Fin psychologue, fin stratège, Guy Boucher aura priorisé la carte des émotions lors du match no 5 de la série face aux Rangers. L’entraîneur-chef des Sénateurs a décidé de miser davantage sur l’aspect intangible de la « game », question de nourrir une confiance fragilisée suite aux défaites subies au Madison square Garden de New York.

Après les deux matchs dans la Grosse pomme, Ottawa représentait véritablement un animal blessé. Face à cette situation, Boucher, homme de hockey expérimenté aura préféré mettre cartes sur la table et renforcer le fameux slogan entourant sa formation : « All In » au lieu de les garder collé à sa poitrine.

En insérant un vétéran de la première heure en Chris Neil et surtout en annonçant cette décision aux joueurs la veille du match, le message ne pouvait être plus clair. Personne n’avait l’intention d’abandonner.

Considérant que le statu quo n’était plus de mise, l’insertion du vétéran Neil, malgré seulement deux minutes et des poussières de temps d’utilisation, aura créé l’effet escompté.

Loin des « X et des O », l’approche de Boucher et de son personnel hockey aura davantage été centrée sur le droit devant et sur l’importance de se concentrer d’abord sur le jeu et non l’enjeu. Il s’agit là d’une orientation qui aura influencé la procédure à suivre. De cette façon, on s’assurait d’éviter de trop penser dans les moments critiques. On peut dire que tout cela aura permis à certains d’affronter cette peur de l’échec potentiel.

« L’effet Neil » aura représenté un effet de motivation et de respect, qui de façon indirecte, aura réussi à faire grandir et grossir plusieurs au niveau de la surface glacée. Les joueurs se sentaient sécurisés par la seule et unique présence de celui qui salivait à l’idée de ce retour éventuel dans l’alignement, après plus de deux mois d’inactivité.

Comme l’a si bien mentionné Boucher : « Pour faire un gâteau au chocolat, ça prend du chocolat ». Boucher avait utilisé cette métaphore question d’imager l’impact du retour inattendu de celui qui a le logo des Sénateurs tatoué sur le cœur depuis plusieurs années.

Une carte qui en bout de ligne aura bien servi les Sénateurs, comme le retour inattendu de Clarke McArthur après 18 mois d’absence, ainsi que Craig Anderson en raison d’une situation familiale.

Des émotions fortes, mais bien calculées et jouées avec brillance dans le dossier de Neil par celui qui a le mandat d’apporter et de trouver des pistes de solution face l’adversité.

Tout ce scénario m’a fait étrangement penser à celui du défunt Pat Burns. Alors qu’il était entraîneur-chef des Devils en 2003, il a décidé d’insérer Ken Daneyko lors de la partie no 7 de la finale de conférence entre les Devils du New Jersey et les Sénateurs d’Ottawa.

Cette insertion, combinée au vibrant message dans le vestiaire du vétéran Joe Nieuwendyk dans ce match sans lendemain aura éventuellement permis à la formation des Devils de remporter les grands honneurs face aux Ducks d’Anaheim.

Bref, du « Human Thing » à l’état pur, qui aura permis, à court terme, à plusieurs joueurs de premier niveau comme Turris (méconnaissable dans tous les sens du mot), Stone, Hoffman et Brassard de performer à la hauteur de leur plein potentiel.

Or, loin d’être terminée, cette série pourrait fort possiblement se rendre à la limite de sept parties. À moins que le choc subi par la formation new-yorkaise ait un effet déstabilisateur sur le niveau de confiance de la troupe d’Alain Vigneault sur le court terme, on pourrait très bien revoir ces deux formations à Ottawa pour la présentation d’un match ultime.

Contre toute attente à ce jour, et ce même si les deux forces en présence étaient dans le premier tiers du circuit Bettman au niveau des matchs remportés sur la route cette saison, cette série en est une de « homer ». On sait bien qu’en séries éliminatoires plus que jamais les petits détails peuvent faire pencher la balance dans un sens comme dans l’autre.

Les Rangers n’ont pas dit leur dernier mot !

En contrepartie, de penser un seul instant que la troupe du chevronné et expérimenté homme de hockey Alain Vigneault ne trouvera pas solution à ses problèmes serait de mal connaître cette formation. Une formation qui a su apporter les ajustements nécessaires le moment venu, surtout lors de ses deux dernières parties à domicile.

Les Rangers représentent une équipe bien servie par son expérience lors de moments critiques. C’est aussi une équipe qui a été en mesure de répondre de façon plus que positive lors des différents défis érigés devant elle depuis le début des présentes séries.

Face à l’élimination devant leurs propres partisans, les Rangers feront certainement appel à l’expression « avoir le couteau entre les dents ». Une expression qui devrait techniquement servir de leitmotiv dans cette partie sans lendemain pour la formation de la Grosse pomme.

On s’attend à une foule partisane à son plus haut niveau, qui de façon intimidante sollicitera un certain contrôle des émotions chez les Blue Shirts, question d’éviter de se laisser gérer par celles-ci.

On aura droit à des Rangers qui lutteront pour leur survie, avec comme objectif principal de forcer la tenue d’un match no 7 jeudi soir prochain au Centre Canadian Tire.

Bon courage aux sinistrés !

Même si cela n’est pas nécessairement la tribune pour le faire, je tiens à souhaiter le plus grand courage aux sinistrés des dernières semaines en raison des fortes inondations dans la province et surtout dans la région de l’Outaouais.                

Reconnaissant que cela n’est pas chose facile et que ça représente un effet déstabilisateur pour plusieurs d’entre vous, cet esprit de solidarité des derniers jours nous rappelle quelles sont les vraies valeurs de la vie.

N’ayant pas comme objectif de faire la morale à qui que ce soit, je tiens simplement à souligner cette coopération et cet élan de générosité lors des moments critiques que sont en train de vivre plusieurs citoyens. Cette solidarité citoyenne mérite grandement d’être soulignée et ça donne espoir pour la suite des choses.

Bon courage !