RIO DE JANEIRO, Brésil - La dernière mésaventure au Village olympique de Rio, il fallait que ça tombe sur eux « Aussies »: en une semaine, le séjour de la délégation australienne a tourné à la télénovela des infortunes, révélant les insuffisances de l'organisation.

Série tropicale en quatre épisodes, avec dans les rôles titres: Kitty Chiller (chef de la délégation australienne), Eduardo Paes (maire de Rio) et Carlos Nuzman (président de Rio2016, le comité d'organisation).

Épisode 1: De l'eau dans le gaz

Alors que le Village olympique est officiellement inauguré le 24 juillet, les Australiens le boycottent d'emblée car il « n'est tout simplement pas sûr et pas prêt » et l'expliquent dans un communiqué au vitriol.

« Pas sûr », car « de l'eau coulait du plafond et faisait des flaques près de câbles et de fils », et lors d'un test, « de l'eau a coulé le long des murs, il y avait une forte odeur de gaz dans certains appartements et un court-circuit électrique »... .

« Pas prêt », car avec des « toilettes bloquées », « des escaliers dans le noir sans installation d'éclairage » et « une grande saleté » générale.

La moitié des 31 bâtiments du Village connaissent des problèmes de plomberie, et il faudra le recours en urgence de plus de 600 ouvriers pendant plusieurs jours pour tout régler.

Carlos Nuzman minimise, en parlant d'« ajustements internes et mineurs ».

Épisode 2: « La polémique du kangourou »

Eduardo Paes, lui, relativise à sa manière, avec humour: « On va leur mettre un kangourou devant leur immeuble pour que les Australiens se sentent à l'aise ».

« On a besoin de plombiers, pas de kangourous », réplique froidement la délégation concernée, en martelant que l'immeuble est « inhabitable » et que « l'eau et l'électricité ne font pas bon ménage ».

La presse australienne s'émeut, la situation se tend et les réseaux sociaux et caricaturistes s'en donnent à coeur-joie.

Mercredi, Chiller et Paes font la paix en s'échangeant bise et cadeaux.

Le maire rebondira vendredi sur sa boutade du kangourou en changeant son fusil d'épaule, avec cette fois Rio 2016 dans le viseur, en l'accusant de « problème gravissime de gestion ».

Selon plusieurs médias brésiliens, les déprédations dans le Village auraient été causées par des ouvriers mécontents des retards de leurs paiements salariaux.

Nuzman ne répond pas à Paes.

Épisode 3: Feu!

Vendredi après-midi, un incendie se déclare au sous-sol de l'immeuble, rapidement maîtrisé par les pompiers. Une centaine d'Australiens l'évacuent pendant une demi-heure, sans blessé.

« Il y avait de la fumée dans les deux premiers étages », raconte Chiller. « Nous pensons qu'une cigarette a été jetée dans les gravats. Il y a beaucoup de gravats au sous-sol, et beaucoup d'ouvriers et d'employés qui fument, et c'est un gros problème pour moi, car le Village olympique est un site non fumeur ».

Selon la chef de la délégation australienne, « les alarmes d'incendie étaient apparemment inactives dans notre bâtiment. Il est inquiétant que le système ait été éteint et qu'on ne nous en ait pas informés ».

Ce vendredi soir, Rio2016 précise que le feu a pris sur « deux morceaux de carton » et que « l'incident fait l'objet d'une enquête ».

Épisode 4: Petits larcins

Pendant l'incendie, des objets ont disparu! « Un ordinateur portable a été volé à un de nos responsables du cyclisme au cinquième étage », déplore Chiller dimanche.

Et elle raconte une scène étrange: « Quand je suis arrivée, au milieu de l'évacuation, j'ai vu trois pompiers - je ne sais pas qui c'était - s'en allant avec des maillots de l'équipe (australienne). J'ai pensé qu'ils avaient aidé à évacuer des gens et qu'on leur avait donné un maillot. Cela ne semble pas s'être passé ainsi. Nous ignorons combien de maillots ont été subtilisés et, en effet, c'est embêtant ».

Elle a salué le renforcement de la sécurité par rapport à la semaine précédente, et relativisé: avec les milliers d'habitants du Village, « les vols seront inévitables ».

Le comité d'organisation a été sollicité par l'AFP lundi. Mais Rio 2016 ne répond plus.