Transformer la déception en motivation
Pittsburgh Penguins dimanche, 13 avr. 2008. 02:54 samedi, 14 déc. 2024. 04:56
Évidemment, mes coéquipiers et moi sommes revenus à la maison dans une situation qui est loin d'être idéale, mais même si nous avons perdu nos deux premiers matchs à Pittsburgh, la bataille est loin d'être perdue.
Il y a toujours certains éléments qui ressortent d'une défaite et sur lesquels il est possible de bâtir du positif, particulièrement celle de vendredi. Ce fut doublement décevant de s'incliner après avoir travaillé si fort pour effectuer une remontée, mais il ne faut pas, peu importe la situation, se laisser embarquer dans le jeu des émotions. Il faut garder sa concentration, prendre cette déception et la transformer en motivation.
Nous serons de retour devant nos partisans et si nous travaillons aussi fort que dans la deuxième partie du deuxième match à Pittsburgh, nos chances de gagner sont bonnes. Notre remontée a quand même été une belle marque de détermination de notre part. Les gars ont travaillé fort pour y parvenir et il faut apprendre de tout ça. Une fois que la première victoire sera acquise, le reste suivra.
On peut remarquer une constante en visionnant nos trois buts : aucun ne fera partie des jeux de la semaine, mais ils ont tous été réussis grâce à un deuxième effort, parce que des joueurs n'ont pas eu peur d'aller se mettre le nez dans le trafic pour le bien de l'équipe.
Cette façon de jouer a toujours fait partie de notre plan de match contre Pittsburgh, mais l'exécution faisait défaut jusqu'à ce que Shean Donovan ne marque notre premier but des séries. On connaît les forces et les faiblesses des Penguins, mais on s'est quelque peu éloigné de notre idée directrice au début de la série. On leur a rendu la tâche un peu trop facile et il faudra remédier à ça dès lundi.
Si on a eu de la difficulté à trouver le fond du filet, on a également peiné à limiter les chances de marquer de l'adversaire. Vendredi, les Penguins ont tiré 53 fois sur Martin Gerber. Il est difficile pour moi de mettre le doigt sur un point en particulier pour expliquer nos largesses en défensive, mais il faudra assurément améliorer notre jeu de position pour les empêcher de gagner de la vitesse en zone neutre. Je parle aussi souvent de l'importance de mettre de la pression sur leurs défenseurs, mais de notre côté, quand nous serons en possession du disque, il sera important de ne pas forcer nos passes quand il n'y a pas de jeu à faire pour ne pas leur donner la possibilité de créer des revirements.
Une mince ligne entre le succès et l'échec
On peut se réjouir du fait que les joueurs de soutien ont apporté leur contribution sur la feuille de pointage dans le deuxième match. Par contre, c'est vrai que le nom de Dany Heatley et Jason Spezza, nos deux meilleurs attaquants, n'y sont pas apparus souvent.
Personnellement, les performances de Dany et Jason ne m'inquiètent pas du tout. Ce sont des gars bourrés de talent et je suis convaincu qu'ils vont débloquer bien assez vite. Et puis vous savez, je trouve fascinant d'observer à quel point le succès peut être relatif et que la différence entre un jeu réussi et un autre qui va sombrer dans l'oubli est minime.
Quelques exemples me viennent en tête pour expliquer mon point de vue. Dans le premier match, on profitait d'un avantage numérique de deux hommes et le tir de Cory Stillman a frappé le poteau. En début de troisième, Heatley faisait face à un filet désert mais son lancer a frappé le patin d'un défenseur. Un peu plus tard, il est parvenu à déjouer Marc-André Fleury entre les jambières, mais la rondelle est passée à côté du but.
On parle ici de quelques centimètres qui font qu'on pourrait avoir une conversation très différente aujourd'hui.
Se protéger de la fièvre des séries
Peu importe le sport, un athlète ne vit que pour le genre de sensations que peut vous amener une course au championnat. Il y a une certaine frénésie qui s'empare d'un peu tout le monde autour de vous et qui rend l'expérience fort spéciale. Au hockey, on n'a qu'à regarder les cérémonies d'avant-match, avec les partisans en folie, pour s'imaginer les émotions que doivent vivre les joueurs.
