Bonjour chers internautes. Je viens d'arriver de Saint-Louis où notre équipe a joué mardi, contre les Blues. Lundi, nous avons joué à Chicago contre les Blackhawks. Malheureusement pour nous, ces deux matchs se sont soldés par des défaites. Ces deux revers sur la route font mal, d'autant plus que nous traversons une période difficile actuellement. Nous avons eu quelques ennuis sur la route dernièrement et ces deux rencontres étaient importantes pour nous. Nous espérions secouer notre torpeur à l'étranger.

Nous sommes en tête de la section nord-ouest à égalité avec l'Avalanche du Colorado. On peut se compter chanceux que le Colorado ne soit pas loin devant nous. Il nous reste 33 matchs à disputer et il faut commencer à gagner des parties. Notre but est de terminer devant l'Avalanche. Nous devrons donc nous regrouper si on veut connaître du succès.

L'Avalanche a la même équipe que l'an dernier. Ce club, qui a gagné la coupe Stanley sans Peter Forsberg, demeure excellent. Nous les avons affrontés et l'Avalanche a démontré qu'elle serait la formation à battre d'ici la fin de la campagne. Après une première moitié de saison moins flamboyante qu'au cours des dernières saisons, l'Avalanche ressemble de plus en plus à l'édition de l'an passé. Cette équipe sera à surveiller.

Les ethnies

Avant le match contre les Blues à Saint-Louis, j'ai accepté de poser à l'occasion de la journée Martin Luther King aux États-Unis. Tous les joueurs des deux équipes, issus d'ethnies, ont été appelés à se faire prendre en photo en compagnie de Grant Fuhr et Willie O'Ree pour commémorer cette journée spéciale. Toutes les ethnies présentes, sauf les Canadiens et les Américains, étaient représentées. Outre moi, on retrouvait Anson Carter, Tommy Salo, Sean Brown, Mike Grier, Jochen Hecht et Janne Niinimaa pour notre équipe. Pour les Blues, il y avait Fred Brathwaite, Bryce Salvador, Pavol Demitra, Alexander Khavanov et Jamal Mayers.

Poser pour cette photo a été un honneur pour moi. Nous sommes des modèles pour les jeunes et il est important pour eux de savoir qu'il est maintenant possible d'atteindre les sommets. Me faire prendre en photo avec Willie O'Ree, le premier joueur de race noire à avoir joué dans la LNH, a été vraiment spécial à mes yeux.

Le hockey a changé au cours des ans. Auparavant, il était difficile pour les ethnies de se tailler une place avec les meilleurs. Ce n'est toutefois plus le cas. Le hockey de haut niveau est accessible à tous. Il existe donc moins de barrières et moins d'embûches qu'avant pour les athlètes provenant des ethnies.

Les jeunes se disent, "si Georges Laraque a réussi, je peux le faire aussi". De plus, ce n'est plus nécessairement quelque chose d'extraordinaire de voir un noir atteindre la LNH. Il y en a de plus en plus.

Un but contre Patrick Roy

J'ai mis un terme à une disette de 20 matchs en marquant mon cinquième but de la saison, samedi contre l'Avalanche du Colorado. J'étais vraiment heureux de ce but marqué devant nos partisans.

Nous avons fait match nul 2-2. Comme vous le savez, nous faisons la lutte à l'Avalanche pour le premier rang de la section nord-ouest et il va sans dire, que ce match avait un enjeu crucial pour notre équipe.

Le match était présenté sur les ondes de CBC, d'un océan à l'autre, et j'étais heureux que plusieurs de mes amis et membres ma famille aient vu ce but. De plus, mon frère Jules-Edy, qui travaille comme policier à Halifax, a eu la chance de voir cette rencontre, lui qui habituellement est au travail la nuit. Je suis heureux qu'il ait assisté à mon but,du moins par le truchement de la télévision.

Les responsables de CBC m'avaient demandé de participer à une émission d'après-match, alors je tenais à me distinguer au cours de la rencontre. C'est plus plaisant de participer à une émission de télévision quand tu as connu un bon match.

Au cours de cette émission, j'ai eu droit à toute une surprise de la part de mon frère, qui a téléphoné alors que j'étais en ondes. Je pense sincèrement qu'après ma partie de trois buts, cette partie contre l'Avalanche a été une de mes plus belles soirées dans ma carrière.

Je ne m'attendais vraiment pas à ce que mon frère appelle au cours de cette émission. C'est mon frère qui a pris les arrangements avec la direction de CBC avant l'émission. J'ai trouvé tout cela émouvant de parler avec lui en ondes, car je sais comment il aurait aimé faire carrière au hockey comme moi.

