Le Canadien récolte ce qu'il a semé lors de sa préparation à l'entraînement.

On voit que le plan de l'équipe est le même que l'an dernier à Montréal. Malheureusement, il y a eu beaucoup de blessures qui sont venues contrecarrer les ambitions du club.

Je pense que le Canadien a prolongé trop longtemps les expériences si je compare la situation de l'équipe avec celle des Maple Leafs de Toronto, par exemple. L'équipe de Ron Wilson avait fait ses expériences lors du camp et quand la saison s'est mise en branle, le club était compétitif dès le premier match. À Montréal, il y avait peut-être encore trop d'expériences à tenter.

Je ne peux pas critiquer la philosophie de l'équipe, car c'est la même formation qui a connu du succès l'an dernier. On doit vivre avec la philosophie et on doit la respecter. Personnellement, ce n'était pas le genre d'équipe que j'appréciais. J'aimais miser sur un quatrième trio qui était capable de jouer physiquement et de répondre à chacune des attaques de l'adversaire. Des fois, j'aimais que mes joueurs soient les instigateurs des troubles pour relancer l'équipe en cours de partie.

Les gens en place ont une philosophie et ils y croient et chacun à sa façon de voir les choses. Alors il est difficile pour moi de critiquer leur façon de penser parce que c'est la leur. Moi, je vois les choses d'un autre oeil, mais ce n'est pas ma philosophie qui prévaut. Comme les résultats ne sont pas au rendez-vous, il est facile pour nous de critiquer, mais l'an dernier le Canadien a connu du succès avec la même équipe.

Même si le club a connu du succès, je pensais que la direction avait compris qu'il fallait des joueurs plus robustes. Je me souviens lorsque Bob Gainey avait déclaré il y a cinq ans que le Canadien ne se ferait plus brasser. Mais cinq ans plus tard, c'est encore le cas. Que voulez-vous, la philosophie de la direction n'est pas la même que celle des Flyers de Philadelphie ou des Bruins de Boston notamment.

Pour espérer relancer sa saison qui est vraiment mal partie, le Canadien se doit de trouver des solutions parce que le temps presse. C'est bien les expériences, mais on est rendu en saison régulière. J'ai aussi du mal à m'expliquer pour quelle raison on retrouve des joueurs physiques avec les Bulldogs de Hamilton. Dans la filiale du Canadien, on retrouve des gars comme Alex Henry, Ian Schultz et Zack FitzGerald, qui ont écopé un total
de 326 minutes de pénalité l'an dernier. J'ignore ce qu'il fait dans l'organisation puisque ce type de joueur ne correspond pas à la philosophie de la haute direction. Je ne comprends pas.

Avant de tout chambarder, je tenterais de trouver des solutions à l'interne. Je regarderais dans la LAH les joueurs qui peuvent changer l'allure d'une partie. J'éplucherais toutes les options avant d'aller vers l'extérieur, quitte à déroger un peu de la philosophie de l'équipe.

S'il n'en tenait qu'à moi, j'aurais changé la philosophie du Canadien dès l'an dernier. Il faut maintenant poser la question à celui qui signe les chèques, Geoff Molson. Lui seul peut dire « Il faut que ça change. » Je ne crois pas qu'un directeur général va changer sa philosophie après seulement huit parties parce que s'il change son fusil d'épaule, c'est que ça ne va pas bien. Je serais très surpris que le début de saison incite Pierre Gauthier et Jacques Martin à jouer un autre système de jeu.

On parle de grand ménage par les temps qui courent, mais je crois que le Canadien sera patient avec ses hommes en place comme ça été le cas par le passé à moins qu'il se passe des choses en coulisses. S'il y a un changement, ce sera un changement de philosophie et ce ne sera pas une seule tête qui roulera. N'oublions pas que Gauthier et Martin se connaissent depuis longtemps. Les deux ont travaillé ensemble avec les Sénateurs d'Ottawa et ils partagent les mêmes visions en ce qui concerne le hockey.

Je ne crois pas que Gauthier va prendre une décision sur l'avenir de son entraîneur au cours des trois prochaines parties. S'il y a un renvoi de l'entraîneur, ça va venir de plus haut. La direction est ensemble depuis des années. Je serais le premier surpris de voir Gauthier sacrifier Martin comme ça été le cas lorsque Guy Carbonneau a été remercié par Bob Gainey, qui avait déclaré un mois plus tôt que son embauche avait été son meilleur coup. Tout est possible, mais ça me surprendrait.

S'il y a un ménage, ils vont tous partir.

Propos recueillis par Robert Latendresse