Plusieurs personnes n'auront jamais l'occasion de vivre de telles sensations et se demandent comment font les athlètes pour garder les deux pieds sur terre et réussir à faire leur travail quand plus de 20 000 personnes déchaînées s'égosillent autour d'eux et que l'enjeu d'un match est multiplié par dix. Voici mon opinion sur le sujet
On entend souvent parler de l'expérience. C'est un terme un peu vague, un grand mot qu'on aime utiliser à plusieurs sauces. On attribue beaucoup d'importance à l'expérience dans le monde du sport et c'est en partie à ça qu'elle sert : apprendre à composer avec les différentes situations qu'on peut rencontrer au cours de notre carrière.
Je ne suis pas tellement vieux, mais avec le bagage d'expérience que j'ai pu acquérir dans le passé, je peux dire que je suis maintenant habitué, pour ne pas dire confortable, dans ces situations où il y a énormément d'ambiance et de distractions. La clé, c'est d'être capable de se concentrer sur le moment présent, de ne pas trop se préoccuper de ce qui s'est déjà passé ou de ce qui pourrait arriver.
Mais ça ne veut pas dire qu'il faut complètement oublier l'enjeu d'une situation spéciale et tenter de prétendre qu'il s'agit d'un match « comme un autre ». Personnellement, je trouve qu'il ne faut pas mettre de côté ce cachet spécial qui se rattache à un match de séries. J'aime utiliser l'importance d'un événement pour me motiver, même si c'est vrai que c'est un couteau à deux tranchants. Si tu l'utilises trop, tu peux devenir trop émotif, trop excité et tu deviens hors de contrôle.
Je sais que ça peut paraître difficile à saisir. Je crois qu'il faut le vivre pour le comprendre, mais je comprends très bien le point de vue des amateurs puisque j'étais dans la même situation il n'y a pas si longtemps. Moi aussi, quand j'étais plus jeune, je regardais mes idoles jouer devant 20 000 personnes et je me demandais comment ils pouvaient rester si calmes. Mais je peux maintenant vous dire qu'on s'y habitue, même s'il est vrai que c'est plus facile à dire qu'à faire. J'ai passé une partie de la journée de samedi à écouter le Tournoi des Maîtres et s'il y a bien un sport duquel on peut tirer des belles leçons de force mentale, c'est le golf.
On se reparle un peu plus tard cette semaine, en espérant que notre équipe ait le vent dans les voiles
*Propos recueillis par Nicolas Landry
Il y a toujours certains éléments qui ressortent d'une défaite et sur lesquels il est possible de bâtir du positif, particulièrement celle de vendredi. Ce fut doublement décevant de s'incliner après avoir travaillé si fort pour effectuer une remontée, mais il ne faut pas, peu importe la situation, se laisser embarquer dans le jeu des émotions. Il faut garder sa concentration, prendre cette déception et la transformer en motivation.
Nous serons de retour devant nos partisans et si nous travaillons aussi fort que dans la deuxième partie du deuxième match à Pittsburgh, nos chances de gagner sont bonnes. Notre remontée a quand même été une belle marque de détermination de notre part. Les gars ont travaillé fort pour y parvenir et il faut apprendre de tout ça. Une fois que la première victoire sera acquise, le reste suivra.
On peut remarquer une constante en visionnant nos trois buts : aucun ne fera partie des jeux de la semaine, mais ils ont tous été réussis grâce à un deuxième effort, parce que des joueurs n'ont pas eu peur d'aller se mettre le nez dans le trafic pour le bien de l'équipe.
Cette façon de jouer a toujours fait partie de notre plan de match contre Pittsburgh, mais l'exécution faisait défaut jusqu'à ce que Shean Donovan ne marque notre premier but des séries. On connaît les forces et les faiblesses des Penguins, mais on s'est quelque peu éloigné de notre idée directrice au début de la série. On leur a rendu la tâche un peu trop facile et il faudra remédier à ça dès lundi.
Si on a eu de la difficulté à trouver le fond du filet, on a également peiné à limiter les chances de marquer de l'adversaire. Vendredi, les Penguins ont tiré 53 fois sur Martin Gerber. Il est difficile pour moi de mettre le doigt sur un point en particulier pour expliquer nos largesses en défensive, mais il faudra assurément améliorer notre jeu de position pour les empêcher de gagner de la vitesse en zone neutre. Je parle aussi souvent de l'importance de mettre de la pression sur leurs défenseurs, mais de notre côté, quand nous serons en possession du disque, il sera important de ne pas forcer nos passes quand il n'y a pas de jeu à faire pour ne pas leur donner la possibilité de créer des revirements.
