Les dénouements inattendus se sont poursuivis dans la Ligue nationale de hockey au cours des demi-finales d'association, suivant ainsi le mouvement amorcé en première ronde. L'élimination des Flyers de Philadelphie et des Prédateurs de Nashville a déjoué encore bien des amateurs, mais l'émergence des équipes gagnantes est certainement aussi cause de surprises.

Dans cette veine, il serait injuste de simplement imputer la déroute des Flyers à un effondrement collectif. Certes, cette équipe semblait complètement vidée, autant sur le plan physique qu'émotif, après l'affrontement intense contre Pittsburgh. Ilya Bryzgalov a été faible en plusieurs occasions et l'indiscipline et la frustration ont souvent pris le dessus, menant ultimement à la suspension de Claude Giroux lors du dernier match.

Mais les Devils du New Jersey ont aussi amplement mérité leur victoire. L'entraîneur Peter Deboer a d'abord été en mesure d'imposer à ses joueurs une attitude exemplaire devant l'agressivité habituelle des Flyers. Dès le premier match, ils ont fui les occasions de débordement et d'affrontement direct. Ils ont tourné la tête et les talons quand la situation s'envenimait et petit à petit les Flyers se sont retrouvés seuls dans la danse, perdant visiblement une grande partie de leur identité et de leur confiance.

Cela dit, les Devils ont aussi gagné cette série haut la main sur le plan hockey. Les piliers de l'équipe comme Kovalchuk, Parisé, Zajac et Elias ont offert un rendement constant, mais ils furent aussi appuyés à tour de rôle par les Zubrus, Ponikarovsky et Clarkson, une belle complémentarité qui a fait grandement défaut chez les Flyers. Et que dire de ce groupe de défenseurs « anonymes »? Cette unité de six a complètement étouffé l'une des meilleures attaques de la LNH et elle a donné à Martin Brodeur un appui extraordinaire lui permettant, à 40 ans, de mener son équipe à une première finale d'association depuis 2003.

Reste maintenant à connaître l'identité de leurs adversaires au tour suivant. Plusieurs espèrent une finale de l'Est entre les Devils et les Rangers, qualifiée de « grande confrontation du tunnel Holland » (qui relie Manhattan à Jersey City, en traversant la rivière Hudson) opposant des rivaux de toujours. Mais les Rangers méritent-ils d'y accéder? Vont-ils continuer à être secourus par leur bonne étoile lors du 7e match contre les Capitals de Washington? À n'en pas douter, les champions de l'Est ont été décevants jusqu'ici et il s'en est fallu de peu que les Sénateurs les écartent du parcours dès la première ronde. Leur survie contre les Capitals tient encore à un fil. Mais d'autres diront que cela relève de la bonne étoile des équipes championnes, comme on l'a vu chez les Bruins la saison dernière. On sera fixé dès samedi soir.

La meilleure équipe est-elle dans l'Ouest?

Je suis de ceux qui, comme plusieurs, croyaient fermement que les Prédateurs de Nashville allaient se rendre à la finale de la Coupe Stanley après qu'ils eurent éliminé les Red Wings de Détroit. Mais deux facteurs principaux sont venus dicter un dénouement bien différent.

Il y eut d'abord cette triste histoire de représailles envers deux joueurs insouciants : Andreï Kostitsyn et Alexander Radulov. On a beau vouloir diminuer l'impact de ce genre de situations, surtout quand elles sont endossées par l'ensemble des joueurs, mais il ne faut jamais oublier qu'il s'agit d'une source de distraction très imposante, surtout en séries éliminatoires. La belle étanchéité observée chez cette formation a ainsi été entachée et c'est à se demander, avec le recul, si les démarches qui ont mené à l'acquisition de l'ainé des Kostitsyn et au rapatriement de Radulov auront été plus nuisibles qu'autre chose.

Cela dit, l'absence des Preds en finale de l'Ouest vient aussi du rendement surprenant des Coyotes de Phoenix et des Kings de Los Angeles. Et sans rien enlever aux Coyotes, il est permis de croire que les Kings représentent, actuellement, la meilleure des équipes encore en vie dans la LNH. Pour la première fois de la saison, cette formation joue à la hauteur de son talent et de sa profondeur. Sur papier, les Kings c'est quand même Kopitar, Richards, Carter, Penner, Stoll, Williams et Doughty. C'est aussi un gardien talentueux en pleine éclosion, comme Jonathan Quick. Mais il y a aussi un cœur et une âme maintenant à Los Angeles, en Dustin Brown. Cela fait quelques saisons qu'on observe les nombreuses qualités du fougueux attaquant, mais la plupart du temps en pièces détachées. Cette fois, on voit le tout dans son ensemble, dans le meilleur contexte qui soit. Avec un entraîneur expérimenté comme Darryl Sutter, qui a connu une finale de la Coupe Stanley avec les Flames de Calgary en 2004, les Kings ont tous les ingrédients pour aller jusqu'au bout.

Mais gardons-nous quand même une petite retenue dans nos prédictions. Après tout, les séries 2012 sont déjà étiquetées comme celles des grands revirements!