Ne pas paniquer de l’intérieur. Que l’on soit en accord ou non, telle semble être la devise préconisée par les hommes de hockey des Sénateurs d’Ottawa.

Malgré les différentes rumeurs et controverses, et malgré toute cette spirale négative des dernières semaines, la haute direction semble s’appuyer sur ce dicton pour tenter de redresser la barre d’une équipe qui vacille depuis le début de la saison. 

De son côté, l’entraîneur-chef, Guy Boucher tente tant bien que mal de doser ses réponses face aux différents questionnements des médias par rapport aux insuccès de la formation ottavienne.

Tout comme le canard qui a l’air calme en surface, mais qui travaille fort sous l'eau, Boucher demeure calme face à toutes ces critiques. Or on sait tous qu’il redouble d’ardeur en arrière-scène.

Tout en reconnaissant que les Sénateurs ne sont toujours pas sortis de l’auberge en raison de leur position précaire au classement, on a pu apercevoir certains indicateurs positifs lors des deux dernières parties. Cela tend à renforcer le discours véhiculé par Boucher lors des derniers jours.

Comment expliquer ce redressement des deux derniers matchs? D’une part, un gardien de but plus stable en Craig Anderson. D’autre part, un capitaine qui se comporte comme un meneur d’hommes et un leader, non pas par ses paroles, mais par ses actions et par sa façon de compétitionner.

Erik Karlsson a joué de grosses, très grosses minutes lors du dernier match face à la Sainte-Flanelle, avec 32:55 de temps d’utilisation, en plus de décocher sept tirs au filet, de bloquer huit lancers et de terminer la rencontre avec un différentiel de plus-3.

Or, le plus impressionnant ç’aura été le comportement et l’attitude générale du vestiaire qui, au niveau collectif, a démontré des signes encourageants, avec un vrai concept d’unité. Un concept qui avait l’un des principaux éléments expliquant le succès des Sénateurs l’an dernier.

Avec une deuxième victoire consécutive – une première depuis le voyage du 10-11 novembre dernier en Suède – et avec la façon dont celles-ci ont été acquises, cela laisse présager un avenir plus rose pour Ottawa, mais surtout un retour du plaisir perdu dans ce creux de vague des dernières semaines.

De bonnes et de moins bonnes émotions

La semaine dernière, le directeur général, Pierre Dorion, a effectué une sortie publique à quelques heures de l’affrontement face aux Rangers de New York.

Cette sortie nous a vite permis de constater la physionomie de l’individu, mais surtout que le principal concerné vivait, au point de vue hockey, des moments difficiles depuis son entrée en poste à titre de DG. La pression était grande et certaines situations l’ont particulièrement dérangé.
 

Dorion a tout de même été réceptif jusqu’à un certain niveau face à tout ce qui s’est passé, tant à l’interne qu’à l’externe. Il a été à l’écoute de plusieurs, dont sa garde rapprochée, tout en prenant la température de l’eau face aux possibilités de procéder à une transaction.

Un peu à la sauce Ron Hextall (Philadephie) – dans sa sortie des dernières semaines – le discours de Dorion et ses clarifications ne pouvaient être plus claires.

Les attaquants se doivent d’être meilleurs, la défense doit être meilleure et les gardiens de but doivent être meilleurs. La solution se trouve davantage à l’interne qu’à l’externe. Voilà l’essence du message du DG des Sénateurs.

En évitant les mots « vote de confiance » envers son entraîneur-chef, mais en démontrant tout de même un aplomb et une forte confiance envers lui, Dorion aura quelque peu calmé la situation et mis fin aux spéculations. Il se devait de le faire en raison de la fragilité du moment.

Or, il existe un monde de différence dans le choix des mots utilisés. Certains diront qu’il s’agissait du baiser de la mort pour son homme de confiance et que son compte à rebours était lancé.

Pourtant, ce même Guy Boucher était idolâtré pas plus tard que l’année dernière, alors qu’il avait effectué un travail colossal permettant le redressement de cette équipe qui en avait grandement besoin.

Eugene MelnykCertains ne pardonneront pas à Eugene Melnyk

Peut-être qu’au niveau du contenu il avait en partie raison, mais reste que dans la façon, il faut le reconnaître, le propriétaire des Sénateurs d’Ottawa, Eugene Melnyk, a été fort malhabile lorsqu’il a tenté de faire passer son message à quelques heures du match de la Classique 100 de la LNH.

Au lieu de profiter de cette tribune pour clarifier de façon constructive certaines de ses inquiétudes à titre de propriétaire, Melnyk a préféré rajouter de l’huile sur le feu en menaçant un marché déjà très fragile, là où rien ne peut être tenu pour acquis.

Il ne faut pas oublier tout cet élément de précarité entourant la négociation et la réalisation potentielle d’un nouvel amphithéâtre dans le centre-ville d’Ottawa et de la sensibilité vis-à-vis ce dossier.

Malgré de fortes sommes engagées dans la gestion d’une formation de la Ligue nationale, Monsieur Melnyk aura vite réalisé qu’en bout de ligne, en tant que propriétaire, il ne représente qu’un franchisé et non le franchiseur lui-même. Il n’a malheureusement pas le plein contrôle sur la vision et les orientations futures des différents marchés.

Or, sans banaliser pour autant les inquiétudes du propriétaire face aux sièges vides du Centre Canadian Tire, et ce malgré les succès de la précédente saison, le moment était définitivement mal choisi.

Une impression de déjà-vu chez le Canadien

Désolant est le mot qui me vient à l’esprit après ce rendez-vous manqué du Canadien de Montréal face aux Sénateurs d’Ottawa lors de la Classique 100.

C’était frustrant au niveau de la performance, alors que plusieurs joueurs ont décidé de jouer aux passagers, tout ça dans un moment où le sentiment d’urgence se devrait d’être au rendez-vous.

Une situation embêtante pour certains, mais moins pour d’autres qui, eux, donnent l’impression d’être en mode attente d’un éventuel mouvement de personnel de la part du directeur général Marc Bergevin.

Cela ne changera pas, alors qu’il y en aura toujours qui vont penser que l’herbe est plus verte chez le voisin. Ces mêmes joueurs se voient habituellement davantage dans la solution et non dans le problème.

Bref, il s’agit d’une bien mauvaise façon d’agir face à l’adversité, ce qui laisse place à de sérieux questionnements quant à l’ambiance actuelle au sein du vestiaire du CH.

Chose certaine, le mot « imputabilité » ne semble pas faire partie du vocabulaire de tous les joueurs...