MONTREAL - Dans 100 ans, à quoi ressemblera le Canadien? Combien de championnats aura-t-il ajoutés à son palmarès? Existera-t-il encore? Ce qui est sûr, si on se rend jusque-là, c'est qu'avant de lancer les célébrations du 200e, on va se dire que "ça peut difficilement être pire que l'année du centenaire".

La fête grandiose que l'organisation avait planifiée n'a pas levé en 2009. L'année des célébrations en a été une des déceptions. La visite s'est déplacée en grand nombre, à l'occasion du match des étoiles de la LNH en janvier et de la séance de repêchage en juin. Les partisans, eux, sont restés sur leur appétit. Il n'y a pas eu de défilé des champions sur la rue Sainte-Catherine.

Les espoirs d'une 25e conquête étaient grands, voire démesurés, dans la foulée de la saison de 104 points en 2007-08. Non seulement le Tricolore n'a pas fait vibrer ses partisans, il s'est effondré. La-men-ta-ble-ment. Une débandade qui allait provoquer une cascade d'événements.

Le début de la descente aux enfers coïncide avec la présentation de la classique des étoiles, le 25 janvier. Trop préoccupé par sa sélection à titre de membre du sextuor partant de l'Est et à récupérer d'une blessure à une cheville, le jeune gardien Carey Price perd sa concentration. Les choix du public de l'attaquant Alex Kovalev ainsi que des défenseurs Mike Komisarek et Andrei Markov permettent au CH de réaliser un quatuor historique de "joueurs élus". Derrière le banc, Guy Carbonneau seconde Claude Julien, des Bruins de Boston.

A titre de capitaine, Kovalev s'illustre dans la victoire de 12-11 de l'Est, acquise aux tirs de barrage. En plus de faire la différence en "fusillade", l'Artiste contribue un doublé et une passe en temps réglementaire afin de mériter l'auto du joueur par excellence.

Une bombe

Le mois de février commence mal. L'équipe perd les services du vétéran Robert Lang, un élément important, et de Guillaume Latendresse en arborant contre les Bruins un affreux chandail rayé bleu, blanc et rouge.

La situation se détériore, tant sur la glace qu'à l'extérieur. Le directeur général Bob Gainey met Kovalev au repos forcé, au moment où s'intensifient les rumeurs quant aux activités nocturnes de plusieurs joueurs. Le 19 février au soir, au retour de l'équipe de Pittsburgh, on s'attend à ce qu'une bombe explose. Le quotidien La Presse révèle le lendemain que les frères Andrei et Sergei Kostitsyn ainsi que le défenseur Roman Hamrlik ont entretenu des liens avec le présumé criminel Pasquale Mangiola. Andrei K tombera en panne sèche tandis que son jeune frère ira se faire oublier à Hamilton. Le 26, Steve Bégin est échangé aux Stars de Dallas en retour d'un obscur défenseur, Doug Janik.

Le 9 mars, Gainey décide de remplacer Carbonneau à la barre. Une décision qui laisse pantois, d'autant que Gainey avait affirmé lors du bilan de mi-saison que l'engagement de Carbo avait représenté sa meilleure décision depuis qu'il est en poste.

Le traitement choc souhaité ne se produit pas. Le CH s'enlise, avec six gains à ses 16 derniers matchs, et accède aux séries en s'accrochant au huitième rang par la peau des dents, devant les Panthers de la Floride. Les deux équipes complètent la saison avec 93 points et 41 victoires chacune. La fiche positive du Tricolore face aux Panthers fait la différence.

La fièvre des séries est de courte durée contre les Bruins, champions de l'Est. Quatre petits matchs et puis s'en va...

Grand ménage

Avec en toile de fond le processus enclenché de la vente de la concession, Gainey procède à un remue-ménage. Avant toute chose, le 1er juin, il confie la tâche d'entraîneur au Franco-ontarien Jacques Martin, ancien directeur général des Panthers.

L'engagement de Guy Boucher, des Voltigeurs de Drummondville, comme pilote de l'équipe-école de Hamilton s'inscrit dans le vent de renouveau qu'on veut insuffler.

Le 26 juin, le Canadien comble les amateurs au Centre Bell en faisant de Louis Leblanc son premier choix de la séance de repêchage - 18e au total. Leblanc, un attaquant, est le premier Québécois réclamé.

Le 1er juillet, Gainey laisse partir les neuf joueurs autonomes sans compensation: le capitaine Saku Koivu, qui voit son règne de 10 ans prendre fin, Kovalev, Alex Tanguay, Robert Lang, Mike Komisarek, Mathieu Dandenault, Francis Bouillon, Tom Kostopoulos et Patrice Brisebois, qui annoncera sa retraite avant la saison 2009-10.

Après avoir fait l'acquisition de Scott Gomez, des Rangers de New York, dans l'échange impliquant Chris Higgins et le premier choix de 2007 Ryan McDonagh, Gainey est fort actif sur le marché des joueurs autonomes. Il sort le chéquier pour mettre sous contrat les attaquants Mike Cammalleri (30 millions $ US, cinq ans), Brian Gionta (25-cinq) et Travis Moen (4,5-trois) ainsi que les défenseurs Jaroslav Spacek (11,5-trois) et Hal Gill (4,5-deux). Un investissement de 74,5 millions $ US.

Retour des Molson

Le 22 juin, après plusieurs mois de tergiversations, on annonce le retour de la famille Molson - les frères Andrew, Geoff et Justin - à titre de propriétaire. George Gillett confirme la conclusion d'une entente de principe pour la vente de 80,1 pour cent des actions de l'équipe, du Centre Bell et du Groupe Spectacles Gillett. Le montant de la transaction, qui n'a pas été divulgué, s'élèverait à plus de 550 millions $ CAN. En 2001, l'Américain avait acquis 80,1 pour cent des actions de l'équipe, du Centre Bell et de la division de spectacles Molson pour 275 millions $.

Les Molson, qui avaient déjà été propriétaires de la concession deux fois auparavant, coiffent au fil un consortium formé par Quebecor Média, les Productions Feeling de René Angelil et le Fonds de solidarité de la FTQ.

A l'occasion du tournoi de golf le 10 septembre, Geoff Molson, issu de la septième génération de la dynastie brassicole, précise qu'il agira comme président du conseil d'administration et chef de la direction de la nouvelle société en commandite regroupant cinq partenaires (l'entreprise de communication BCE, le holding privé Woodbridge Limitée, le Fonds de solidarité de la FTQ, le président et chef de la direction d'ATS Andlauer Transport et Services et propriétaire des Bulldogs de Hamilton, Michael Andlauer, et l'ancien président de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand).

La transaction reçoit l'approbation du bureau des gouverneurs de la LNH, le 1er décembre.

Bouchard et Lach, enfin

Sur la glace, la saison 2009-10 s'amorce plutôt mal. Le défenseur étoile Andrei Markov se blesse gravement dès le match inaugural à Toronto. L'équipe doit composer avec la perte de plusieurs autres éléments importants: Scott Gomez, Hal Gill et Brian Gionta.

Gainey jette l'éponge dans le cas du jeune Latendresse, en l'envoyant au Wild du Minnesota en retour de Benoit Pouliot. Le Tricolore demeure dans la lutte grâce au brio de Carey Price, entre autres.

Les émouvantes cérémonies de clôture du centenaire, le 4 décembre, demeureront un moment fort de 2009. Les retraits des chandails numéro 3 d'Emile "Butch" Bouchard et numéro 16 d'Elmer Lach, les doyens de l'organisation à l'âge de 90 et 91 ans, respectivement, mettent un point d'exclamation aux festivités.