La saison n'est peut-être vieille que de deux matchs, mais j'ai déjà l'impression d'avoir vécu beaucoup d'émotions.

J'ai, entre autres, eu la chance d'être un témoin privilégié du retour des Jets à Winnipeg, dimanche. Le bien-fondé de ce retour, nous y avons assisté à la toute fin de la rencontre. Malgré avoir vu leurs nouveaux ambassadeurs jouer de façon désorganisée, les menant à une cuisante défaite devant une équipe amochée, les partisans manitobains se sont levés d'un trait pour la dernière minute de cette grande première. Ils sont demeurés debout jusqu'à ce que la surface glacée soit libérée par les joueurs des deux formations.

Je sais très bien que les participants ont sorti leur « cassette » devant les membres des médias suite à la partie, qu'ils n'avaient pas le choix de parler de moments inoubliables. Je sais aussi qu'une fois la lune de miel terminée, les fans des nouveaux Jets ne célébreront plus les défaites de 5 à 1.

S'il est vrai qu'en 2011, à l'aube d'une nouvelle convention collective dans la LNH, on mesure le succès d'une franchise à coup de dollars, il est aussi vrai que, pour les compétiteurs, le plaisir d'évoluer dans une ville passe par l'intérêt que l'on démontre envers ses performances. Il m'appert aussi important de noter qu'il sera beaucoup plus facile pour l'association des joueurs d'accepter de verser une partie des revenus vers une concession évoluant dans un petit marché, mais qui rempli ses gradins que d'engloutir ces sommes dans un puits sans fond à l'amphithéâtre vide dans un état du sud des États-Unis qui ne pleure déjà plus la perte d'une deuxième équipe de la LNH.

Et une fois cette nouvelle entente de travail ratifiée, une fois ce contrat signé entre l'équipe et le joueur, une fois les patins bien lacés, ce que l'athlète recherche avant tout, c'est le meilleur environnement pour laisser son talent parler. La meilleure ambiance pour oublier les trois matchs en quatre soirs après des milliers de kilomètres parcourus et donner ce petit effort supplémentaire pour aller chercher la victoire. Ce qu'il recherche c'est un public qui partage sa passion et qui, parfois, lui rappellera qu'il évolue sur la plus grande scène du monde.

La saison sera difficile pour les Jets : jeunesse et entêtement, division sud-est, voyageaget et décalage horaire, lourd historique des Thrashers avec lequel composer. Néanmoins, à la lumière du match inaugural, ce n'est peut-être pas au classement, mais bien grâce à cette flamme réanimée que Winnipeg sera couronnée.

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Je respecte Brendan Shanahan. Nous avons été coéquipiers en 2006 au sein de l'équipe nationale canadienne au Championnat mondial en Lettonie. J'ai assisté, en compagnie de quelques collègues, à une de ses présentations à Toronto la semaine dernière afin qu'il nous explique ses nouvelles tâches. J'ai compris que bien qu'il puisse agir de son propre chef lors de l'attribution des suspensions, son pouvoir lui est attribué par les propriétaires et leurs gouverneurs.

Si le maintien de la suspension à Pierre-Marc Bouchard en appel par Gary Bettman est un signe, Shanahan bénéficie pour l'instant d'un appui inconditionnel. Je souhaite de tout cœur qu'il parvienne à protéger les joueurs en leur inculquant une nouvelle façon de penser tout en préservant le côté robuste et physique qui caractérise le sport. Je souhaite surtout qu'il y parvienne avant qu'un gouverneur influent ne se sente lésé et que cet appui ne soit plus le même.