Les Sénateurs d’Ottawa rateront peut-être les séries éliminatoires encore cette année.

Avec deux matchs à disputer contre les Rangers à New York et les Flyers à Philadelphie, les Sens doivent remporter ces deux parties difficiles pour maximiser leurs chances. Ils doivent ensuite espérer que les Red Wings de Detroit récoltent moins de deux points dans leurs deux derniers matchs – contre le Canadien jeudi au Centre Bell et la Caroline samedi –, que les Bruins qui ont aussi un calendrier très difficile à Washington, en Floride et à Tampa Bay en récoltent moins de quatre avec trois matchs à faire et que les Penguins en récoltent moins de deux face aux Islanders de New York et les Sabres de Buffalo contre qui ils termineront leur saison.

Pas évident!

Mais si les Sénateurs ont salué leurs partisans une dernière fois en leur offrant cette grandiose victoire de 4-3 arrachée en prolongation aux dépens de Sidney Crosby et des Penguins de Pittsburgh, l’été passera rapidement à Ottawa alors qu’on aura toutes les raisons au monde d’anticiper la prochaine saison avec beaucoup d’optimisme.

Les Sens auraient pu s’écraser mardi soir au Centre Canadian Tire. Facilement à part ça. Après que Sidney Crosby eut donné les devants à son équipe après seulement 10 secondes de jeu, ses coéquipiers Beau Bennett et Patric Hornqvist l’ont imité. Avec un tel déficit en fin de premier tiers, alors que les partisans venus assister au dernier match à domicile de la saison régulière étaient plus tranquilles qu’à leur habitude, on aurait compris.

Et personne ne leur en aurait voulu.

À 14 points des séries le 10 février, les Sénateurs ont effectué une remontée spectaculaire au classement. Avec une seule défaite en temps réglementaire à ses 21 premiers matchs dans l’uniforme des Sens, Andrew Hammond pouvait bien être à court de miracles comme venaient de le démontrer les trois buts marqués à ses dépens. Sans oublier qu’Erik Karlsson, fer de lance offensif de la remontée des Sens, venait de connaître une période difficile comme en témoignait son différentiel de moins 3.

Avec un déficit de 3-0 sur les bras, il restait deux périodes pour se dire au revoir et à l’année prochaine.

Pageau! Pageau! Pageau!

Au lieu de se dire au revoir et à l’année prochaine, les Sens et leurs partisans se sont finalement dit au revoir et peut-être à la semaine prochaine…

Pourquoi?

Parce qu’au lieu d’endormir les Sénateurs avec leur avance de 3-0, ce sont les Penguins qui se sont endormis. À poings fermés.

Marc-André Fleury, qui a finalement encaissé la défaite, a sauvé son club de la catastrophe en leur sauvant un point précieux. « Flower » a effectué 40 arrêts dans le match. Il en a réalisé 33 en deuxième, en troisième et en prolongation alors que son club a été dominé 37-16 au chapitre des tirs au but (21-3 en troisième et prolongation).

Et ne vous fiez pas aux statistiques. Car s’il est vrai que Fleury a été victime de quatre buts sur 33 tirs, il est plus vrai encore que sans ses très nombreux arrêts sensationnels, les Sénateurs auraient marqué deux, trois, voire quatre buts de plus et jamais ce match ne se serait décidé en prolongation.

Trois fois devant Alex Chiasson, une fois devant Erik Karlsson, David Legwand, Mark Stone et Bobby Ryan, Fleury a réalisé des arrêts magiques.

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Pourquoi il a perdu alors?

Parce que Jean-Gabriel Pageau a fait mal aux Penguins comme il a si souvent fait mal au Canadien.

En désavantage numérique, Pageau a foncé au filet des Penguins avant de voir ses efforts récompensés par les dieux du hockey qui ont fait dévier la rondelle qu’il venait de remettre dans l’enclave sur le patin du défenseur Derrick Pouliot qui a offert au petit Gatinois son huitième but de la saison. Comme quoi il ne marque pas seulement contre Montréal…

Ce but marqué avec un peu plus de cinq minutes à faire en période médiane a tout amorcé.

