Pendant que plus de 11 000 spectateurs assistaient mardi soir à la fin d'un chapitre de l'histoire du tennis canadien sur le court central, près de 4000 autres ont peut-être vu sous leurs yeux la genèse d'un nouveau au court Banque Nationale.

Alors que tous les yeux étaient rivés sur Frédéric Niemeyer, qui disputait son dernier duel en carrière à la Coupe Rogers contre Roger Federer, Milos Raonic a frappé l'imaginaire en livrant une bataille épique à l'un des meilleurs joueurs au monde.

Roanic, un Ontarien né au Monténégro, a en effet tenu tête au finaliste du dernier tournoi olympique, le Chilien Fernando Gonzalez, pendant plus de deux heures 15 minutes avant de finalement s'avouer vaincu en trois manches.

Un exploit phénoménal, puisqu'il s'agissait du tout premier match de Roanic sur le circuit de l'ATP, lui qui avait obtenu sa place dans le tableau principal après avoir disposé de deux adversaires d'expérience en qualifications.

Même si le public montréalais est tombé sous son charme en raison de son intensité et de sa puissance - il a réussi 20 as contre Gonzalez -, Roanic n'entend pas s'asseoir sur ses lauriers pour autant, car il sait très bien qu'il a encore énormément de travail à faire.

« Ma carrière a vraiment pris son envol ce soir », a avoué l'athlète âgé de 18 ans après sa défaite. « J'ai compris que je n'étais pas très loin de mon objectif, c'est extrêmement motivant. »

« Mais en même temps, je sais très bien que je dois encore disputer plusieurs tournois Futures et Challengers afin de me tailler une place chez les grands. »

Celui qui pointe au 679e rang mondial, mais qui gagnera plusieurs places lors de la mise à jour du classement lundi, en n'était pas à son premier coup d'éclat en sol montréalais. Il s'était en effet illustré en mars plus tôt cette année en remportant le tournoi de la série Futures présenté au Stade Uniprix. Raonic n'avait concédé qu'une seule manche en cinq affrontements après avoir obtenu sa place dans le tableau principal à la suite d'une invitation.

Son développement a cependant été grandement ralenti par la suite, puisqu'une blessure subie à une main l'a contraint à l'inactivité pendant 11 semaines, une éternité pour un jeune athlète pour qui chaque match, chaque manche et même chaque jeu influencent sa progression.

« Lorsque je suis revenu au jeu par la suite pour la saison sur terre battue, qui n'est pas ma surface préférée, le mental n'y était pas », a confié Roanic. « Mais de battre Michael Llodra en qualifications, puis de livrer une chaude lutte à Gonzalez, cela me confirme que le meilleur reste à venir. »

Et pour bien gérer la suite de sa carrière, il sait qu'il pourra toujours compter sur l'aide de son compatriote Niemeyer, avec qui Raonic s'est lié d'amitié depuis plus de deux ans.

« Nous nous sommes rencontrés pendant un tournoi de la série Futures et il a décidé de me prendre sous son aile », a expliqué Raonic. « Je m'entraîne maintenant à temps plein à Montréal et ce n'est pas rare qu'il me rende visite. »

« Même s'il a décidé de prendre sa retraite, je suis convaincu qu'il devrait rester dans le monde du tennis. Il a beaucoup à offrir et peut aider n'importe qui, partout dans le monde. »

Raonic ne parviendra peut-être jamais à faire sa marque sur le circuit de l'ATP, mais à l'heure actuelle, il est possible d'affirmer sans avoir peur de se tromper, qu'il possède tous les outils pour y parvenir, car il est né sous une bonne étoile.