Oui, un certain vent d’enthousiasme souffle sur la capitale nationale après la fin de saison encourageante des Sénateurs d’Ottawa. Or, même après le bilan somme toute positif de la part du directeur général Pierre Dorion, une certaine prudence est de mise.

 

Il faut reconnaître la belle progression de plusieurs jeunes espoirs de l’organisation, qui ont été repêchés ou acquis via transactions. Il se sont bien développés au cours des dernières saisons, et pour la forte majorité du temps les Sénateurs ont réussi à respecter le processus, tout en évitant les erreurs du passé, là où on a manqué de patience à l’occasion.

 

Nourris par la présence de plusieurs joueurs de 22 ans et moins dans la formation depuis la date limite des transactions, les Sens ont connu une excellente fin de saison autant au niveau de la performance sportive, grâce à une meilleure participation et collaboration collective, qu’au niveau des petits détails, avec notamment un plus grand engagement sur les 200 pieds de la patinoire et ce, sans dénaturer l’ADN de certains joueurs. Cela a permis à la formation ottavienne de mieux compétitionner, de jouer le rôle de trouble-fête et de surprendre dans la colonne des résultats dans le dernier tiers du calendrier régulier, même si cela ne représentait pas l’objectif principal.

 

Avec une fiche de 10-3-1, Ottawa a été méconnaissable en fin de saison, tant dans la discipline du jeu que dans la colonne des buts alloués. D’ailleurs, à leurs 14 dernières sorties, les Sens ont concédé en moyenne 2,21 buts par match, contrairement à 3,78 lors des 42 premières parties de la saison régulière. Ce retranchement de 1,57 but alloué est l’une des statistiques les plus révélatrices de cette prise de conscience des hommes D.J. Smith, et d’une plus grande constance devant le filet, évidemment.

 

Malgré tout le positivisme des deux derniers mois, surtout en lien avec la forte présence de l’élément jeunesse, la majorité du travail accompli dans cette phase de reconstruction sera à recommencer en septembre prochain.

 

Le piètre début de saison devra certainement servir d’apprentissage et on se devra de ne pas répéter les mêmes erreurs qui ont peut-être, avec une certaine réserve, privé l’équipe de D.J. Smith de demeurer au plus fort de la lutte pour obtenir une place en séries éliminatoires. Avec une fiche combinée de 2-12-1 pour commencer l’année, disons que les Sénateurs se sont immédiatement sortis de la course, ou presque. Espérons que le tout aura été fort salutaire dans la courbe d’apprentissage des jeunes de l’organisation.

 

Après avoir connu une fin de saison des plus respectables, le fait de manquer de respect envers la « game », en pensant que tout leur est maintenant acquis, serait le signe d’un grand manque de maturité.

 

Ces jeunes doivent demeurer dans la recherche constante « d’apprendre et de progresser ». Ils devront prendre de la maturité physique afin de répondre le plus adéquatement possible aux grandes attentes de la prochaine saison. Ils devront aussi faire preuve d’une grande discipline, tant sur la glace qu’à l’extérieur. Le moindre relâchement pourrait être néfaste pour certains dans ce milieu et dans cette jungle ultra compétitive.

 

Logan BrownMouvement de personnel à prévoir

 

« Trop c’est comme pas assez » dit-on, et chez les Sens c’est un peu ce qui se passe avec la grande banque de choix de l’équipe et de la présence de plusieurs jeunes du même groupe d’âge, surtout à la position d’attaquants.

 

Cette situation pourrait être tentante pour Dorion, qui voudra peut-être flirter avec le marché des transactions question de colmater certaines brèches pour le moyen terme et ainsi offrir un certain encadrement aux plus jeunes de l’équipe.

 

Il y a potentiellement déjà quelques lignes qui ont été lancées à l’eau avec certains confrères du milieu à la recherche d’espace sur la masse salariale, soit de jeunes joueurs pour maintenir un sain équilibre au niveau de la charte de profondeur. Je pense ici notamment aux Flyers de Philadelphie et aux Flames de Calgary, entre autres.

 

Connaissant Dorion et les attentes organisationnelles, il serait surprenant que ce dernier demeure les bras croisés dans les prochaines semaines menant au repêchage d’expansion, au repêchage amateur et au marché des joueurs autonomes.

 

Le DG des Sénateurs sera bientôt confronté à de grands défis, avec plusieurs contrats à renouveler, dont celui de Brady Tkachuk, qu’on ne voudra certainement pas perdre. Dorion connaît son rôle et les attentes placées envers lui, donc je suis certain qu’il ne s’éloignera pas de son plan et de ses objectifs.

 

Or, l’exercice demandera beaucoup de rigueur et de lucidité, surtout lorsqu’on a un propriétaire comme Eugene Melnyk, qui est très impliqué. Chose certaine cependant, l’avenir de cette franchise pointe de plus en plus vers de jours meilleurs, ce qui est grandement positif pour les amateurs de la région.

 

Troy MannTroy Mann :  respect de la mission, de la vision et des valeurs

 

Comme la plupart de ses confrères dirigeants dans les rangs professionnels mineurs, à sa troisième saison derrière le banc des Senators de Belleville, Troy Mann a accompli tout un travail. Ce serait un manque de respect de ne pas le reconnaître et de ne pas donner crédit à cet homme de hockey qui a su respecter la mission, la vision et les valeurs de l’organisation dans le développement et le cheminement des jeunes espoirs des Sénateurs.

 

On a facilement pu remarquer une belle progression chez plusieurs joueurs qui ont été rappelés au sein du grand club cette saison. Ces derniers offraient une belle qualité de jeu et ils ont démontré qu’ils étaient capables de faire face à de la compétition de haut niveau. Mann a aussi joué le rôle d’un bon père de famille envers certains autres jeunes, qui eux, ont vécu une certaine déception après avoir été retranchés et cédés aux mineurs.

 

Il s’agit d’une dure réalité que celle de faire ce mini-deuil de la victoire à tout prix, afin d’accepter d’être à la remorque du grand club. La prise de décision n’est pas la même et ces entraîneurs de la ligue américaine doivent s’adapter aux différents changements internes. Chose que Mann a su faire avec brio.

 

Pour les Mann, Joël Bouchard (Laval), Pascal Vincent (Manitoba) et Benoit Groulx (Syracuse), pour ne nommer que ceux-là, leur plus grande satisfaction demeure celle de contribuer à leur façon aux succès du grand club.

 

On juge leur succès et leur performance avec le développement et le cheminement des jeunes actifs et non avec le ratio victoires/défaites. Bref, chapeau à Mann et à tous ces entraîneurs des ligues mineures qui font un travail colossal.

 

Voilà pourquoi, lorsqu’une organisation de la LNH décide de procéder à un changement de garde derrière le banc, elle se doit au minimum de jeter un regard à l’interne et considérer la candidature des hommes de hockey qu’on possède déjà avant de chercher à tout prix un candidat externe!

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