Car pendant la même pénalité que purgeait Marc Methot, David Legwand est passé à un cheveu de marquer lui aussi.

Ces deux jeux ont donné le ton. Les Sens ont terminé la deuxième en force. Ils ont surtout amorcé la troisième avec plus de force encore.

Stone : recrue de l’année

Comme Crosby l’avait fait aux Sens en début de rencontre, Mark Stone a brisé les reins des Penguins en marquant dès la 34e seconde du dernier tiers.

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Ce but, son 23e de la saison, a relancé le débat sur ses chances de coiffer les autres recrues dans la course au trophée Calder.

Non! Stone n’a pas la réputation des Aaron Ekblad – le défenseur des Panthers détient encore mon vote de première place – Johnny Gaudreau ou Filip Forsberg, mais Stone est devenu en deuxième moitié de saison tout aussi important dans les succès des Sens que le sont Ekblad, Gaudreau et Forsberg avec leur club respectif.

Après qu’une autre recrue, Mike Hoffman, eut nivelé les chances en fin de match, Mark Stone, encore lui, a donné la victoire à son équipe en prolongation.

Depuis le 1er janvier dernier, Mark Stone éclipse toutes les autres recrues de la LNH. De fait, on le retrouve parmi les meilleurs marqueurs de la LNH au grand complet.

Ses 44 points en 44 matchs placent la recrue des Sens au 5e rang des marqueurs de la LNH au cours de cette période derrière John Tavares (51 points en 43 matchs), Alexander Ovechkin (50 points en 43 matchs), Jamie Benn (48 points en 44 matchs) et Sidney Crosby (45 points en 41 matchs).

Avenir prometteur

Avec des statistiques aussi percutantes, Stone devrait obtenir sa part de votes dans la course au trophée Calder. Assez pour coiffer ses adversaires au fil? Je ne crois pas.

Mais les performances de Stone, celles de Hoffman et des autres jeunes des Sénateurs permettent de voir l’avenir avec un optimisme taillé dans le roc et non seulement écrit dans les nuages.

Les Sénateurs sont très jeunes. Il manque d’expérience. Il manque peut-être aussi d’un gros joueur de centre. Cela dit, Kyle Turris qui n’est certainement pas le plus gros des joueurs de centre a généré beaucoup d’attaque depuis le début de la remontée au classement des Sénateurs.

La grande question sera : on fait quoi avec les gardiens?

Craig Anderson coûte cher et il est toujours sous contrat pour les trois prochaines années (12,6 millions $). Est-il vraiment le gardien numéro un des Sénateurs? Il a failli à la tâche trop souvent depuis qu’il est arrivé à Ottawa. Et bien que ses statistiques donnent l’impression qu’il fait partie de l’élite de la LNH, il a la vilaine habitude d’accorder des mauvais buts aux mauvais moments. Casser sous la pression, c’est la pire réputation qu’un gardien peut avoir.

Robin Lehner? Il est encore sous contrat pour deux ans (5,95 millions $) et il sera peut-être plus facile à échanger qu’Anderson – à moins que Buffalo qui n’a pas de gardien numéro un se tourne vers Anderson en raison de sa relation avec Tim Murray, ancien DG adjoint à Ottawa, certains diraient que c’est justement pour cette raison que les Sabres ne voudront pas de lui – si les Sénateurs décident de garder Andrew Hammond l’an prochain.

Avec sa fiche de 18-1-2 depuis qu’il a amorcé son premier match en carrière face au Canadien le 18 février dernier, Hammond mérite-t-il la chance de prouver l’an prochain que ses succès de cette année ne sont pas que le fruit du hasard?

Les Sénateurs seraient bien fous de ne pas tenter le coup. Surtout si Hammond les aide à accéder aux séries, ce qui tiendrait du miracle, et à peut-être franchir la première ronde, ce qui serait plus miraculeux encore.

On verra.

Ce qui est certain, c’est que même s’ils n’accèdent pas aux séries cette année, les Sénateurs viennent de prouver dans leur remontée qu’ils ont su profiter de leur année de transition et qu’ils feront partie des clubs à insérer dans le groupe des huit équipes invitées en séries l’an prochain.