L'histoire impliquant Alexandre Burrows et l'arbitre Stéphane Auger, une controverse qui enveloppe la Ligue nationale de hockey depuis lundi soir, est pour moi un véritable scandale.

Je veux faire attention pour ne pas blâmer un ou l'autre des partis impliqués parce que tous les faits n'ont pas encore été étalés sur la place publique et dans le fond, seules les deux personnes qui sont directement au cœur de cette tempête savent réellement ce qui s'est passé pendant le match entre les Canucks de Vancouver et les Predators de Nashville.

J'ai l'impression que plus les jours passeront et plus les gens qui sont mêlés à cette affaire se diront qu'ils auraient bien pu s'en passer. C'est une histoire qui sera extrêmement médiatisée et dont on n'a pas fini d'entendre parler.

Si la version de Burrows est véridique, je crois que Stéphane Auger doit être la première personne à blâmer. En allant voir un joueur immédiatement avant une partie pour lui tenir un tel discours et l'avertir qu'il l'a à l'oeil, un officiel s'expose à toutes sortes de problèmes. Parce que naturellement, aussitôt que Burrows sentira qu'il a été victime d'une injustice dans le feu de l'action, il pensera automatiquement que l'arbitre a pris sa décision avec l'intention de se venger. Et ce n'est pas comme ça que ça doit se passer.

Sur la glace, l'arbitre est comme un policier dans la rue. Il a la loi de son côté et c'est à lui à prendre les décisions pour la faire respecter. Ce n'est surtout pas à lui de provoquer des joueurs, que ce soit par une parole ou par un geste!

Selon les dires de Burrows, Auger lui en voulait de l'avoir fait mal paraître, de s'être moqué de lui, par ses agissements, dans un match précédent à Nashville. Mais de mon point de vue, ce n'est jamais l'intention d'un entraîneur ou d'un joueur de se payer la tête de l'arbitre. Si Burrows traverse la ligne dans l'exercice de ses fonctions, c'est selon moi uniquement pour le bien de son équipe.

Comme la plupart des sports, le hockey en est un d'émotions et dans ce contexte, un joueur comme Alex Burrows ne sera jamais un favori des arbitres. Il s'implique beaucoup physiquement et ne recule devant rien pour donner le moindre petit avantage à son équipe. Comme entraîneur, c'est un joueur que j'adorerais avoir dans mon club parce qu'il peut changer l'allure d'un match.

Ce n'est pas à moi à juger des éventuelles sanctions qui pourraient être décernées par les dirigeants de la Ligue (N.D.L.R. : Après la publication de cette chronique, la LNH a fait savoir qu'Auger était blanchi et que Burrows devait payer une amende de 2500$). Surtout qu'à l'heure où on se parle, on n'a aucune certitude à propos de ce qui s'est vraiment dit entre les deux hommes. Et on ne le saura peut-être jamais.

L'opinion que je vais donner est celle-ci. Si Stéphane Auger a vraiment averti Burrows de la façon dont celui-ci le relate, je crois qu'il aurait dû agir autrement. Il aurait pu attendre la fin du match, se déshabiller, prendre sa douche rapidement et se rendre au vestiaire des Canucks pour s'expliquer en privé avec Burrows, lui dire qu'il n'avait pas apprécié son attitude à Nashville.

J'ai déjà fait ça avec des arbitres, mais jamais avant un match, parce qu'on dirait que tu mets ainsi la table pour avoir du trouble. Si Auger a fait ce que Burrows prétend, il s'est selon moi exposé de façon malhabile à ce genre de dénouement.

Burrows n'est pas mieux. En allant se plaindre aux journalistes immédiatement après la rencontre, il a ouvert une porte qui aurait dû rester close.

Qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui est faux? Je ne sais pas, mais je crois qu'aujourd'hui, tout le monde aurait pu se passer de cette histoire qui aurait dû se régler à l'interne.

Auger n'est pas mon préféré

Je connais bien Stéphane Auger et pour décrire ma relation avec lui, j'ai poliment déclaré au bulletin Sports 30 mardi soir qu'il n'était pas mon meilleur ami...

Les joueurs, les entraîneurs et les arbitres gravitent en même temps les échelons à partir du Midget AAA ou du junior majeur. Quand on atteint la Ligue nationale, ça commence à faire beaucoup de matchs, beaucoup de prises de bec, beaucoup de décisions discutables. Tout ça finit par s'empiler et veut, veut pas, ça finit par provoquer une certaine friction.

Et une fois arrivée dans le gros show, les arbitres ne veulent pas passer pour arbitres locaux, des homers, si vous préférez. Ils ne veulent pas qu'on croit qu'ils vont favoriser des joueurs ou des entraîneurs qui sont francophones comme eux.

Par expérience, je peux vous dire que quand une équipe visiteuse arrive à Montréal et s'aperçoit que le match sera officié par des francophones, le commentaire général des joueurs anglophones est le même : « ça va être une soirée difficile! ». Rappelez-vous du fameux « incident Shane Doan », qui était survenu dans un match au Centre Bell au cours duquel les quatre officiels en services étaient francophones. Ça avait fait jaser dans la LNH...


*Propos recueillis par Nicolas Landry.