Connais-tu ton Nick Suzuki?

 

OTTAWA – Nick Suzuki avait déjà prouvé qu’il possédait de superbes habiletés, mais il est devenu l’attraction du hockey junior canadien depuis le début des séries éliminatoires. L’espoir du Canadien de Montréal est parvenu à progresser cette saison et les résultats sont épatants.

 

Tous les fervents de hockey ont vu passer son magnifique but – compté devant Marc Bergevin – lors du sixième match de la demi-finale de la Ligue junior de l’Ontario (OHL). Son agilité aurait désarmé bien des défenseurs, même si c'était l'attaquant Owen Tippett sur ce jeu, quand il a tourné sur lui-même avant de surprendre le gardien adverse du revers.​

 

Les mains magiques de Nick Suzuki

 

Ce n’était que l’un des jeux spectaculaires de Suzuki en 18 matchs éliminatoires avec le Storm de Guelph. Au total, il a amassé 31 points (13 buts et 18 aides) soit 9 de plus que le deuxième pointeur au classement du circuit ontarien.

 

La direction du Canadien avait choisi de le renvoyer au niveau junior pour une dernière saison avec une consigne bien claire. Reconnu pour son intelligence, Suzuki a su ajuster son jeu de façon très convaincante.

 

« Je me suis vraiment amélioré cette saison »

« Je me suis vraiment amélioré cette saison, ils (les dirigeants du CH) voulaient vraiment que je retourne une autre année dans la OHL pour jouer avec un rythme (pace) plus élevé. Je crois que j’ai vraiment réussi à le faire et à progresser. Dans les séries, je trouve que j’ai joué parmi mon meilleur hockey. Je me suis bien amusé cette année et j’espère pouvoir me tailler une place la saison prochaine », a répondu Suzuki après un bref échauffement d’une quinzaine de minutes au domicile des 67 d’Ottawa, où la finale prendra son envol jeudi soir.

 

L’arsenal offensif de Suzuki laisse présager une production intéressante dans la LNH. Cela dit, tous les intervenants consultés ont tenu à mentionner que son répertoire était bien plus vaste.

 

« Nick, c’est bien plus que ses points, il procure un grand calme à notre équipe par sa façon de jouer. Il ne parle vraiment pas beaucoup, mais tout le monde écoute quand il le fait. Il choisit ses moments pour parler et il réfléchit longtemps avant de prendre la parole. Il joue aussi beaucoup en infériorité numérique et il bloque des lancers. Je lui prévois un bel avenir », a commenté l’entraîneur et directeur général du Storm, George Burnett.  

 

« Il est facile à diriger et on n’a jamais à questionner son désir. Il veut se retrouver dans les situations corsées. Il vient de remporter le titre de joueur le plus gentilhomme, mais ça ne veut surtout pas dire qu’il n’est pas un grand compétiteur », a ajouté l’homme qui a procédé à son acquisition en visant les grands honneurs.

 

Durant le septième match contre Saginaw, remporté 3-2 par Guelph, Suzuki a démontré à quel point il était prêt à se sacrifier. Il a passé une grande partie de la soirée à imposer de la pression et à se promener devant le filet adverse afin d’aider les siens, peu importe la manière.

 

« Quand tu as une aussi grosse cible dans le dos comme c’est le cas pour lui actuellement, tu dois composer avec toute une opposition. Il tentait de trouver toutes sortes de méthodes de compter. Il veut être un meneur sur lequel on se fie », a expliqué Burnett sur ce joueur très humble.

 

Tourigny se croit outillé pour ce grand défi

 

Bien des équipes redouteraient la mission de stopper Suzuki. C’est loin d’être le cas pour les 67 d’Ottawa qui sont dirigés par André Tourigny. Pour ceux qui l’ignorent, précisons tout de suite que la troupe de Tourigny a remporté ses 12 matchs en séries cette année!

 

« On a ce qu'il faut pour arrêter Nick Suzuki »

Par la force des choses, Tourigny a déjà répondu à une tonne de questions à propos du droitier du Storm et il demeure confiant que ses protégés pourront limiter les dégâts de Suzuki.

