À quelques heures du premier match de notre série contre les Red Wings de Detroit, inutile de vous dire que tout le monde est bien heureux de ce qui se passe autour de l'équipe à Columbus.

Les derniers mois - ou du moins les semaines que j'ai passées ici - ont été très intenses. L'équipe baignait dans une atmosphère de séries même si elle n'était pas officiellement qualifiée. Chaque match était d'une grande importance pour notre position au classement, alors c'était surtout un sentiment de soulagement quand on a enfin assuré notre place.

Nous n'avons pas célébré dans l'excès après notre victoire décisive et personne n'a dû nous avertir de garder les deux pieds sur terre. C'est vrai que notre équipe est composée de beaucoup de jeunes joueurs, mais il faut réaliser que nous comptons aussi sur plusieurs vétérans qui ont déjà participé aux séries sur une base régulière et qui sont donc habitués au hockey de printemps, des gars comme Mike Commodore, Frederik Modin et Michael Peca, par exemple.

Bref, nous sommes tous conscients qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. Le moment est spécial, mais il s'agit simplement d'une étape, pas d'un accomplissement.

C'est la première fois de leur histoire que les Blue Jackets participeront aux séries et je vous dirais que l'enthousiasme est facilement palpable chez les gens qui sont impliqués au sein de l'organisation depuis plusieurs années. À voir leur réaction depuis une semaine, c'est évident qu'ils attendaient ce moment depuis longtemps.

Nous avons assuré notre place en séries sur la route, à Chicago, et nous avons disputé notre match suivant à St. Louis. Nous n'avons donc repris contact avec nos partisans que pour le dernier match de la saison et laissez-moi vous dire que l'atmosphère était électrique dans l'amphithéâtre, surtout en début de rencontre. Je sais aussi que les billets pour nos prochains matchs locaux se sont vendus très rapidement et que nous jouerons prochainement devant deux salles combles.

Je me considère chanceux parce que depuis que je pratique mon sport, du hockey mineur à la Ligue nationale en passant par la LHJMQ, je n'ai jamais raté les séries. Je suis très heureux que cette séquence se poursuive cette année.

La méthode Hitchcock

Notre entraîneur Ken Hitchcock aborde les séries éliminatoires comme aucun autre coach que j'ai connu auparavant.

Il faut dire que de nature, Hitchcock est un entraîneur reconnu pour avoir le souci du détail. Il prend beaucoup de temps pour rencontrer ses adjoints et étudier les tendances des équipes adverses sur vidéo, une habitude qu'il demande à ses joueurs de suivre.

Depuis deux jours, notre préparation en vue de nos prochains matchs est différente de celle que nous préconisions en saison régulière. Non seulement nous nous concentrons davantage sur les forces et faiblesses d'un seul adversaire, mais les séances d'entraînement sont également plus longues. Je n'avais jamais vu ça avant.

Je ne sais pas si c'est parce que le laps de temps entre nos matchs est plus long ou si l'entraîneur veut simplement garder notre niveau de compétitivité à un niveau élevé. On passe beaucoup de temps sur certains exercices et on met aussi l'accent sur différentes situations de match. Habituellement, à ce temps-ci de l'année, les pratiques sont écourtées et plus légère, mais l'approche de Hitchcock est vraiment différente.

On ne fera pas dans la dentelle

Comme il fallait s'y attendre, peu d'observateurs nous donnent une chance de passer à travers la première ronde.

Nous savons tous ce que la grosse machine rouge des Red Wings est capable de faire. De notre côté, l'important sera de jouer notre match, de rester à l'intérieur de nos moyens et de ne pas tenter d'imiter le style de jeu de notre adversaire.

Nous sommes plus efficaces quand nous gardons les choses simples en mettant beaucoup de pression sur l'adversaire. Nous formons une équipe travaillante, persévérante. Si nous pouvons appliquer notre système à la lettre et éviter de donner trop de temps et d'espace à nos rivaux pour qu'ils puissent jouer avec la rondelle à leur guise, nos chances seront meilleures.

En lisant mes propos, certains croiront peut-être que nous allons offrir du jeu ennuyant, mais je dirais que ça dépend ce que vous aimez voir. Si vous voulez voir une équipe qui se défonce au travail du premier au dernier joueur, à l'intérieur d'une structure précise et bien rodée, vous serez servis. Ne vous attendez pas à ce que nous ouvrons le jeu comme les Wings voudront le faire, avec des passes derrière le dos et des tic-tac-toe, mais nous ne serons pas une équipe passive, loin de là.

Mason : ne pas changer une formule gagnante

S'il y a une facette du jeu dans laquelle les observateurs et les "experts" nous donnent un avantage, c'est devant le filet. Pour plusieurs, Steve Mason est nettement supérieur à Chris Osgood et je serais porté à être d'accord sur ce point.

On sait tous que dans les séries, un gardien en pleine possession de ses moyens peut faire la différence. On sait aussi que Mason vient de connaître une saison recrue de rêve tandis qu'Osgood n'a peut-être pas connu la fin de campagne qu'il souhaitait. Ce sera à nous d'exploiter cette faille en envoyant la rondelle le plus souvent possible en direction du filet adverse.

Je suis heureux de voir que Mason n'a rien changé à son comportement au cours de la dernière semaine. Ce serait faux de dire qu'il est entré dans une bulle et j'espère que ça demeurera ainsi. Les séries sont souvent synonymes de distractions. Tout le monde en parle, c'est une période spéciale de l'année, mais tu ne veux pas pour autant changer une approche qui t'as été profitable dans le passé. J'espère que Steve va rester le gars que je connais : calme et en contrôle.

Je resterai en contact avec vous tout au long des séries, en espérant qu'elles soient les plus longues possibles pour les Blue Jackets!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.