MONTRÉAL - L'ancien chef de mission et ex-olympien Jean-Luc Brassard s'est montré très critique, dimanche, à l'égard du jugement du Comité international olympique (CIO) de confier aux fédérations de chaque sport le mandat de décider si les athlètes russes pourront participer aux Jeux olympiques de Rio.

« À 12 jours de l'ouverture des Jeux, le CIO donne la patate chaude aux fédérations qui n'ont peut-être pas toutes les données pour faire le ménage qui doit être fait. Et là ils vont dire, mais qu'est-ce qu'on fait avec ça?, s'est questionné Brassard en entrevue avec La Presse canadienne. Autrement dit, il n'y a rien qui change. On a volontairement rien voulu faire. Je trouve que l'olympisme ne se porte pas tellement bien ces temps-ci. »

Le CIO a choisi de ne pas bannir complètement les athlètes russes des Jeux de Rio après qu'un rapport dévastateur eut démontré un système de dopage étatisé dans le pays. Brassard, qui a décroché la médaille d'or en ski acrobatique aux Jeux de Lillehammer en 1994, a remis en question l'intégrité de certaines fédérations et leur capacité à prendre une décision réellement éclairée.

« Quand on regarde certaines fédérations, qui par le passé ont fermé les yeux volontairement sur le dopage, on est à se demander si elles sont vraiment en état de faire le mégage, a-t-il lancé. Est-ce que le CIO ne s'est pas simplement débarrassé d'une patate chaude? »

La vedette canadienne de hockey féminin, Hayley Wickenheiser, croit elle aussi que le CIO a raté l'occasion d'envoyer un message clair contre la corruption dans le sport. Celle qui a participé aux Jeux olympiques à six occasions et qui est membre de la Commission des athlètes du CIO a exprimé sa déception sur son compte Twitter.

« Nous avons raté l'occasion d'honorer les athlètes propres du monde et d'envoyer le message clair que la corruption, la tricherie et la manipulation du sport ne sera pas tolérée », a écrit Wickenheiser.

« Nous avons répondu à un rugissement avec un miaulement, a-t-elle poursuivi. Si nous n'avions pas fait face à la Russie, je me demande si la décision aurait été plus facile. Je crois que la réponse est oui. »

L'Agence mondiale antidopage avait demandé une interdiction complète pour tous les athlètes russes après que l'enquêteur Richard McLaren eut publié son rapport, lundi. Le président du CIO Thomas Bach a défendu sa décision en insistant pour dire que les athlètes propres ne devraient pas être punis, mais plusieurs croient que la voie empruntée ne représente pas la solution.

« Est-ce que Bach a passé la balle? Il n'y a clairement aucune décision facile ici, mais il n'y a toujours pas de résolution », a quant à lui écrit le kayakiste Adam van Koeverden, qui a remporté l'or en 2004, sur Twitter.

La double championne olympique en patinage de vitesse, Catriona Le May Doan, a aussi critiqué le choix du CIO, mais a dit espérer que la controverse du dopage serait éclipsée par les prestations athlétiques.

« Décision décevante du CIO. Toutefois, laissons athlètes propres et les sports continuer de démontrer que le sport sans dopage aura le dessus », a-t-elle publié sur Twitter.