Maintenant que toutes les équipes de hockey masculin ont disputé une partie au cours du présent tournoi olympique, faisons un tour d'horizon des premiers duels.

D'abord, je voudrais séparer les pays en deux groupes : les équipes de tête (États-Unis, Canada, Russie, Finlande, Suède et République tchèque) et les équipes plus faibles (Suisse, Norvège, Lettonie, Bélarus, Allemagne et Slovaquie).

États-Unis 3, Suisse 1

Les Américains ont affronté l'une des meilleures équipes du groupe des plus faibles, la Suisse, et ils ont offert une bonne performance.

Les Suisses ont marqué leur seul but en avantage numérique et ont démontré de belles aptitudes en offensive.

Pour espérer causer une surprise, ils devront être très disciplinés, être efficaces en supériorité numérique et compter sur un gardien de but en grande forme. Si l'un de ces éléments ne fonctionne pas, ce ne sera pas possible.

Du côté des Américains, j'ai aimé leur rapidité à l'attaque. Avec des joueurs contre Dustin Brown, Bobby Ryan et Zach Parise, les États-Unis possèdent des éléments intéressants sur chacun des trios.

Par contre, la seule lacune de l'équipe pourrait se trouver en défensive. Le gardien Ryan Miller sera à la hauteur et pourra corriger les erreurs de ses défenseurs, mais l'attaque devra produire pour qu'ils s'en sortent.

Je prévois plusieurs revirements causés par le manque de mobilité et d'expérience des jeunes défenseurs comme Jack Johnson et Ryan Suter, surtout en l'absence de Paul Martin, blessé.

Canada 8, Norvège 0

C'était un résultat à prévoir parce que la Norvège aura beaucoup de difficulté à compétitionner avec les équipes de tête. Ce sera un tournoi très ardu pour eux, car ils ne comptent même pas sur un trio capable de rivaliser avec les autres joueurs de la LNH.

Quant à eux, les Canadiens en ont profité pour tester des trios. Je crois que celui de Crosby-Nash-Iginla a su démontrer qu'il sera très important tout au long de la compétition.

Malheureusement, le Québécois Patrice Bergeron a perdu son poste aux côtés de Sidney Crosby et devra maintenant s'occuper de tâches défensives comme les mises en jeu importantes et les désavantages numériques.

C'est très difficile de donner une note d'appréciation sur la performance du Canada parce que la Norvège était tout simplement trop faible.

Toutefois, les Canadiens ont bien effectué le travail qu'ils devaient accomplir. Ils ont foncé au filet et ont remporté les batailles à un contre un.

J'ai bien aimé le trio de Getzlaf-Perry-Staal, car ces joueurs apportent un peu de tout sur la patinoire, soit de la rapidité, de la robustesse et beaucoup d'habiletés.

Comme le Canada n'avait profité que d'un seul entraînement avant ce match, le résultat, aussi prévisible fût-il, est satisfaisant.

Russie 8, Lettonie 2

Selon moi, la Russie est l'équipe la mieux nantie sur les deux premiers trios. On retrouve Ilya Kovalchuk, Evgeni Malkin et Maxim Afinogenov sur le premier, tandis que Pavel Datsyuk, Alexander Ovechkin et Alexander Semin occupent le deuxième.

En termes de force de frappe, on ne peut pas trouver mieux dans le présent tournoi olympique. Ces six joueurs devront transporter l'attaque de la Russie, et d'ailleurs, lors du premier match, Ilya Kovalchuk, Evgeni Malkin et Alexander Ovechkin ont chacun amassé deux points.

On a toutefois l'impression que deux équipes composent l'alignement de ce pays. Une équipe de la LNH et une autre de la KHL, dont les joueurs sont habitués à l'entraîneur Slava Bykov. Danis Zaripov a d'ailleurs marqué deux buts au cours du premier affrontement.

On dirait que l'entraîneur Bykov contrôle les deux lignes de la KHL tandis qu'Ovechkin, Malkin et Sergei Gonchar dirigent les joueurs évoluant dans la LNH. Le tout résulte en un mélange assez explosif, et j'ai bien hâte de connaître le résultat final.

