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RÉSULTATS

Boycotter les JO? Le dilemme des Ukrainiens

Une bannière installée à Lviv en Ukraine incitant à boycotter le sport russe. Une bannière installée à Lviv en Ukraine incitant à boycotter le sport russe. - Getty
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PARIS, France - Affronter Russes et Bélarusses en compétition les révulse, mais ils expriment leur frustration à l'idée d'être privés de Jeux si Kiev décidait de les boycotter : les sportifs ukrainiens s'entraînent sans savoir s'ils seront de la fête olympique dans un an à Paris. 

Les combats se poursuivent en Ukraine, sans cessez-le-feu à l'horizon. Et à un an, jour pour jour, du lancement des JO 2024, nul ne sait si et quand le Comité international olympique (CIO) autorisera les sportifs russes et bélarusses à participer aux épreuves sous bannière neutre. 

Côté Ukraine, la position reste officiellement « très claire » : « La Russie n'a pas sa place dans le sport international tant que la guerre durera », a rappelé mardi le ministre des sports ukrainien Vadym Goutzaït dans un entretien au journal Le Monde. Mais Kiev maintient le flou et n'a « pas encore pris de décision », selon le ministre, sur un éventuel boycott en cas de participation des Russes.

Mercredi, aux Mondiaux d'escrime à Milan, l'épéiste Igor Reizlin est resté dans cette ligne, déclarant forfait contre le Russe désigné comme adversaire par tirage au sort.    

Depuis l'invasion du pays en février 2022, 326 sportifs, entraîneurs et travailleurs du milieu sont morts sur le front, tandis que 343 installations sportives ont été détruites en Ukraine, a énuméré Vadym Goutzaït. N'étant plus en mesure de s'entraîner correctement, les sportifs ukrainiens sont souvent partis à l'étranger. 

Dmytro Kovalchuk, coureur de 800 mètres, lui, s'en est sorti gravement blessé à l'épaule. Mais ses minces espoirs de représenter son pays à Paris ont vite été balayés.

« Pour moi, les Jeux olympiques ont pour but celui de rassembler. Mais comment le faire avec ces lanceurs de roquettes, qui bombardent nos maisons, nos infrastructures, et tuent des gens? », déplore l'athlète auprès de l'AFP.

Ultimatum

Olha Saladukha, ex-championne du monde ukrainienne de triple saut (2011) devenue parlementaire, craint, le cas échéant, qu'un ultimatum « difficile » soit imposé aux Ukrainiens. Celui de « boycotter les Jeux ou serrer la main de ceux qui ont du sang ukrainien sur leurs mains », résume-t-elle à l'AFP.

La députée de 40 ans estime que cette décision ne devrait intervenir qu'en « dernier recours ». Une solution, selon elle, serait que les athlètes russes et bélarusses « condamnent la guerre de Poutine » par déclaration écrite, et forment par la suite une équipe de réfugiés.

Après avoir banni en février 2022 la Russie et le Bélarus du sport mondial, le CIO a recommandé aux fédérations internationales de réintégrer leurs athlètes à condition qu'ils n'aient pas « activement soutenu » la guerre, qu'ils n'appartiennent pas à des clubs représentant les forces de sécurité, et qu'ils concourent sous drapeau neutre. Quelques unes, comme l'escrime, ont suivi cette recommandation. 

En tennis, où Russes et Bélarusses participent au circuit, les Ukrainiens refusent de leur serrer la main en fin de rencontre, mais la joueuse ukrainienne Lesia Tsurenko soulignait en juin l'importance de les battre sur « tous les terrains ». 

Et de critiquer cette perspective de boycott : « Cela n'aurait aucun sens pour les sportifs ukrainiens d'abandonner. Quelle image renverrait-on? », avait-elle questionné en amont du tournoi de Roland-Garros à Paris.

« Défendre notre pays »

Un avis partagé par certains compatriotes : « Nous devrions prendre exemple sur notre armée, défendre notre pays du mieux que nous pouvons », suggère pour sa part Maryna Bekh-Romanchuk, vice-championne du monde de saut en hauteur en 2019.

De son côté, Anna Ryzhykova, triple médaillée d'Europe en 400 mètres haies, tranche : « J'espère que nous irons aux Jeux olympiques et que les Russes et les Bélarusses ne seront pas autorisés à y participer », comme c'est toujours le cas dans les compétitions internationales d'athlétisme.

Quoi qu'il en soit, tous reprochent au président du CIO Thomas Bach sa mansuétude. Ces derniers mois, celui-ci a notamment prôné la « non discrimination » envers les sportifs russes et bélarusses, dont l'exclusion, justifiée par un passeport, constituerait une « violation de leurs droits ».

« La communauté sportive a beau crier haut et fort que les Russes n'ont pas leur place aux Jeux olympiques, j'ai l'impression que Thomas Bach n'a que faire de l'opinion de la majorité! », regrette Anna Ryzhykova.

« Il semble davantage préoccupé par le fait que les Russes ont perdu le droit de participer à des compétitions, que par le fait que les Ukrainiens perdent, eux, non seulement le droit de faire du sport, mais aussi celui de vivre. »