Une saison d’apprentissage pour André Tourigny avec les 67's d'Ottawa
LCH - Ligue de l'Ontario vendredi, 26 janv. 2018. 16:25 samedi, 14 déc. 2024. 18:49MONTRÉAL – André Tourigny partait avec deux prises contre lui quand il est arrivé à la barre des 67’s d’Ottawa.
Quand son embauche a été annoncée, en juin, les autres équipes de la Ligue junior de l’Ontario avaient déjà fait approuver leur prochain calendrier de matchs hors-concours. À court d’options, Tourigny n’a pu réserver que deux dates pour roder un groupe qu’il ne connaissait alors qu’en surface. C’est sous un ciel gris que l’autobus de l’équipe s’est stationné à Barrie pour le premier match de la saison.
« Nouveau système, nouveaux entraîneurs, nouvelle structure. On n’avait pas d’expérience ensemble. Tout le monde, des joueurs aux membres de la direction, savait qu’on n’était pas nécessairement prêts à affronter la tornade », se remémore clairement Tourigny.
Il a venté fort ce soir-là. Les 67’s ont été emportés dans l’œil de la tempête et en sont ressortis complètement rincés. Pointage final : 11-2.
« On savait que ça serait tough pour commencer, mais on ne pensait pas que ça serait tough de même », admet aujourd’hui l’entraîneur.
Dans quel bourbier Tourigny était-il allé s’enfoncer? Quelques mois plus tôt, il était aux commandes d’une équipe bourrée de talent, programmée pour plusieurs années de succès. Sur la plus récente liste de la Centrale de recrutement de la Ligue nationale, parue cette semaine, trois de ses anciens joueurs apparaissent parmi les 18 espoirs les plus prometteurs en Amérique du Nord. Dans un an, ce trio enviable pourrait évoluer au sein de l’équipe hôtesse du tournoi de la Coupe Memorial.
Mais Tourigny n’a jamais bronché parce qu’il savait que sa décision de quitter les Mooseheads de Halifax pour retourner à Ottawa, où il avait établi sa famille lorsqu’il avait été embauché à titre d’adjoint à Dave Cameron avec les Sénateurs, était motivée par les bonnes raisons.
Vingt-quatre heures après avoir été piétinés à Barrie, les 67’s ont décroché leur première victoire de la saison à Mississauga et au retour à la maison, Tourigny était attendu à la maison par sa femme et ses trois enfants. La façon dont son équipe avait su rebondir l’avait apaisé, mais elle était là, sa vraie récompense. C’est pour eux qu’il était revenu.
« Vivre loin de sa famille, tout le monde pense pouvoir le faire, mais c’est seulement quand tu fais le saut que tu peux savoir si tu es fait pour ça. Le projet des Mooseheads m’emballait, mais ce n’était pas quelque chose que je voulais vivre. Un beau jour, tu te réveilles et tu te dis ‘J’ai manqué tout ce temps avec ma famille’ ou ‘J’ai manqué la chance d’aller à la Coupe Memorial’. Moi, je sais que je vais vivre pas mal mieux avec moi-même si je choisis ma famille. »
Les mêmes valeurs à l’aréna
Un bon ménage s’imposait chez les 67’s. Jeff Brown, qui avait donné sa démission après trois saisons passées derrière le banc, n’avait pas laissé que de bons souvenirs derrière lui. Dès son arrivée, Tourigny a senti dans toutes les couches de l’organisation un fort désir de changement.
« Nos objectifs sont surtout à moyen et long termes, explique celui qui a longtemps été reconnu comme le visage des Huskies de Rouyn-Noranda. Ce qu’on veut, c’est bâtir une culture solide, mettre en place un programme où les études sont en ordre, où l’entraînement hors glace est en ordre. On veut devenir une organisation où tout le monde est bien traité, où les joueurs veulent venir jouer. Être solide de A à Z. Il y avait beaucoup de choses qu’on devait changer et on est très heureux jusqu’à maintenant. On est sur la bonne voie. On ne veut plus parler de ce qui est arrivé dans le passé. »
Dans l’effectif des 67’s présenté sur le site Internet de l’OHL, le nom de onze joueurs est précédé d’un astérisque, la distinction utilisée pour identifier les recrues. Tourigny, qui a attiré avec lui son vieux complice Mario Duhamel, n’a pas hérité d’un groupe à maturité. Sa brigade défensive est talentueuse, mais compte quatre joueurs de 17 ans et un autre de 16 ans. Chez les attaquants, rien pour faire déplacer les foules. Si l’avenir est prometteur, le présent est imprévisible.
Au mois d’octobre, par exemple, les 67’s ont joué six fois en prolongation dans un intervalle de deux semaines. Ils ont gagné à chaque fois.
« Je me réjouis de la réceptivité et du désir de progresser de nos jeunes. Les gars sont obligés d’aller à l’école et on exige un entraînement hors glace à tous les jours, ce qui n’était pas le cas l’an passé. L’horaire est beaucoup plus exigeant, mais jamais on a senti que les gars étaient réfractaires, qu’ils n’étaient pas enthousiastes. Et c’est la même chose sur la glace. Depuis le début de l’année, on amène des choses nouvelles et les joueurs sont toujours ouverts à les essayer. Ils démontrent beaucoup de persévérance, ils n’abandonnent jamais et ça s’est reflété dans nos résultats quand on a gagné tous ces matchs en prolongation. Les gars ne paniquaient jamais, ils étaient résilients. C’est sûr qu’il y a certains soirs où on a été chanceux. Certains de ces matchs n’auraient même pas dû se rendre en prolongation, mais ça a donné le ton à notre saison. »
« On n’est pas sortis de l’auberge »
La suite n’a pas été aussi rose. Depuis le 18 novembre, Ottawa n’a gagné que sept de ses 24 matchs.
« Je pense qu’il y a eu le retour du balancier, reconnaît Tourigny. Je me souviens d’un week-end où on a gagné deux matchs sur trois même si on a marqué seulement trois buts. Au mois de décembre, la chance a changé de côté. Au lieu de trouver une façon de gagner, on trouvait une façon de perdre. L’âge de notre équipe a peut-être paru un peu plus, ce qui est tout à fait normal. »
Fin janvier, l’équipe d’André Tourigny travaille fort pour garder la tête hors de l’eau. Sa fiche de 19-21-3-2 la place au 15e rang du classement général. Le jour de son entretien avec RDS, le coach préparait son équipe pour une séquence de trois matchs en trois jours. C’est une pratique qu’il a peu connue dans la LHJMQ mais qui est plus commune dans l’OHL, où on tient à réduire au maximum les matchs en semaine.
Il s’agit de l’une des nombreuses petites différences auxquelles Tourigny a dû s’ajuster en quittant une ligue qu’il connaissait par cœur pour écouter le sien. Pour lui comme pour ses joueurs, la saison actuelle en est une d’apprentissage.
« Je me demandais combien de temps ça me prendrait pour m’habituer à la ligue, autant géographiquement que tactiquement. Je ne peux pas dire que je suis familier, mais je commence à comprendre. Pour ça, je suis content. Mais on n’est pas sortis de l’auberge. Si on veut faire les séries, il nous faudra vraiment une bonne deuxième moitié de saison. »