Cette équipe n'a pas beaucoup de failles, et devant le filet, on retrouve les deux derniers gagnants des Championnats du monde, Evgeni Nabokov en 2008 et Ilya Bryzgalov en 2009. Ça promet!

Finlande 5, Bélarus 1

Déjà très faible, le Bélarus compte six blessés, et le seul joueur qui présente une certaine menace est Sergei Kostitsyn, donc c'est encore plus difficile pour eux.

Les Finlandais présentent un alignement d'expérience avec Teemu Selanne, Olli Jokinen et Saku Koivu, qui ont très bien joué durant le premier match. Ces trois joueurs se complètent à merveille. Selanne est un excellent marqueur, et Koivu peut lui remettre la rondelle aisément.

Je ne pense toutefois pas que la Finlande puisse vaincre les meilleures équipes du tournoi parce que l'équipe ne compte pas sur une très bonne profondeur en attaque. Aussi, la défensive amène des interrogations. Après Sami Salo, Toni Lydman, Joni Pitkanen et Kimmo Timonen, ça se gâte.

À mon avis, le meilleur joueur de la Finlande lors du premier match a été l'ancien attaquant des Maple Leafs de Toronto, Niklas Hagman.

Suède 2, Allemagne 0

Ce résultat ne me surprend pas, car au fil des années, les Allemands ont appris à bien se défendre. Il ne faut pas oublier que l'Allemagne peut causer une surprise en battant une équipe de tête si les joueurs sont en mesure de profiter de leurs avantages numériques.

Avec les attaquants Jochen Hecht, Marcel Goc et Marco Sturm, les défenseurs Christian Ehrhoff et Dennis Seidenberg ainsi que le gardien Thomas Greiss, l'Allemagne compte sur un trio complet de la LNH.

Les autres joueurs se débrouillent bien défensivement, ne concèdent pas d'espace à l'adversaire, ont un gabarit qui leur permet de jouer de manière physique et ils déploient beaucoup d'énergie.

Le seul problème des Allemands, c'est le manque de force de frappe offensive. S'ils pouvaient compter sur un meilleur deuxième trio, ce serait un plus pour cette équipe. Mais le tournoi olympique est très court, et dans un match, ils peuvent arriver à tenir le coup comme ils l'ont fait contre la Suède.

Du côté des Suédois, les champions à Turin en 2006, ils sont bien nantis à toutes les positions avec un bon mélange d'expérience et de jeunesse, en plus de confier le filet à un excellent gardien comme Henrik Lundqvist.

La défensive est bien rodée avec Nicklas Lidstrom, Nicklas Kronwall et Mattias Ohlund, tandis qu'en attaque, ils ont ce qu'il faut sur chacun des trios : de la rapidité, du physique et beaucoup d'habiletés. Parmi les joueurs importants, on retrouve les jumeaux Sedin, Daniel Alfredsson, Henrik Zetterberg et Nicklas Backstrom.

République tchèque 3, Slovaquie 1

Ce match a été le meilleur selon moi. On a pu assister à un beau duel entre deux équipes qui sont presque nez à nez, et on pouvait difficilement prédire le gagnant de ce match.

Le tournant du match est survenu en fin de deuxième période alors que la marque était égale 1-1. Le Slovaque Marian Hossa a touché le poteau, et lorsque la rondelle est sortie du territoire, Jaromir Jagr en a pris possession pour ensuite inscrire le but gagnant.

Jagr a été le meilleur joueur tchèque avec un but et une aide, et cette équipe sera à surveiller. Les Tchèques ont de bons gabarits, du talent et possèdent beaucoup d'expérience.

Ils seront dangereux quand ils prendront les devants dans un match, comme ce fut le cas hier, car ils savent préserver leurs avances en se regroupant à cinq pour défendre leur territoire.

En défensive, on retrouve des lacunes, mais en attaque, ils ont tout pour réussir avec des joueurs comme Patrik Elias, Tomas Plekanec et Martin Havlat.

Quant à la Slovaquie, le gardien Jaroslav Halak a été excellent et ne peut pas être blâmé pour la défaite. En défensive, Zdeno Chara a connu un match difficile.

En fait, la défensive et l'offensive slovaques manquent de profondeur. Les Slovaques auront besoin de performances phénoménales de Halak pour atteindre la ronde des médailles.

Propos recueillis par François Parenteau