MONTRÉAL - Suspendu la veille pour une période indéterminée, Sandro Grande attendait toujours des nouvelles de la direction de l'Impact de Montréal, mardi.

Le vétéran milieu de terrain ne s'est pas entraîné avec ses coéquipiers, mardi matin, au parc Louis-Riel, et il ne les a pas accompagnés à Rochester en vue du match de mercredi contre les Rhinos. Il n'en savait toujours pas plus sur la nature des sanctions à venir dans son cas, mardi, quand La Presse Canadienne l'a contacté en début de soirée.

Avant de statuer sur son sort, le directeur technique de l'Impact, Nick De Santis, désirait en discuter plus longuement avec le président, Joey Saputo, et le vice-président, Richard Legendre.

"Je suis suspendu, mais je ne sais pour combien de temps, alors je vais attendre de voir ce qui va arriver, a indiqué Grande. Je crois qu'ils attendent que Joey Saputo revienne de vacances, mais je ne sais pas. J'ai parlé à Marc (Dos Santos, l'entraîneur) et il n'en savait pas plus"."

Suspendu pour un match par le club plus tôt cette saison, il est possible que Grande écope d'une sanction plus sévère cette fois. Samedi, dans un match à l'étranger contre le Thunder du Minnesota, il a saisi à la gorge Mauro Biello, qui venait de lui reprocher un jeu raté. Les deux hommes ont dit avoir rapidement enterré la hache de guerre et Biello a même déclaré, lundi, qu'il ne souhaitait aucune représaille contre Grande. Mais le club a quand même imposé une sanction, tard lundi soir.

"Nous sommes des amis, comme des frères, et nous portons tous deux la cause de l'Impact dans notre coeur", a répété Grande, mardi.

Ni Dos Santos, ni Biello, ni les autres joueurs de l'équipe n'étaient disponibles pour commenter autre chose que le match à venir contre Rochester, mardi matin, à l'entraînement. Seul De Santis avait le mandat de répondre aux questions sur l'incident du week-end.

Au téléphone, mardi, Grande semblait calme et il parlait toujours comme un membre à part entière de l'équipe.

"J'espère qu'ils vont pulvériser Rochester (mercredi), a-t-il lancé. Je n'aime pas ça, comme c'est arrivé récemment là-bas, quand des partisans des Rhinos attachent des grenouilles à des bâtons pour nous narguer. Les joueurs étrangers (de l'Impact) ne comprennent peut-être pas ça, ça ne les dérange peut-être pas, mais moi, je suis Québécois, je suis Montréalais et je considère que ces choses-là sont inadmissibles. Je prends ces choses-là vraiment à coeur et c'est pourquoi j'espère que nous allons les battre à plate couture."

Accrochage Grande-Limniatis

Et c'est d'ailleurs parce qu'il prend les choses à coeur que Grande a été suspendu une première fois, plus tôt cette saison.

À ce moment-là, le club s'était limité à dire que le vétéran milieu avait dérogé à une règle d'équipe.

L'athlète de 31 ans a toutefois confirmé les dires de John Limniatis, l'ancien entraîneur de l'Impact, selon lequel sa suspension de début de saison découle d'un échange verbal houleux entre lui et l'ex-coach du onze montréalais qui serait survenu pendant un match à Porto Rico, le 2 mai dernier.

"On venait d'égaler le score à 2-2 et je voulais absolument aller sur le terrain, et je lui ai fait savoir", a expliqué Grande.

Limniatis a effectivement envoyé son milieu sur le terrain à la 78e minute de jeu, deux minutes après le but de Joey Gjertsen. Les Islanders l'ont toutefois emporté 3-2 après avoir marqué à la 81e. Et Grande a éventuellement été suspendu.

"Dois-je être content de rester sur le banc? a lancé Grande. Il me semble que c'est normal qu'un joueur veuille jouer, c'est ça le soccer.

"Sans passion, je ne deviens qu'un joueur parmi d'autres", a ajouté le milieu, qui est effectivement un des bons joueurs du circuit quand il est à son meilleur.

Fatigue accumulée

Selon Grande, si l'Impact connaît des difficultés cette saison, c'est surtout à cause de la fatigue engendrée par un calendrier trop chargé. Etant donné que l'équipe s'est rendue jusqu'en quarts de finale de la Ligue des champions de la CONCACAF, cet hiver, les joueurs ont dû s'entraîner pendant plusieurs mois durant la saison morte de la USL. Puis, quand la saison du circuit nord-américain a repris, ils n'avaient pas encore vraiment récupéré.

"C'est surtout sur le plan mental que c'est dur. On aurait besoin de quelques semaines en ce moment pour oublier le soccer et se recharger les piles, mais on ne peut pas parce qu'on est en pleine saison", a souligné Grande.

Aussi, cela fait plusieurs semaines qu'il n'y a pas eu de véritable entraînement pour travailler la forme physique et la tactique, parce l'équipe joue à tous les trois jours, a-t-il poursuivi.

"Pourtant, quand on a joué contre la Syrie, contre Haïti, on avait de l'énergie. Mais ce n'est pas constant à tous les matchs.

"Mon frère a trouvé une bonne formule pour décrire notre situation quand il m'a dit, l'autre jour, que s'il avait à choisir qui serait le joueur le plus utile dans l'équipe jusqu'ici cette année, il aurait de la difficulté à trouver un seul bon candidat. Et c'est vrai d'une certaine manière, il n'y a personne qui se distingue. On a de la misère à retrouver ce petit quelque chose de plus."