Martin : un mentor pour Alfredsson?
MONTRÉAL - Les Sénateurs d'Ottawa n'avaient plus le choix.
Après quatre défaites de suite, sept lors des 10 derniers matchs (3-7-0) et 15 depuis le début de la saison, 15 revers encaissés en temps réglementaire (11-15-0), il était plus que nécessaire de relever D.J. Smith de ses fonctions.
Smith aurait pu être congédié bien plus tôt. Il aurait peut-être même dû être limogé plus tôt.
De fait, lors de l'annonce, il y a 12 jours, de l'embauche de Jacques Martin à titre de conseiller sénior à l'entraîneur-chef et ses adjoints Davis Payne et Jack Capuano – ce dernier a évité le couperet, mais il est libre de quitter le navire si telle est son intention – plusieurs qualifiaient d'imminent le renvoi de D.J. Smith
En attente de l'embauche d'un successeur à Pierre Dorion à la direction générale, le président Steve Staios et le nouveau propriétaire Michael Andlauer tenaient à miser sur la patience. Comme le duo Jeff Gorton – Kent Hughes l'avait fait avec le Canadien en 2021-2022 avec l'entraîneur-chef Dominique Ducharme qui avait survécu au congédiement du son patron et directeur général Marc Bergevin.
La glissade vertigineuse du Canadien avait finalement forcé le duo Gorton-Hughes à remplacer Ducharme par Martin St-Louis après la 45e partie de la saison. L'état-major des Sénateurs s'est retrouvé dans la même position… après 26 rencontres seulement.
Une saison à sauver
Avec encore 56 matchs à disputer, les Sénateurs peuvent encore espérer sauver la saison. Il sera difficile, même très difficile, d'accéder aux séries pour une première fois en sept ans. Mais le simple fait de revenir dans la course servirait de tremplin vers une relance sur des bases nouvelles l'an prochain.
C'est le défi que Jacques Martin devra relever à son deuxième séjour derrière le banc de l'équipe.
Martin dirigera, mardi soir, en Arizona, un bien meilleur club de hockey que celui dont il avait hérité le 27 janvier 1996.
Mais le défi d'aujourd'hui demeure le même que celui qu'il a relevé, avec brio est-il besoin d'ajouter, il y a près de 27 ans.
Martin doit établir des structures au sein d'une équipe qui n'en a pas suffisamment. Autant à l'attaque qu'en défense. Il doit raviver une confiance qui a visiblement disparu. Il doit redonner un brin de crédibilité, sur la patinoire, à un club qui en manque énormément.
Parce que les Sénateurs comptent sur Brady Tkachuk, sur Tim Stützle, Claude Giroux, Jakob Chychrun et un groupe de joueurs prêts à faire des «Sens» un club gagnant, l'électrochoc que le départ de D.J. Smith et l'entrée en scène de Jacques Martin pourraient donner des résultats intéressants et paver la voie à l'avenir prometteur qui se profile devant cette équipe depuis un an ou deux. Un avenir prometteur qui s'est limité à un mirage depuis un an ou deux.
D'où la frustration des partisans et la décision que l'état-major a été contrainte de prendre au lendemain de la dégelée de 6-3 encaissée à Las Vegas.
Donner au suivant
Bien qu'il mettra son expérience, des heures et des heures de travail au service des Sénateurs pour redresser l'équipe, Jacques Martin ne sera pas celui qui bénéficiera de la relance qu'il orchestrera.
À 71 ans, je serais très surpris que Martin soit vraiment intéressé à regarder plus loin que le reste de la saison.
Du moins pour le moment.
D'ailleurs, quand il a accepté l'invitation de Michael Andlauer il y a deux semaines, Martin avait accepté de suivre l'équipe jusqu'à la fin de la saison afin de pouvoir bien analyser le travail accompli et proposer les correctifs ou ajustements qu'il considérait nécessaires.
Mais dès l'an prochain, si ses services avaient toujours été requis, c'est à distance que Martin préférait poursuivre son mandat.
Alfie dans tout ça?
C'est là où la nomination de Daniel Alfredsson à titre d'adjoint devient plus qu'intéressante.
Martin et Alfredsson sont des complices de longue date avec les «Sens». Martin est toujours l'entraîneur-chef le plus décoré de l'histoire de cette équipe et «Alfie» détient tous les records significatifs de l'organisation.
Daniel Alfredsson a toujours affirmé qu'il tenait à jouer un rôle important au sein de son ancienne équipe. Il a tenté sa chance au sein de la direction. L'expérience l'a laissé sur sa faim.
Depuis le premier jour où il a posé les patins sur la patinoire pour venir offrir quelques conseils aux joueurs, Alfredsson a souligné à quel point il était heureux de revenir sur la glace. Il a aussi souligné que sa place derrière le banc, lors de la tournée de l'équipe dans sa Suède natale, plus tôt cette saison, lui permettait de se rapprocher le plus des sensations qu'il a vécues à titre de joueurs.
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Loin d'être dans le secret des Dieux du hockey, j'interprète la présence d'Alfredsson à la droite de Jacques Martin comme un stage au cours duquel «Alfie» pourra bien sûr apprendre les rouages du métier.
Mais aussi, mais surtout, comme une période de transaction au cours de laquelle il pourra établir si ce travail plus qu'exigeant est fait pour lui, et qu'il a bel et bien envie de relever ce nouveau défi.
Bob Gainey a fait cet exercice avec Guy Carbonneau avant de lui offrir le poste d'entraîneur-chef.
Martin St-Louis n'a pas eu besoin en mentor à Montréal. Il est passé de l'équipe mineure de son garçon, au Connecticut, au Canadien de Montréal du jour au lendemain.
C'est vrai.
Mais à Montréal, St-Louis a hérité d'un club qui repartait à zéro, ou presque, ce qui lui permettait de faire ses classes en même temps que ses jeunes joueurs.
À Ottawa, c'est différent. Les Sénateurs sont loin en avant du Tricolore en matière de reconstruction.
Ça ne parait pas au classement que vous direz.
Et c'est justement pour cette raison que Jacques Martin débarque derrière le banc avec, comme double mandat, de relever l'équipe et de préparer un éventuel successeur que je vous réponds.
Et si Alfredsson conclut que ce job n'est pas pour lui?
Les Sénateurs, qui auront alors sans doute un nouveau directeur général pour travailler en collaboration avec Steve Staios, auront tout plein de candidats vers qui se tourner. Jay Woodcroft? Benoit Groulx? Claude Julien et tout plein d'autres? Sans oublier le nom de Patrick Roy dont les visites dans la région d'Ottawa seront suivies avec plus d'attention encore…
Pour toutes ces raisons, les Sénateurs seront très intéressants à suivre lors des 56 prochains matchs.