Une mince ligne entre le succès et l'échec
On peut se réjouir du fait que les joueurs de soutien ont apporté leur contribution sur la feuille de pointage dans le deuxième match. Par contre, c'est vrai que le nom de Dany Heatley et Jason Spezza, nos deux meilleurs attaquants, n'y sont pas apparus souvent.
Personnellement, les performances de Dany et Jason ne m'inquiètent pas du tout. Ce sont des gars bourrés de talent et je suis convaincu qu'ils vont débloquer bien assez vite. Et puis vous savez, je trouve fascinant d'observer à quel point le succès peut être relatif et que la différence entre un jeu réussi et un autre qui va sombrer dans l'oubli est minime.
Quelques exemples me viennent en tête pour expliquer mon point de vue. Dans le premier match, on profitait d'un avantage numérique de deux hommes et le tir de Cory Stillman a frappé le poteau. En début de troisième, Heatley faisait face à un filet désert mais son lancer a frappé le patin d'un défenseur. Un peu plus tard, il est parvenu à déjouer Marc-André Fleury entre les jambières, mais la rondelle est passée à côté du but.
On parle ici de quelques centimètres qui font qu'on pourrait avoir une conversation très différente aujourd'hui.
Se protéger de la fièvre des séries
Peu importe le sport, un athlète ne vit que pour le genre de sensations que peut vous amener une course au championnat. Il y a une certaine frénésie qui s'empare d'un peu tout le monde autour de vous et qui rend l'expérience fort spéciale. Au hockey, on n'a qu'à regarder les cérémonies d'avant-match, avec les partisans en folie, pour s'imaginer les émotions que doivent vivre les joueurs.
Plusieurs personnes n'auront jamais l'occasion de vivre de telles sensations et se demandent comment font les athlètes pour garder les deux pieds sur terre et réussir à faire leur travail quand plus de 20 000 personnes déchaînées s'égosillent autour d'eux et que l'enjeu d'un match est multiplié par dix. Voici mon opinion sur le sujet
On entend souvent parler de l'expérience. C'est un terme un peu vague, un grand mot qu'on aime utiliser à plusieurs sauces. On attribue beaucoup d'importance à l'expérience dans le monde du sport et c'est en partie à ça qu'elle sert : apprendre à composer avec les différentes situations qu'on peut rencontrer au cours de notre carrière.
Je ne suis pas tellement vieux, mais avec le bagage d'expérience que j'ai pu acquérir dans le passé, je peux dire que je suis maintenant habitué, pour ne pas dire confortable, dans ces situations où il y a énormément d'ambiance et de distractions. La clé, c'est d'être capable de se concentrer sur le moment présent, de ne pas trop se préoccuper de ce qui s'est déjà passé ou de ce qui pourrait arriver.
Mais ça ne veut pas dire qu'il faut complètement oublier l'enjeu d'une situation spéciale et tenter de prétendre qu'il s'agit d'un match « comme un autre ». Personnellement, je trouve qu'il ne faut pas mettre de côté ce cachet spécial qui se rattache à un match de séries. J'aime utiliser l'importance d'un événement pour me motiver, même si c'est vrai que c'est un couteau à deux tranchants. Si tu l'utilises trop, tu peux devenir trop émotif, trop excité et tu deviens hors de contrôle.
Je sais que ça peut paraître difficile à saisir. Je crois qu'il faut le vivre pour le comprendre, mais je comprends très bien le point de vue des amateurs puisque j'étais dans la même situation il n'y a pas si longtemps. Moi aussi, quand j'étais plus jeune, je regardais mes idoles jouer devant 20 000 personnes et je me demandais comment ils pouvaient rester si calmes. Mais je peux maintenant vous dire qu'on s'y habitue, même s'il est vrai que c'est plus facile à dire qu'à faire. J'ai passé une partie de la journée de samedi à écouter le Tournoi des Maîtres et s'il y a bien un sport duquel on peut tirer des belles leçons de force mentale, c'est le golf.
On se reparle un peu plus tard cette semaine, en espérant que notre équipe ait le vent dans les voiles
*Propos recueillis par Nicolas Landry