Il a été obligé d'arrêter de jouer en raison de son gabarit. L'an dernier, il jouait comme joueur de 20 ans avec les Moosheads d'Halifax mais quand tu ne mesures que 5'7", il est difficile d'envisager une carrière professionnelle. Il aurait pu tenter sa chance dans la "East Coast League" mais je lui ai conseillé d'oublier ça. Il aurait joué pendant dix ans dans cette ligue et après, qu'aurait-il fait? Il aurait été obligé de retourner sur les bancs d'école.

Il a suivi mon conseil et durant sa dernière saison à Halifax, il s'est inscrit à l'école de police et est devenu policier dans cette ville. De plus, il a déjà un emploi permanent. Jules-Edy est un peu comme mon "coach" pour moi. Nous discutons beaucoup de hockey.

C'est donc dire que ma famille compte un policier à Halifax et un autre sur la patinoire à Edmonton!

111 minutes de pénalité

J'ai déjà écopé de 111 minutes de pénalité cette saison. À ce chapitre, l'an dernier j'ai terminé la saison avec 148 minutes au cachot. À vrai dire, je ne consulte pas vraiment ce type de statistique. J'ai un travail à faire sur la glace et le nombre de pénalités que j'aurais cette saison ne me préoccupe pas beaucoup.

Je ne cherche pas nécessairement la bagarre au cours des matchs, je ne veux pas mettre mon équipe dans le pétrin. Quand j'ai jeté les gants cette année, c'était pour le plaisir seulement. Je me suis battu car j'aimais ça et, dans la majorité des cas, je n'étais vraiment pas obligé d'affronter un adversaire aux poings.

Il ne faut pas chercher la bagarre tout le temps. Comme nous jouons à quatre lignes que tous les joueurs contribuent au match, une bagarre inutile déséquilibre notre jeu. Quand je me bats, ça brise le rythme du quatrième trio et prive mes compagnons de ligne de temps de glace.

Je vais maintenant répondre à quelques questions des internautes.

Contre quel joueur as-tu toujours rêvé de jeter les gants

Quand j'étais jeune, je ne pensais pas vraiment à la bagarre. Mon rêve était d'atteindre la Ligue nationale. Je rêvais à la LNH mais je n'avais aucune idée que je deviendrais un dur à cuire. Tu rêves plutôt de marquer des buts.

Quand arrive le moment de me battre, je ne choisis pas mon adversaire. Je n'ai jamais rêvé de me battre contre un joueur en particulier. J'ai affronté Bob Probert, un gros nom à son époque. Ce n'était toutefois que pour le plaisir et sans aucune raison.

Je pense qu'un jour, il n'y en aura plus de bagarre dans la ligue. Les équipes sont de moins en moins "tough" et ce sont elles qui gagnent le plus. Il suffit de regarder les Red Wings de Detroit par exemple. Les Wings n'ont pas de bagarreur dans l'alignement et ils remportent beaucoup de matchs. D'autres équipes commencent à les copier. De plus, avec le règlement de l'instigateur dans le circuit, ça réduit le nombre de bataille.

Tout le monde me parle de bataille mais dans le fond, ce n'est pas si important pour moi. On pourrait les enlever que cela ne me dérangerait même pas. Je me bats car j'aime ça. S'il n'y a pas de bagarre, ça ne me dérange pas aussi.

Relation avec les amateurs

Les joueurs sont très sollicités par la communauté. Quand je vais au centre commercial par exemple, il n'est pas rare que les gens m'arrêtent. En raison de mon gabarit et de ma couleur, je suis facilement remarquable dans une foule. Je signe beaucoup d'autographes et ça me fait plaisir.

Je ne suis pas une personne gênée et j'aime discuter avec les amateurs. Mon côté social a toujours été développé chez moi. J'ai toujours eu beaucoup de plaisir à rencontrer les amateurs.

Toutefois au restaurant parfois, il y a des gens qui viennent nous voir et qui n'ont pas toujours de bonnes manières, ça m'agace à l'occasion. Dans la majorité des cas, les amateurs sont courtois avec nous.

L'équipe ne donne pas de conseil

Les Oilers ne tracent pas la ligne de conduite des joueurs en matière de relations publiques. Toutes les équipes organisent des activités annuelles comme les visites dans les hôpitaux ou les collectes de sang. Mais façon globale, ce sont les joueurs qui décident de leur implication dans la communauté. Certains louent des loges pour les enfants pauvres par exemple.

Chaque joueur fait ce qui lui tente. Nous utilisons notre temps libre comme bon nous semble. Il y a des joueurs qui ont des familles et qui n'ont pas nécessairement le temps d'aller rencontrer les amateurs. Il ne faut pas oublier que nous voyageons beaucoup. Quand tu as une famille, tu veux passer le plus de temps possible avec elle quand tu es à la maison.

L'équipe ne nous dérange pas avec tout cela car elle sait que la saison est éprouvante. Il y a d'autres joueurs aussi qui ne parlent pas l'anglais, ce qui rend les choses difficiles.

Bonne semaine à tous

Georges