MONTRÉAL – Et si le Canadien commençait – juste un peu - à sentir la soupe chaude?

Dave Cameron a soulevé l’idée, vendredi soir, après la victoire de 5-1 des Sénateurs au Centre Bell. Maintenant qu’il a vu son équipe s’extirper d’un déficit de 0-3 en remportant deux matchs sans lendemain, l’entraîneur dit sentir ses joueurs plus à l’aise et l’adversaire un peu plus tendu.

« Quand on s’est retrouvés face à l’élimination, la pression était sur nous. Mais chaque nouvelle victoire prolonge notre espérance de vie et fait balancer la pression un peu plus en direction de Montréal », a répondu Cameron quand on lui a demandé de décrire l’allure que prenait la série maintenant qu’elle nécessitera la tenue d’un sixième match dimanche à Ottawa.

Un scénario improbable, voire loufoque, il y a quelques jours à peine semble maintenant de plus en plus plausible. Les Sénateurs sont redevenus l’équipe qui a refusé de s’éteindre lors de l’irrésistible poussée qui a mené à sa qualification en séries. Ils plient, mais ne cassent plus. Vendredi, ils ont été complètement dominés après la mise en jeu initiale, incapables de décocher le moindre tir au but pendant près de neuf minutes. Mais ils ont ouvert la marque – pour la cinquième fois en autant de parties – grâce à un but chanceux et ont ensuite fermé la porte en remettant leur sort entre les mains d’un gardien inébranlable.

Le Canadien a lancé 46 fois sur Craig Anderson, mais ne l’a déjoué qu’une seule fois. Il n’a marqué que trois buts à ses trois derniers matchs et ne peut apparemment pas compter sur son avantage numérique, blanchi à ses 15 derniers déploiements, pour revitaliser son attaque.

Soudainement, le Canadien est impatient, irritable. C’est Dave Cameron qui le dit. Il a vu Brandon Prust chercher noise à Anderson en fin de match. Il a vu P.K. Subban venir haranguer ses joueurs au banc des visiteurs après avoir eu maille à partir avec Eric Gryba.

« Il y a certainement de la frustration dans leur camp. C’est un signe qui ne ment pas quand les joueurs adverses se permettent des coups salauds sur votre gardien. Ça ne ment pas. C’était cheap, très cheap. Je connais Prust depuis longtremps, c’est un gars tout ce qu’il y a de plus respectable. Mais ce qu’il a fait ce soir, c’était cheap. »

« On s’est un peu laissé emporter par nos émotions, c’est tout », a minimisé Anderson, moins susceptible que son entraîneur. « Il s’est dirigé avec autorité vers mon filet et j’ai tenté de protéger mon espace. On a joué du bâton un peu, mais c’était sans mauvaises intentions. »

Une présence réconfortante

Anderson n’avait pas de raison d’être rancunier. Pour la deuxième fois en trois jours, il venait de transporter son équipe sur son dos avec une performance sans tache. Son emprise sur le poste de gardien numéro un de l’équipe, ébranlée pendant un temps par une blessure et le brio de son remplaçant, semble plus solide que jamais.

« Je vais me répéter, mais c’est une histoire qu’il a déjà écrite auparavant. Il a déjà prouvé qu’il pouvait être un gardien très solide dans les matchs cruciaux. Je ne vois pas pourquoi tout le monde semble surpris. On ne s’attendait à rien de moins de sa part », a vanté Cameron.

ContentId(3.1131929):Rien n'est joué pour les Sens
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Anderson montre un taux d’efficacité de ,975 depuis qu’il a remplacé Andrew Hammond, mais pour Bobby Ryan, sa contribution va au-delà de ses étincelantes statistiques.

« Il ne fait pas qu’arrêter les rondelles, il contrôle aussi le tempo du match quand il sent qu’on court après notre queue. Il immobilise le disque, nous laisse prendre notre souffle ou amener des forces fraîches. Ce sont des petits gestes de vétéran qui nous aident à sortir du trouble. Je ne sais pas s’il a eu la première étoile ce soir, mais il la mérite certainement. »

« J’essaie simplement de garder un œil sur la rondelle en tout temps et devant moi, les gars font tout un travail pour limiter l’adversaire à un seul lancer à la fois. J’ai l’impression d’être un peu chanceux présentement », a humblement partagé Anderson, qui a effectivement mérité la première étoile de la partie.

Soulagement pour Ryan

Ryan était un homme particulièrement serein après la rencontre. L’attaquant américain a mis fin à une léthargie de 16 matchs en marquant ses deux premiers buts des séries. Son premier, qui ouvrait la marque à mi-chemin en première période, a mis les freins à un début de match époustouflant du Canadien. Le cinquième but des siens a aussi été crédité à sa fiche après avoir été initialement donné à son nouveau compagnon de trio Mike Hoffman.

« Ce n’était un secret pour personne que j’étais très frustré par ma production personnelle dernièrement. Il n’y a rien de pire qu’être incapable de marquer lorsque vous êtes un joueur sur qui on compte pour alimenter l’attaque. J’espère que ce n’est qu’un début et que ça aura un effet domino. C’est un énorme soulagement. »

Reste à voir si les Sens se sont gardés des buts en réserve pour le match numéro 6. Ryan ne serait pas prêt à parier sur une deuxième contre-performance de Carey Price.

« Malgré tout, il avait l’air confiant sur plusieurs de ses arrêts. Il est probablement le meilleur gardien au monde, alors il n’en laissera probablement pas passer cinq pour une deuxième fois de suite. Mais il se peut toujours qu’un ou deux buts nous suffisent, n’est-ce pas? »