 

« Parce qu’on joue bien en unité de cinq, parce qu’on a une bonne brigade défensive et un bon gardien. On est une équipe avec beaucoup de talent donc on mise sur la possession de la rondelle. S’il n’a pas le puck, ça va aider. S’il a le puck toute la game, il va nous faire mal, c’est sûr. Suzuki est un très bon adversaire comme on en a affronté d’autres. Présentement, il est au sommet de son art, il performe à un très haut niveau », a exposé Tourigny, qui se fiera notamment sur le défenseur Kevin Bahl pour le frustrer.  

 

« On n’a pas la prétention de penser qu’on va le stopper complètement, mais on va essayer de le contrer le plus possible. Ils devront tenter de faire la même chose avec notre équipe », a poursuivi l’ancien entraîneur des Mooseheads de Halifax et des Huskies de Rouyn-Noranda qui a été adjoint avec l’Avalanche du Colorado.

 

Au sein de son personnel d’entraîneurs, Tourigny est appuyé par de bonnes têtes de hockey comme son bras droit, Mario Duhamel. Ce dernier a ajouté un élément du plan de match élaboré pour Suzuki.  

 

« C’est un excellent joueur, peut-être le meilleur au pays présentement. C’est un gars avec une très belle vision comme vous le savez. Pour nous, ce sera vraiment de protéger le centre de la glace. Il faudra toujours l’avoir à l’œil parce qu’il sait se démarquer dans les zones grises afin de trouver des espaces libres », a noté le Québécois.

 

En quatre saisons dans la OHL, Suzuki a eu le temps de causer bien des ravages. Tye Felhaber est bien placé pour en parler; il se mesure à lui depuis ce temps.

 

« C’est tout un joueur, il est toujours l’ingrédient adverse sur lequel on doit le plus se concentrer. C’est une bonne personne aussi et il sait à quel point il est talentueux. De notre côté, on voudra stopper son mojo », a mentionné l’attaquant de 20 ans.

 

Ratcliffe jubilait de retrouver son grand ami

 

Le 8 janvier dernier, une journée avant la date limite des transactions dans la OHL, Isaac Ratcliffe s’apprêtait à s’endormir pour sa sieste d’après-midi en prévision d’un duel contre les Knights de London. C’est à ce moment que le téléphone de l’immense attaquant du Storm de Guelph a vibré et c’était Suzuki – son grand ami d’enfance – qui voulait le joindre.

 

Finale de la OHL : Suzuki contre Tourigny

« C’est là qu’il m’a dit qu’il était en chemin pour Guelph, qu’il venait d’être échangé. J’ai sauté d’un trait du lit et je suis pratiquement allé courir dans les rues tellement j’étais excité! », a confié Ratcliffe en souriant.

 

Les deux espoirs offensifs ont joué la majeure partie de leur hockey mineur ensemble. Ils ont été coéquipiers à partir de l’âge de sept ans, mais ils ont dû accepter de se séparer au niveau junior. Voilà pourquoi Ratcliffe ne se contenait plus quand il a appris qu’ils seraient réunis de nouveau.

 

« C’est vraiment excitant, c’est ma quatrième année dans la OHL avec Guelph et j’ai vraiment tout vécu avec ce club. En plus, je vis la finale avec lui, je suis emballé par cette chance et il l’est aussi », a convenu le choix de deuxième ronde des Flyers de Philadephie en 2017.

 

Par-dessus le marché, les deux amis ont eu le bonheur d'éliminer les Knights de London en sept parties, l'équipe de leur ville d'origine. 

 

Même s’ils sont deux grands compétiteurs, la tension n’a jamais grimpé entre Suzuki et Ratcliffe sur les patinoires de la OHL. On pourrait assumer que Suzuki est simplement trop intelligent pour se frotter physiquement à un ami aussi costaud.  

 

« On aurait pu penser que ça arriverait, mais il conserve tellement son calme. Il ne se laisse pas affecter, il se prépare très bien. À bien y penser, c’est peut-être la raison, mais il m’aurait peut-être surpris », a lancé Ratcliffe qui mesure six pieds six pouces et pèse 204 livres.

 

Le premier réflexe serait de penser que Suzuki est vu comme le « petit frère » de Ratcliffe, mais il ne faut pas se fier uniquement aux attributs physiques.  

 

« Il peut être parfois mon petit frère, mais aussi mon grand frère en même temps parce que ça lui arrive de me garder dans le droit chemin », a avoué Ratcliffe avec un beau compliment pour Suzuki.  ​