 

« Tu dois t'assurer que tes mains et tes jambes bougent en même temps, indique Batherson. Dans les mineures, tu as plus de temps. Mais dans la LNH, tu dois déjà savoir ce que tu dois faire avec la rondelle dès qu'elle arrive sur ton bâton. »

 

Et c'est là que plusieurs joueurs ont de la difficulté à s'ajuster. On sous-estime souvent à quel point le niveau d'exécution est supérieur dans la LNH, mais surtout à quel point les joueurs sont dans une classe à part au niveau du sens de l'anticipation et de la lecture du jeu. Otto Leskinen a d'ailleurs été grandement impressionné par la vitesse du jeu lors de son séjour de 5 matchs avec le Canadien cette saison. La première chose qu'il a dit à Joël Bouchard quand il lui a demandé ses impressions est : « It's so fast ! »

 

Le but n'est pas de comparer Batherson et Hudon, mais bien de démontrer la difficulté pour certains joueurs offensifs d'obtenir un poste au sein des deux ou trois premiers trios au niveau de la LNH.

 

Chose certaine, les jeunes joueurs de l'organisation du Canadien sont entre bonnes mains avec Joël Bouchard et ses adjoints, qui ont comme objectif d'éliminer les « mauvaises habitudes » de leurs joueurs pour les aider à développer de la constance et ainsi gagner la confiance de leur entraîneur une fois qu'ils seront prêts à atteindre le niveau supérieur. Et une fois rendu à la LNH, il faut répéter ces bonnes habitudes à chaque jour pour y demeurer et produire offensivement, tout en étant un joueur fiable.