C'est une chance que je sois seulement dans la peau d'Alain Vigneault à travers cette chronique, parce que mes nerfs seraient probablement en train de me lâcher si j'étais à sa place...

C'est incroyable. Je ne peux pas croire que mes joueurs aient connu un début de match aussi atroce alors que la coupe Stanley était dans le building et n'attendait qu'à être sortie de son coffre pour baigner toute la nuit dans le champagne. Pour un entraîneur, c'est difficile à accepter.

N'ayons pas peur d'appeler un chat un chat : mon gardien de but a été moyen lundi soir. On ne peut pas se permettre d'accorder ce genre de buts dans les premières minutes d'une partie. J'avais une drôle d'impression de déjà vu derrière le banc. Dans les trois matchs qu'on a joués à Boston, la même histoire s'est répétée à chaque fois.

Impossible de gagner sur la route contre une équipe aussi coriace que les Bruins si on n'est pas plus prêt à répondre à l'appel. Mais je ne sais pas pourquoi je m'emporte, j'aurais dû m'en attendre. C'est ça, l'histoire de cette finale. On joue bien à la maison et très mal à Boston. Je suppose que ça augure bien pour mercredi...

Par contre, je n'en démords pas, mon gardien de but étoile doit m'en donner plus. Le match numéro six était à peine débuté que BANG! BANG! Deux buts rapides. Game over.

Dans le fond, j'y pense... c'est peut-être justement après le but de Lucic que j'aurais dû demander mon temps d'arrêt.

J'ai gravité pendant assez longtemps dans le monde du hockey, comme joueur et comme entraîneur, pour savoir que lorsque le gros numéro 17 a marqué le deuxième but des Bruins en l'espace de 35 secondes, mes gars ont tous pensé la même chose. « Ah non, pas encore... » C'était à moi de leur ramener les idées à la bonne place à ce moment.

Au-delà des largesses de mon gardien, j'ai senti une certaine panique s'emparer de mes joueurs en première période. Pour une raison que je m'explique mal, on est incapable de pratiquer notre style de jeu sur la route. À Vancouver, tout le monde se replie en harmonie, chacun est au bon endroit. Mais à Boston, il y a trop d'espace entre nos attaquants et nos défenseurs. On doit resserrer notre jeu.

Les points positifs... et un souhait

Voilà où je puise mon optimisme pour le match ultime de mercredi.

- Depuis le début des séries, mon gardien a toujours rebondi après une piètre performance. Il a aussi deux jeux blancs à Vancouver dans cette finale. J'ose espérer que c'est un signe de ce qu'il nous offrira dans le dernier match de la saison. Parce que oui, ne me posez même pas la question, Roberto est encore mon homme. Par contre, je vous avertis, je ne serai pas trop patient si je vois qu'il ne peut pas faire le boulot. Personne n'aura plus de pression que lui à Vancouver.

- Justement, Cory Schneider m'a prouvé que je pouvais lui faire confiance. Depuis le début des séries, il a fait de bons arrêts quand j'ai fait appel à ses services et je sais qu'il peut faire le travail si je dois l'utiliser en dernier recours. Ça, c'est encourageant.

- Les frères Sedin ont quand même récolté quelques points lundi soir. Et on a quand même décoché 38 tirs au filet et obtenu de bonnes chances de marquer. C'est ce genre de statistiques que j'essaierai de planter dans la tête de mes joueurs.

Dernier petit point avant d'aller (essayer de) dormir. Certains diront que mes hommes ont été indisciplinés en début de match et aussi en troisième période, après que nous ayons marqué notre premier but. Mais je vous le dis, j'espère que les arbitres vont finalement punir les joueurs des Bruins pour tous les double-échecs qu'ils donnent devant le filet. Mes gars vont devant le but, mais après chaque sifflet, ils se retrouvent sur le derrière et les arbitres font les aveugles!

J'aimerais qu'ils soient plus vigilants là-dessus.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.