La fierté. Voilà la dernière carte dans le jeu de l'entraîneur-chef Don Hay. Exclu de la finale du Championnat du monde pour la première fois en 11 ans, le Canada ne peut se permettre de conclure ce tournoi sans médaille, peu importe la couleur.

Et face à la Finlande jeudi après-midi, la médaille de bronze n'est pas gagnée d'avance.

Malmenés 8-1 par les Canadiens en ronde préliminaire, les Finlandais ont soif de vengeance. Depuis ce cuisant revers, cette équipe s'est transformée, se frayant presqu'un chemin en finale.

Espérons maintenant que la troupe canadienne a eu sa leçon. Le moindre relâchement coûte cher. En levant le pied pendant 10 minutes face à la Russie en demi-finale, les Canadiens ont offert la victoire aux Russes.

Après avoir réduit l'écart à un seul but en début de deuxième période, le Canada était de retour dans le match et avait toutes les raisons d'espérer. C'était avant que le capitaine russe Yevgeni Kuznetsov ne marque le troisième but des siens, sur une largesse du gardien Scott Wedgewood, beaucoup trop reculé dans son filet.

Ce but a assommé la foule au Saddledome de Calgary. Le Canada a alors abandonné momentanément ses responsabilités défensives, avant de sombre dans l'indiscipline.

Sans Boone Jenner, expulsé de la rencontre pour avoir dardé un adversaire, et Jonathan Huberdeau, qui a réchauffé le banc de punition pendant 10 minutes, l'attaque canadienne a été sévèrement hypothéquée.

On ne peut blâmer un joueur en particulier pour l'indiscipline, mais un fait demeure, l'entraîneur-chef Don Hay n'a eu d'autres choix que de démanteler ses trios, créant de la confusion au banc des siens. Établir une nouvelle chimie, cela ne se fait pas en quelques secondes.

Alors que le Canada tirait de l'arrière 6 à 1, je vous l'avoue franchement, je ne croyais pas à la remontée. Petit à petit, les Canadiens se sont toutefois relevés et ils se sont mis à y croire, réduisant l'écart à un seul but. Malheureusement, ce ne fût pas suffisant.

Il ne faut pas oublier une chose, ce n'est pas la première fois que les Russes sont victimes d'un pareil revirement. Si bien que je ne crois pas en leurs chances de décrocher la médaille d'or face à la Suède jeudi soir.

Le meilleur élément défensif de la Russie, le jeune gardien de 17 ans Andrei Vasilevski, a été retiré de la rencontre face au Canada, ce qui affectera sans doute sa confiance. Avant cette rencontre, il était le meilleur portier du tournoi. Il vient d'avoir un tout autre son de cloche.

De plus, avec leur victoire acquise en prolongation aux dépens de la Russie en ronde préliminaire, les Suédois peuvent aborder cette finale avec confiance. Les Russes sont peut-être motivés par la mort de certains des leurs dans la tragédie du Lokomotiv de Yaroslavl, leur médaille d'or, ils l'ont gagné mardi face au Canada.

Beaulieu n'est pas paresseux

La cible de plusieurs commentaires critiques sur Twitter au terme de la défaite du Canada, l'espoir du Canadien de Montréal Nathan Beaulieu ne mérite pas ce traitement.

Le défenseur a peut-être arrêté de patiner sur une pénalité à retardement qui a mené au but vainqueur de la Russie, il ne faut pas lui jeter la pierre. Son équipe tirait alors de l'arrière par cinq buts et il était simplement dans le même état d'esprit que le reste de ses coéquipiers.

De plus, en tant que septième défenseur de la formation, Beaulieu n'est utilisé que sporadiquement depuis le début du tournoi. Une réalité qu'il ne vit pas souvent, lui qui est employé plus de 20 minutes par match avec les Ses Dogs de Saint-John dans la LHJMQ.

Malgré la défaite, le match s'est terminé sur une note un peu plus positive pour un autre espoir du Tricolore, Brendan Gallagher. Véritable bougie d'allumage de la remontée canadienne, le petit attaquant nous a montré le genre de joueur qu'il est.

Intense, déterminé et pourvu de beaucoup de caractère, Gallagher a foncé sur le filet russe et a insufflé un deuxième souffle à son équipe en troisième période.

Visentin mérite un départ

Autant Wedgewood méritait sa chance face aux Russes, autant Visentin devrait obtenir un départ contre la Finlande. Appelé en relève mardi, Visentin n'est pas à pointer du doigt dans la défaite. Il s'est amené dans la rencontre alors que son coéquipier avait déjà cédé à quatre reprises.

Visentin ne pourra jamais effacer de sa mémoire le souvenir de la débâcle de 2011 à Buffalo, face à ces mêmes Russes. Il mérite cependant l'opportunité de mener le Canada à une autre médaille.

*Propos recueillis par Mikaël Filion